[DOSSIER] Le dernier P400 passera les canons à gauche en juillet

C’est le sort de tous les navires militaires arrivés en fin de carrière. En juillet, le patrouilleur des Fanc sera désarmé, comme plusieurs autres bateaux de la série P400 entre 2011 et 2020.

La Capricieuse, L’Audacieuse, La Boudeuse et plus récemment La Moqueuse… Tous les patrouilleurs de type P400 de la Marine nationale sont passés par là. Cet arrêt final, synonyme d’extinction définitive des moteurs et des générateurs annonçant la retraite du navire et le départ de l’équipage.

Le désarmement de La Glorieuse débutera en avril et sera terminé fin juillet. « Tout le matériel va être enlevé pour servir à d’autres bateaux : les ordinateurs, les écrans, les frigos, tout comme les canons, le collecteur d’eau, etc. », explique le capitaine de corvette Matthias Weingart, commandant de La Glorieuse.

La Glorieuse à quai, en face de La Moqueuse. / © Delphine Mayeur, Hans Lucas via AFP

Quelques objets du P400 pourraient se retrouver symboliquement sur le nouveau patrouilleur outre-mer (POM), espère secrètement son dernier équipage. La tape de bouche par exemple, une sorte de bouchon servant à fermer hermétiquement la gueule d’une pièce d’artillerie pour la protéger. Le renard, un tableau de présence en cuivre utilisé pour indiquer quel officier est à bord ou à terre, atterrirait aussi dans un autre bâtiment de la Marine nationale. Parce qu’une fois l’intérieur vidé, les issues du navire sont condamnées pour empêcher toute intrusion. C’est la dernière étape avant le découpage complet.

La Marine nationale mise sur le démantèlement des serviteurs dont elle n’a plus besoin, sauf s’ils sont revendus. « Cette politique s’inscrit pleinement dans une perspective de développement durable en s’attachant à recycler aussi complètement que possible tous les matériaux présents à bord », indique- t-elle sur son site internet. La déconstruc- tion se décompose en plusieurs travaux de dépollution, d’élimination des déchets et de revalorisation des matériaux recyclables.

La Moqueuse a été désarmé et doit être prochainement démantelé. / © B.B.

LE SUCCESSEUR EN APPROCHE

À la place de La Moqueuse et de La Glorieuse, qui seront démontés en Nouvelle-Calédonie ou à l’étranger, la base navale de la pointe Chaleix de Nouméa s’apprête à accueillir les POM sortis des chantiers de la Socarenam dans le nord et l’ouest de la France. Pour leur arrivée, des travaux d’envergure ont commencé en août 2022. Un nouveau quai, bientôt terminé, permettra d’amarrer ces bateaux plus longs, plus modernes et plus adaptés aux conditions de l’océan Pacifique. L’infrastructure mesurera 130 m de long et 8 m de large pour un coût total de 1,5 milliard de francs.

Les travaux du nouveau quai de la base navale de Nouméa ont été réalisés par des entreprises locales.  / © B.B.

L’Auguste Bénébig est attendu le 3 avril après trois mois de mer à travers les océans Atlantique et Pacifique. Le bateau doit passer par les Canaries, le Cap-Vert, Fort-de-France en Martinique, avant de traverser le canal de Panama et de rejoindre le Pacifique, Wallis-et-Futuna, puis son port d’attache.

Un seul Calédonien a été affecté à l’équipage de 30 marins commandé par le lieutenant de vaisseau Jean-François Cabaret, rapporte le quotidien Le Télégramme qui a couvert son départ de Brest. Une cérémonie officielle célébrera sa première entrée dans le lagon. Le second patrouilleur, nommé Jean Tranape en l’honneur d’un autre compagnon de la Libération né à Nouméa, devrait rejoindre la flotte calédonienne en 2024.

Brice Bacquet

Photo : À quai, La Moqueuse, affecté aux Forces armées en Nouvelle-Calédonie (Fanc) en 1986 et retiré du service en mai 2020, rappelle tous les jours le sort prochain de La Glorieuse. / © B.B.