[DOSSIER] Nickel : des premiers signes négatifs

Le cours du nickel a dégringolé fin mars avant de remonter lentement. Signe d’une fébrilité sur le marché. Photo : archives Y.M.

Le marché du nickel a été tout de suite confronté à une baisse de la valeur du métal ainsi que du dollar US, la monnaie d’échange.

L’impact est immédiat. La perspective de la hausse des droits de douane décidée par le président des États- Unis, Donald Trump, a secoué les marchés et généré une chute du cours du nickel. Établie à 16 000 dollars US la tonne fin mars, la valeur du métal au LME, London Metal Exchange, Bourse historique de référence, a glissé sous la barre des 14 000 dollars le 9 avril. Avant de remonter progressivement à 15 500 dollars. « Une grande bouffée d’air » pour ces productions de base, « après un énième revirement du président américain, Donald Trump, qui a finalement décidé de suspendre pour trois mois les droits de douane réciproques qui devaient entrer en vigueur », indique la revue La Tribune des métaux.

Les sociétés calédoniennes du secteur ont toutefois subi un second effet négatif avec la baisse du dollar sous le coup de la politique trumpiste : une chute de plus de 10 % par rapport aux principales devises. Or le billet vert est la monnaie d’échange du nickel. Le chiffre d’affaires de ces mineurs et métallurgistes s’est donc mécaniquement contracté. Les premières répercussions du programme brandi par la Maison-Blanche sur le marché du métal ne sont « pas très bonnes, mais pas catastrophiques », observe un cadre en Nouvelle-Calédonie. Voilà pour la tendance actuelle.

TRUMP ENQUÊTE

La projection sur le moyen terme est, en revanche, beaucoup plus compliquée. « Nous n’avons pas de visibilité sur les consommations finales de nickel », ajoute ce spécialiste. La demande de métal peut-elle être affectée par la politique commerciale brutale de Donald Trump ? L’industrie de l’acier inoxydable représente le principal débouché du nickel. Quelle sera, en outre, la réaction du marché des voitures électriques dont les batteries sont composées d’« or vert » ? La Chine, fortement ciblée par l’envolée des droits de douane américains, est un poids lourd dans ce secteur des automobiles nouvelle génération.

D’après les relevés de l’Institut de la statistique et des études économiques (Isee), si aucun gramme de minerai calédonien n’a filé vers les États-Unis en 2024, 2 000 tonnes de nickel métal sur les près de 56 000 ont rejoint l’« Amérique ».

Le 15 avril, selon le journal économique Les Échos, Donald Trump a ordonné une étude qui « devra évaluer les vulnérabilités des États-Unis en ce qui concerne le traitement de tous les minéraux essentiels, y compris le cobalt, le nickel, l’uranium et 17 terres rares ». Le journaliste s’interroge : « Une nouvelle enquête préfigurant de nouveaux droits de douane ? » Les États-Unis n’ont, en fait, qu’une seule mine de nickel, « mais pas de fonderie pour celui-ci ». Oncle Sam est donc dépendant « des pays étrangers pour leurs approvisionnements en minerais critiques », écrit le média La Tribune.

Mauvaise nouvelle dans ce contexte de surabondance de l’offre, mais aussi de risques exacerbés par la politique trumpiste, des analystes ont abaissé leur prévision de prix du nickel cette année, en passant d’une moyenne de 17 000 dollars à 15 000 dollars US la tonne.

Y.M.