[DOSSIER] L’Armée se tient prête à intervenir

L’Armée est généralement sollicitée dans le cadre d’évènements naturels violents, qu’il s’agisse de cyclones, de feux de forêt ou d’inondations. Avec cette conscience que les phénomènes risquent de s’intensifier.

Protéger et défendre. C’est la mission première des Forces armées en Nouvelle-Calédonie. Et pour l’heure, fort heureusement, leur action se focalise sur des menaces naturelles.

Les militaires peuvent être mobilisés au profit de l’État ou à la demande du gouvernement en relation avec la Direction de la sécurité civile et de la gestion des risques (DSCGR). « Dès le moment où dans une situation de crise les moyens sont inexistants, indisponibles, inadaptés ou insuffisants et que nous, nous avons ces capacités, il y a une demande de concours et nous y répondons », explique le colonel Frédéric Puchois, chef d’état-major interarmées.

« Les Fanc se préparent à une saison cyclonique plus intense », explique le colonel Frédéric Puchois. / C.M.

Les Fanc se mettent en alerte, se préparent en interne et réagissent aux demandes qui transitent par le haut-commissariat. « Cela peut être dû par exemple aux conditions météorologiques. Est-ce que leur hélicoptère est capable d’intervenir ? Nos moyens sont-ils plus appropriés ? C’est toute cette discussion que nous avons et c’est pourquoi nous nous entrainons ensemble. »

« Cyclonex »

Les premiers feux sont en train de sévir et déjà les pompiers militaires du Rimap de Plum sont intervenus aux abords du terrain militaire alors que les pompiers du Mont-Dore étant engagés à Port Boisé. Les moyens aériens de la Tontouta (BA186) sont aussi régulièrement mobilisés. Les Forces armées sont également sur le pied de guerre pour la saison cyclonique qui « statiquement devrait être plus intense », comme le souligne le colonel Frédéric Puchois. « On monte en puissance dès le mois de septembre. On entraîne chaque année les Forces en intégrant les nouveaux arrivants de la relève de l’été pour qu’ils se fassent aux procédures afin d’être réactifs. »

L’exercice annuel, nommé « Cyclonex », a été réalisé le 28 septembre en interaction avec la police nationale, la gendarmerie et la DSCGR. On y simule une intervention commune avec également une demande de renfort dans le cas d’un évènement de grande ampleur. « On dispose en Nouvelle-Calédonie de moyens maritimes, aériens et terrestres qui couvrent le périmètre de ce dont on pourrait avoir besoin, mais la question pourrait se poser sur le nombre, par exemple, de nos capacités d’évacuation ou d’acheminement en fonction de l’ampleur de la catastrophe, des éventuelles victimes à secourir. »

Vers qui se tourner en cas de besoin ? Des moyens pourraient rapidement arriver de Polynésie française, de Métropole, puis des pays voisins. question pourrait se poser sur le nombre, par exemple, de nos capacités d’évacuation ou d’acheminement en fonction de l’ampleur de la catastrophe, des éventuelles victimes à secourir. » Vers qui se tourner en cas de besoin ? Des moyens pourraient rapidement arriver de Polynésie française, de Métropole, puis des pays voisins.

PHÉNOMÈNES INTENSES

Les partenaires régionaux se sont retrouvés ces dernières années au Vanuatu (cyclones Pam ou Harold), à Fidji (Winston) ou à Tonga (éruption volcanique). Les Fanc y ont réalisé des missions de reconnaissance et d’évaluation, ont acheminé du matériel d’urgence, notamment dans les zones les plus isolées, ou participé à la reconstruction. Dans ce souci d’« interopérabilité », elles préparent l’exercice Croix du Sud qui se tiendra du 24 avril au 8 mai 2023 avec une quinzaine de nations, un renfort de 1 500 militaires et les ONG.

Des militaires du Rimap NC sont formés et équipés pour intervenir sur les feux de forêt. / Fanc

Le scénario implique une intervention après un tsunami en Nouvelle-Calédonie. Un état-major interarmées sera constitué dès le mois de novembre pour planifier le déploiement de la force. L’Armée est consciente qu’avec le changement climatique les phénomènes risquent de s’intensifier dans la zone. « On ne sait pas ce qui peut arriver. C’est un peu se préparer au brouillard de la guerre. Mais on se prépare », indique le colonel Puchois.

Des réflexions sont menées au plus haut niveau. Le général Putz, commandant supérieur des Fanc, a ainsi représenté au mois d’octobre Sébastien Lecornu dans une réunion des ministres de la Défense du Pacifique (South Pacific Defence Ministers Meeting) dont c’était justement l’un des sujets. La montée en puissance de la coopération sur ce volet est évidente.

Chloé Maingourd

Photo : Exercice Équateur 2019 avec les partenaires de la région. Lors d’évènements de grande ampleur, l’Armée peut typiquement intervenir pour rétablir les communications (moyens routiers, ports, pistes), participer aux recherches de victimes ou aider à reconstruire. / Archives DNC, C.M.

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