[DOSSIER] Mangroves et récifs, des protections naturelles à préserver

Maxime Duphil, doctorant à l’IRD, dédie sa thèse au rôle protecteur des écosystèmes côtiers. Il se penche sur leur action contre les vagues et le risque de submersion marine lié à des phénomènes climatiques extrêmes.

Une raison de plus de protéger les mangroves et les récifs coralliens calédoniens. Dans sa thèse, Maxime Duphil souligne le rôle protecteur de ces deux écosystèmes côtiers. Le doctorant en deuxième année, affilié au laboratoire Entropie de l’Institut de recherche pour le développement (IRD), s’intéresse aux risques de submersion provoqués par une forte houle, un cyclone ou un tsunami.

Dans le jargon, les deux espaces qu’il étudie sont appelés des zones tampons naturelles. « Ce sont des zones qui nous protègent. Nous avons la chance d’avoir ces écosystèmes en bonne santé, sans même aborder les autres services qu’elles rendent. Préservons-les », insiste-t-il.

« PLUS EFFICACE QU’UN MUR »

Les forêts de palétuviers et la barrière de corail sont des protections naturelles qui peuvent atténuer les élévations anormales du niveau de l’eau, lors de ces phénomènes climatiques, extrêmes ou saisonniers. « Un cyclone engendre une modification du niveau marin causée par l’effet du vent, des vagues et de la pression atmosphérique, explique Maxime Duphil. La houle de Sud-Ouest génère également des mouvements verticaux significatifs dans le lagon. »

La thèse de Maxime Duphil se concentre sur le récif de Poé et une mangrove de Touho. / IRD, IFREMER

Or, plusieurs études démontrent que les récifs réduisent jusqu’à 84 % de la hauteur et jusqu’à 97 % de l’énergie des vagues. « Cela peut être plus efficace qu’un mur », précise Maxime Duphil. Le rôle similaire de la mangrove est connu et reconnu dans le milieu scientifique. « En Asie du Sud-Est, ils en replantent des kilomètres », poursuit le doctorant. Ce qui est moins évident, c’est à quel degré les petites mangroves du territoire protègent. « Je souhaite répliquer les études existantes sur nos systèmes et quantifier la capacité de la mangrove calédonienne à nous protéger de certains types d’événements. »

DES CAS D’ÉCOLE

Maxime Duphil simule, à l’aide de modèles numériques, les comportements de la mer (marée, courants, vagues, etc.) sur une période donnée. Il mène son étude sur l’îlot Palétuvier en face de l’aérodrome de Touho, via des mesures de terrain, et sur le récif de Poé à partir de données récoltées par l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) en 2019.

À Touho, le doctorant a réalisé ses propres mesures grâce à des instruments mis à l’eau lors du passage de deux dépressions tropicales, d’un tsunami et de phénomènes de houle distante. / IRD, IFREMER

Les deux endroits n’ont pas été choisis au hasard. « Poé est un lagon idéal avec un système assez simple, étroit et peu profond, avec beaucoup d’activités de loisir. À Touho, le village est situé derrière cet îlot de mangrove, unique en Nouvelle-Calédonie », explicite-t-il.

Ses travaux doivent se poursuivre jusqu’en 2024. Ses conclusions pourraient par la suite servir aux politiques de gestion des risques. « Je me suis intéressé à ces terrains pour ça. Il doit y avoir des retombées ». De ces exemples, Maxime Duphil espère en tirer des généralités pour tenter d’anticiper, à l’avenir, les conséquences d’une catastrophe naturelle.

Brice Bacquet

Photo : Maxime Duphil a commencé sa thèse en 2022. / B.B.

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