[DOSSIER] Le nickel dans un virage décisif

L’équipe de la mission interministérielle dédiée au secteur étudiera les enjeux de l’industrie du nickel et de l’énergie, deux éléments extrêmement liés. © SLN

Le marché mondial du nickel s’est métamorphosé. En une dizaine d’années, sous le coup d’investissements chinois massifs, l’Indonésie a vu sa part dans la production du métal sur la planète passer de quelques pourcents à plus de 60 % en 2024. À des coûts défiants toute concurrence. Les industries de ce pays d’Asie du Sud-Est règnent. Les opérateurs classiques, comme en Nouvelle-Calédonie, sont tombés de haut, même si la qualité de leur produit est unanimement reconnue. Le constat est brutal : la transformation du nickel n’est plus rentable depuis 2012 sur le Caillou. Or, ce secteur compte dans l’économie. Le « nickel représente 97 % de nos exportations, emploie directement et indirectement 13 000 personnes, qui paient 20 % de l’ensemble des cotisations versées à la sécurité sociale », avait énuméré le député Nicolas Metzdorf, le 7 février 2024, en séance à l’Assemblée nationale. L’année précédente, l’Inspection générale des finances et le Conseil général de l’économie avaient établi un diagnostic de la filière nickel, dont l’une des conclusions appelle un sursaut. « La défaillance simultanée des trois usines conduirait à une augmentation du chômage sur le territoire d’environ 50 %. »

« NOUVELLE STRATÉGIE »

Dans ce contexte de bouleversement sur le marché, l’État a aidé, et aide, sérieusement, sous forme de prêt : plus de 600 millions d’euros depuis 2016 pour la SLN, et 560 millions d’euros avec la défiscalisation pour Prony Resources New Caledonia. Ce carbu- rant est essentiel pour maintenir les complexes industriels en vie, mais ces usines doivent surtout s’appuyer sur une stratégie – qui a toujours manqué dans l’archipel – pour durer. D’autant que le marché ne cesse de subir des évolutions de fond. Par exemple, « la part du nickel destinée aux batteries » des véhicules électriques « progresse moins vite que prévu, car les batteries LFP [lithium-fer-phosphate], qui ne contiennent pas de nickel, sont moins chères et ont des performances adaptées aux besoins des voitures citadines », a indiqué la SLN dans une note de mai dernier.

Il faut donc replacer les métallurgistes de Nouvelle-Calédonie sur les bons rails, d’autant plus à l’heure de probables modifications dans leur capital. L’État poursuit son aide. Mise en route fin juin, la mission interministérielle pour l’archipel comporte un volet dédié à « l’or vert » et ces travaux viendront en appui des collectivités qui disposent des compétences sur le territoire tant nickel qu’énergie. À ces institutions donc de « définir leur nouvelle stratégie », observe Claire Durrieu, inspectrice générale des finances, directrice de la mission composée de deux experts dans ces domaines, Julia Roussoulières et Yann Michel. Sur la méthode, l’équipe, étant une entité de l’État, œuvre en lien très étroit avec d’autres services de la République, comme la délégation interministérielle aux approvisionnements en minerais et métaux stratégiques (Diamms). Second élément, « nous avons une approche extrêmement chiffrée », précise Claire Durrieu. Tant pour les enjeux amont – situation industrielle des différents sites, perspectives de retour à la rentabilité pour les usines – qu’aval – minerai de nickel stratégique ou non pour la France et l’Europe.

« La valeur ajoutée de la mission dans cet univers est une capacité du côté de l’État à pouvoir avoir la vision consolidée de la filière du nickel, au-delà de la situation individuelle des usines », ajoute la directrice. Les projets de reprise sont observés. Leur pertinence économique et industrielle ainsi que leur cohérence avec l’ambition de la Nouvelle-Calédonie sont évaluées. La mission, qui s’inscrit sur plusieurs années, se veut opérationnelle et formulera des propositions. À court terme, pour une partie des sujets. « Il faut que les usines retrouvent une perspective de rentabilité », observe Claire Durrieu. Des industriels ont réclamé une subvention à l’énergie de l’État. Toutes les options seront étudiées.

Sur la méthode, l’équipe, étant une entité de l’État, œuvre en lien très étroit avec d’autres services de la République, comme la délégation interministérielle aux approvisionnements en minerais et métaux stratégiques (Diamms). Second élément, « nous avons une approche extrêmement chiffrée », précise Claire Durrieu. Tant pour les enjeux amont – situation industrielle des différents sites, perspectives de retour à la rentabilité pour les usines – qu’aval – minerai de nickel stratégique ou non pour la France et l’Europe. « La valeur ajoutée de la mission dans cet univers est une capacité du côté de l’État à pouvoir avoir la vision consolidée de la filière du nickel, au-delà de la situation individuelle des usines », ajoute la directrice.

Les projets de reprise sont observés. Leur pertinence économique et industrielle ainsi que leur cohérence avec l’ambition de la Nouvelle-Calédonie sont évaluées. La mission, qui s’inscrit sur plusieurs années, se veut opérationnelle et formulera des propositions. À court terme, pour une partie des sujets. « Il faut que les usines retrouvent une perspective de rentabilité », observe Claire Durrieu. Des industriels ont réclamé une subvention à l’énergie de l’État. Toutes les options seront étudiées.

Y.M