[DOSSIER] Le quotidien des associations, toujours plus difficile

Gilles Caprais

Le Poemart, la Maison du Livre et le Chapitô pourraient disparaître à la fin de l’année. Dans le secteur du social, des intervenants comme Solidarité Sida évoquent, eux aussi, de fortes difficultés financières. Le problème n’est pas nouveau : du côté du gouvernement comme des provinces, les subventions ont fortement diminué depuis le milieu des années 2010, depuis que les finances publiques sont sous pression. Du côté des associations, la compréhension se mêle à la frustration et à la lassitude.

     

  • Province Sud : financer l’investissement, « plus facile » 

En ce qui concerne la province Sud, l’enveloppe attribuée aux subventions avait atteint 4,7 milliards de francs en 2016. En 2021, elle était revenue à 2,2 milliards. Le Groupement d’intérêt économique (GIE) Tourisme a été supprimé et ses fonctions ont été internalisées, ce qui explique une bonne partie de la baisse des subventions (-732 millions), et la Mission d’insertion des jeunes (MIJ), a subi le même sort. L’enveloppe de la culture est passée de 229 à 104 millions, celle de la santé et du social de 487 à 387 millions. Philippe Blaise, premier- vice-président, estime que la province a globalement « maintenu » son soutien aux associations et que l’essentiel de la baisse vient du gouvernement.

Mais concrètement, quelles solutions apporter aux associations ? « Il est plus facile pour nous de financer des dépenses d’investissement. Il y a toujours du retard dans certains projets, on peut en ajouter d’autres », indique Philippe Blaise. Il est aussi possible de faire appel à l’emprunt et parfois aux contrats de développement, aidés par l’État. En ce qui concerne la culture, qui semble particulièrement touchée, « il faut se serrer la ceinture, ne pas faire venir des gens de l’étranger quand on peut s’en passer. »

  • Nouvelle-Calédonie : les recettes, « au fond du trou »

Du côté de la Nouvelle-Calédonie, le budget alloué aux « participations et subventions » est passé de 17 milliards en 2015 à environ 10 milliards pour 2022. Ce montant ne peut être comparé directement à celui dépensé par la province Sud, puisqu’il comprend d’autres dépenses que les subventions stricto sensu, mais la tendance globale reste significative, confirme Yannick Slamet. « Le pays a besoin de ses associations. On faut tout notre possible. Mais la planche à billets, je ne l’ai pas ! », regrette le membre  du gouvernement chargé du budget. La Nouvelle-Calédonie est endettée de plus de 65 milliards de francs, dont 28 liés à la crise du Covid, mais il y a pire. « Au niveau des recettes, on est au fond du trou. »

Que faire ? Yannick Slamet juge utile de réaliser une distinction. « Premièrement, il y a les associations qui effectuent des missions de service public. Il faudra que l’on trouve d’autres modes de financement pour leur permettre de continuer leur activité. » Il pense notamment aux fonds nationaux et internationaux. Les obtenir n’est pas toujours simple, « mais on peut aider les gens à se lancer ».

En second lieu, viennent les autres associations, les clubs de football, par exemple. « Il ne faut pas s’attendre à ce que l’on subventionne l’ensemble de leurs besoins. Il faut encore développer les financements autres » : sponsors, mécènes, ventes diverses…

  • Province Nord : les associations « semblent résilientes »

En 2020, le financement des associations était doté d’environ 2,4 milliards, contre 5,3 milliards cinq ans plus tôt. Le nombre de bénéficiaires a été divisé par deux, passant de 400 à 200. La province Nord « continue de soutenir le tissu associatif, avec une stabilisation du niveau de financement depuis l’année 2018 », indique l’exécutif. « Les associations semblent résilientes et diversifient la recherche de financement, notamment avec les opportunités liées aux appels à projets ». Par ailleurs, la province s’est « dotée d’une ressource pour effectuer le contrôle de gestion ».