Elle fait partie de ces secteurs qui ont su tirer parti de la crise. Durant les émeutes, la sécurité privée a profité d’une hausse d’activité sans précédent.
Par peur de voir leur établissement se faire incendier ou mis à sac, des chefs d’entreprise et institutions ont recouru massivement aux services d’agents de sécurité et à la mise en place de dispositifs de sécurisation (piques, grilles, clôtures…). Faisant, parfois, augmenter « jusqu’à 80 % » l’activité de certaines sociétés du secteur.
Une situation qui a amené son lot de dérives. Car pour répondre à cette demande, quelques entreprises ‒ en manque de main-d’œuvre ‒ avouent avoir fait appel à des personnes non qualifiées. « On était obligés de fournir du monde et certaines personnes avaient perdu leur emploi, donc momentanément on les a prises », raconte une salariée d’une entreprise de la place.
Le secteur est, pourtant, soumis à des règles bien spécifiques. Casier judiciaire vierge, détention de la carte ASPQ (agent de sécurité privée qualifié) et formation d’un mois font partie des conditions à remplir pour pouvoir exercer ce métier.
En parallèle, des organisations non déclarées se sont mises en place, « cassant » les prix et échappant au contrôle du Cnaps (conseil national des activités privées de sécurité), organe régulateur de la sécurité sur le territoire. Lequel a exercé des contrôles en novembre 2024. « Le problème, c’est que ces petites entreprises ne sont pas déclarées, donc elles ne peuvent pas être convoquées, et donc on ne les attrape pas », dénonce le directeur d’une entreprise de sécurité.
DANS L’EXPECTATIVE
Le secteur est en évolution, et son importance semble s’inscrire sur la durée. Avec la suppression de la garantie émeutes, soulignait David Guyenne lors d’un précédent rendez-vous de l’économie, les destructions futures feront perdre beaucoup aux entreprises. D’où l’importance d’être « suffisamment équipées », afin de « dissuader » les potentiels auteurs de dégradations.
En attendant, les acteurs sont, comme d’autres corps de métier, soumis aux lois du marché. Si les investissements dans les dispositifs de sécurité ont été importants un temps, ils pourraient bien redescendre aussi vite.
Nikita Hoffmann