[DOSSIER] L’hôtellerie, un secteur en dents de scie

Le Château Royal, comme les autres structures hôtelières de Nouméa, tentent de mettre des solutions en place afin de préserver leur activité. © DR

Quand ils ne sont pas réquisitionnés pour accueillir les forces de l’ordre, les hôtels du territoire observent une chute importante de leur taux d’occupation, qui s’est accentuée cette année.

L’année 2024 s’est terminée sur un bilan mitigé pour le secteur de l’hôtellerie calédonienne. La situation ne semble pas s’être améliorée ces six derniers mois. L’hôtel Beaurivage a enregistré une chute de 30 % de son taux d’occupation. Pourtant positionné à la Baie-des-Citrons, l’établissement pouvait autrefois se vanter de « ratisser large », accueillant à la fois des personnes en déplacement professionnel, quelques touristes ainsi que les Calédoniens de sortie sur les baies.

Début juin, un « étage entier » a dû être fermé. Mais « même avec 17 chambres en moins sur 60, l’établissement est quand même loin d’être complet », explique son directeur, Lancelot Paillotin. Une baisse de fréquentation était déjà constatée avant les émeutes. Mais, « rien de comparable à aujourd’hui ».

Même situation du côté de l’hôtel Le Stanley. De mai 2024 jusqu’à fin janvier 2025, l’établissement a accueilli des équipes de la sécurité civile, ce qui l’a aidé à « maintenir la tête hors de l’eau ». Depuis, sa trésorerie « est en train de se dégrader », avec un taux d’occupation ne « dépassant pas les 40 % », décrit son directeur général, Yannick Gloux-Bauchet.

Quand le tissu économique est à l’arrêt, tout le monde est touché.

La perte du pouvoir d’achat de la population, ajouté aux nombreux départs du territoire est, selon lui, à l’origine de cette situation. « Avec la fin du chômage partiel, chacun revoit ses priorités et je pense que les loisirs et l’hôtellerie sont loin d’en faire partie. »

Du côté du Château Royal, le constat est identique. Alors qu’après le Covid, l’activité « commençait à repartir », les émeutes ont mis un frein à cette relance. L’hôtel a accueilli les forces de l’ordre pendant un temps – de mai jusqu’à novembre 2024 – mais depuis, « l’occupation a chuté ». « Nous sommes un établissement essentiellement destiné aux touristes, la clientèle locale représente un pourcentage très faible, donc nous sommes forcément alignés à l’arrivée de touristes », explique Emanuelle Masson, directrice de l’établissement.

RÉSILIENCE

Afin de sauver les emplois, ces structures hôtelières tentent de mettre des solutions en place. Au Beaurivage, des départs à la retraite n’ont pas été renouvelés. De même, « on a gagné en polyvalence : tout le monde est conscient qu’il faut se serrer la ceinture », explique son directeur.

Le Château Royal va prochainement ouvrir certaines de ses suites aux résidences longue durée*. Une solution pour les personnes souhaitant vivre sur place durant plusieurs mois, tout en bénéficiant d’un service hôtelier, comprenant l’accès au spa, au restaurant, ainsi qu’au bar. L’idée étant de « dégager des ressources pour préserver les emplois et continuer notre activité », précise Emanuelle Masson.

Le Stanley peut compter sur de la sous-traitance, effectuée par d’anciens salariés partis en retraite anticipée. Cela « nous permet de mieux assurer nos frais d’exploitation, en ayant toujours un minimum de personnel, malgré tout. »

INTERDÉPENDANTS

Ceci étant, alors qu’ils espèrent retrouver une certaine fréquentation, les hôtels sont pénalisés par la perte d’activité des autres prestataires touristiques.
« Avant, l’ensemble des acteurs touristiques étaient en place. Aujourd’hui, chacun a ses problématiques, avec des solutions qui ont évolué. Il est moins facile de se déplacer, que ce soit en bus, avec le Betico et Air Calédonie. De même, certaines activités qui étaient autrefois proposées n’existent plus aujourd’hui. Cela fait diminuer l’attractivité du territoire et notre activité », explique Lancelot Paillotin.

La reprise économique est la solution espérée par tous. « Dès lors que les entreprises vont se reconstruire, l’activité va reprendre, assure Yannick Gloux-Bauchet. On vit en complète synergie, donc quand le tissu économique est à l’arrêt, tout le monde est touché. »

Nikita Hoffmann

*Les clients intéressés par les séjours longue durée peuvent envoyer un mail sur l’adresse fom@chateau-royal.nc