« Crash », « hémorragie », « catastrophe naturelle », « bombe à retardement », « désintégration »… Les soignants en ont fini avec les finesses pour nous ouvrir les yeux sur la gravité de la situation. 13 syndicats de professions libérales ont engagé cette semaine un « marathon » pour alerter la société calédonienne, en particulier ses décideurs, sur l’état catastrophique des ressources médicales et de la destruction du système.
Une étude commandée à l’institut de sondage Quidnovi vient éclairer concrètement le mal-être des professionnels de santé qui demeurent sur les territoires, accablés, voire traumatisés, par une succession de crises et principalement les émeutes de mai 2024.
On entrevoit clairement un risque majeur pour la continuité des soins. Les départs de soignants ont encore compliqué l’activité qui devient ingérable. Difficile d’accepter de travailler dans un environnement si défaillant. Résultat, près d’un professionnel sur deux envisage de quitter la Nouvelle- Calédonie et s’il reste, c’est souvent qu’il est contraint par des engagements financiers ou familiaux. 12 % de l’effectif interrogé dans cette étude est sur le départ. Et personne pour les remplacer en raison d’une mauvaise réputation du Caillou, d’un manque de compétitivité.
Les services ferment, les cabinets tirent le rideau, et les Calédoniens disent adieu à une médecine performante. La côte Est et le Nord se désertifient. En 2025, on y accouche seule désormais, nous raconte la sage-femme Élodie Marnas. Des erreurs de gouvernance sont aussi à l’œuvre dans la chute du système, regrettent les soignants avec par exemple des problèmes de conventionnement ou d’agrément pour certaines professions, comme les ambulanciers, dentistes ou kinés. Ils n’entendent pas pour autant baisser les bras et proposent un livre blanc rassemblant leurs propositions, comme un ultime appel aux autorités à écouter ceux qui sont sur le terrain.
C.M.
Des professions ciblées
60 structures ont été brûlées ou pillées ce qui a eu un effet d’accélération des intentions de départ. 23 cabinets médicaux (16 % d’effectif en moins en 2024), 12 cabinets d’orthophonistes (30 départs) ont été attaqués, les cabinets de 6 sage-femmes ont été détruits et plus de la moitié de ces soignantes ont été affectées par la crise (28 % des libérales auront fermé leur cabinet d’ici mi-2025), 6 magasins d’opticien, 5 cabinets dentaires (36 radiations depuis mai 2024), 5 pharmacies, 1 grossiste, 3 kinés, 1 laboratoire…
Source : FPLS