[DOSSIER] La méthode Valls à l’épreuve

Le ministre d’État des Outre-Mer, Manuel Valls, s’est emparé du dossier calédonien. (© Ministère de l'Économie et des Finances / Patrick Bagein)

Le mot est revenu sur toutes les lèvres. Y compris les siennes. Manuel Valls développe une nouvelle « méthode » en vue de restaurer le dialogue et construire un avenir institutionnel partagé de la Nouvelle-Calédonie. Les délégations politiques ont pu goûter à cette recette du ministre d’État des Outre-Mer lors des rencontres bilatérales tenues du mardi 4 au lundi 10 février à Paris, avec, en marge des entretiens, le Forum économique samedi en compagnie des représentants des entreprises. Les principes de la méthode s’appuient sur les grandes négociations charnières, celles ayant conduit à la rédaction des accords de Matignon-Oudinot et de Nouméa. Manuel Valls a œuvré aux côtés de Michel Rocard et fut conseiller de Lionel Jospin.

L’axe de la réflexion : compréhension des enjeux en face-à- face et totale discrétion, avec l’ambition absolue de rechercher le consensus, quitte à avancer pas à pas. En ce sens, les récents échanges parisiens constituaient un premier round pour recueillir les éléments, les peser, écouter les interlocuteurs du FLNKS aux Loyalistes… Une phrase, prononcée lors du Forum, a surpris son monde. « L’État peut peut-être avoir une part de responsabilité dans ce qui s’est passé il y a quelques mois », a avancé Manuel Valls. Ces mots confirment un pressentiment : l’actuelle méthode sera à l’opposé de celle déployée par un prédécesseur ayant connu les émeutes du 13 mai, Gérald Darmanin.

Sa décision de réunir les mondes politique et économique au ministère de l’Économie et des Finances constitue en outre indéniablement un tournant qui promet une collaboration future. « Avant, nous avions affaire à Bercy. Maintenant, nous avons une discussion plus stratégique » résume Mimsy Daly, présidente du MEDEF-NC.

« UNE BONNE HUITAINE DE JOURS »

Ces rencontres bilatérales n’ont toutefois pas débouché sur une séance plénière, avec tous les partenaires autour de la même table. Manuel Valls ne lâche pas le cap, et a annoncé sa venue en Nouvelle-Calédonie à partir du samedi 22 février. Et ce, « pour une bonne huitaine de jours jusqu’à début mars si cela est nécessaire, afin de continuer la discussion, engager des négociations selon un format qu’il reste à travailler, et parler avec tous les Calédoniens », a indiqué le ministre d’État au quotidien Le Monde, lundi 10 février.

Les questions sont nombreuses. L’ex-Premier ministre socialiste arrivera-t-il avec un projet d’accord, une base tirée des différentes bilatérales, en vue d’un accord à bâtir ? Quelle sera la réaction des indépendantistes, surtout du FLNKS et de la CCAT ? Une réelle négociation sera-t-elle possible, avec toutes les parties ? Des annonces seront-elles faîtes notamment sur les 9 milliards de francs en attente ? L’actuelle phase est autant observée que capitale, Manuel Valls le sait.

Y. M.