[DOSSIER] L’influenceur, nouvel outil de communication

La famille Lodier compte plus de 400 000 abonnés sur Tiktok. (© Nikita Hoffmann)

Miss Fortune, la famille Lodier, Laura NC, Shamrocke… Ces noms vous disent peut-être quelque chose. Actifs sur plusieurs réseaux sociaux ‒TikTok, Facebook et Instagram principalement ‒, ils et elles partagent des vidéos ou photos à destination du public calédonien.

Humour, conseils divers, recommandation d’adresses culinaires ou hôtelières… Leur contenu peut être varié. Régulièrement qualifiés d’« influenceurs » par le grand public, ils sont suivis* dans certains cas par plus de 100 000 personnes.

Alors, suffit-il d’avoir un nombre élevé d’abonnés pour être considéré comme un influenceur ? La définition reste floue pour beaucoup. Pas de doute, en revanche, pour les professionnels du secteur : « Aujourd’hui, tout le monde a des réseaux sociaux et partage sa vie. Mais tout le monde n’est pas influenceur. Pour désigner une personne comme telle, il faut qu’il y ait un aspect commercial, c’est-à-dire que la personne se fasse rémunérer pour avoir recommandé un produit », explique Shannon Maboumda, cogérante de l’agence de communication Magenta.

Ainsi, certains préfèrent se qualifier de « créateurs de contenu ». C’est le cas de Julie et Anthony Lodier, connus sous le nom de la famille Lodier sur les réseaux sociaux. « Nous partageons notre vie, notre quotidien, sans aucune valeur commerciale. Par exemple, lorsque je vais partager un DIY [tuto vidéo d’activité manuelle, NDLR] avec mes filles, c’est simplement du partage de quotidien. En revanche, si demain je vais à Kiabi et que je mets en avant leurs produits, là c’est de l’influence car j’incite les gens à aller là-bas pour consommer dans ce magasin. C’est ça la vraie différence », décrivent-ils.

EN ÉVOLUTION

Si le phénomène n’est pas nouveau en Métropole ou dans d’autres pays, en Nouvelle- Calédonie, son apparition ne remonte qu’à « une dizaine d’années ». De plus en plus, certaines entreprises locales font appel à des influenceurs pour promouvoir leurs produits, en complément de la publicité classique.

Et ce nouveau canal semble faire ses preuves. Une seule vidéo réalisée par un influenceur peut contribuer à booster les ventes d’une entreprise. Laura NC ‒ seule influenceuse professionnelle* du territoire ‒ est bien placée pour le savoir. « Il n’y a pas si longtemps, j’ai fait une vidéo de présentation pour un commerce vendant des extensions de cils. Le lendemain de la publication, selon la gérante, il y avait la queue devant son magasin. Elle m’a appelée pour me dire “c’est incroyable, il est 11 heures et je suis déjà obligée de fermer la boutique” », s’amuse l’influenceuse.

Pour autant, ce marché émergent reste en voie de structuration et est soumis à certains freins. De même, étant donné la taille du territoire et son nombre d’habitants, certaines questions se posent quant à son expansion et sa longévité. « Beaucoup d’influenceurs ont en outre quitté le territoire en 2024. Le marché est très changeant », remarque Shannon Maboumda.

*1. Le fait de s’abonner à un influenceur sur les réseaux sociaux afin de voir son contenu.

*2. Qui vit pleinement du domaine de l’influence.

Nikita Hoffmann