En raison d’une chaîne d’approvisionnement mondialisée, toute la filière aéronautique pourrait se retrouver en difficulté. Constructeurs, sous-traitants, compagnies sont concernés.
L’Agence France-Presse parle d’un « demi-siècle d’équilibre aéronautique en jeu ». Depuis le 12 mars, une surtaxe douanière de 25 % s’applique sur les importations d’aluminium et d’acier aux États- Unis, matériaux phares de l’aéronautique. Et l’ensemble des produits importés d’Europe doivent s’acquitter d’une surtaxe de 10 % qui pourrait monter à 20 % à l’issue du sursis de 90 jours annoncé par le président américain, Donald Trump. Depuis plus de quarante ans, un accord international exonérait de toute taxe les produits aéronautiques civils.
Boeing achète une grande partie de ses composants en Europe (il faut en moyenne trois millions de pièces pour faire un avion). Le prix des appareils sera impacté et une compagnie comme Delta Airlines a préféré repousser ses achats. Pékin a ordonné à ses compagnies de suspendre les livraisons d’avions Boeing (plusieurs centaines) et d’arrêter ses commandes de pièces détachées fabriquées aux États-Unis. Un quart des exportations de la société s’effectue en Chine.
Le marché américain représente 15 % du carnet de commandes d’Airbus. Elle assemble une partie de ses avions aux États-Unis, ce qui lui permet de contourner certaines taxes, mais la plupart des pièces de l’A320, l’appareil le plus vendu, sont importées. Les gros porteurs, assemblés à Toulouse, seront taxés à la vente. Les avions devraient coûter des millions de dollars supplémentaires (entre cinq et 70 millions de dollars US en plus, selon les cas de figure, avance RFI).
Pour limiter les coûts, certains équipementiers ont modifié leur circuit de livraison, comme le groupement français Safran. Localement, Aircalin est surtout concernée par les effets induits de cette guerre commerciale. « Pour l’heure, les impacts de cette politique ont principalement un effet sur le cours du dollar US qui affiche un retrait. Cette situation est donc plutôt favorable à la compagnie, notamment pour l’achat de kérosène », indique la société à l’hibiscus.
Mais une « incertitude demeure cependant sur les coûts futurs de maintenance qui pourraient être impactés par la révision des droits de douane ». Il se disait, fin 2024, qu’Aircalin avait commandé deux long-courriers Airbus A350 à l’avionneur européen. On ignore à quel stade se trouve la négociation.
C.M.