[DOSSIER] La Glorieuse, le gardien des mers

At the request of Tonga under the FRANZ (France-Australia-New Zealand) cooperation agreement, France has chartered the patrol boat La Glorieuse, based in New Caledonia, to send 10 tonnes of humanitarian cargo to the archipelago, which was hit by a powerful volcanic eruption on 15 January, followed by a tsunami. The ship is due to arrive in the Tongan capital on Thursday, carrying hygiene kits, tents, reconstruction materials, solar lamps, masks and 2.5 tonnes of drinking water. New Caledonia, Noumea, January 24, 2022. Photography by Delphine Mayeur / Hans Lucas. Sollicitee par les Tonga dans le cadre de líaccord de cooperation FRANZ (France-Australie-Nouvelle-Zelande), la France a affrete le patrouilleur La Glorieuse, base en Nouvelle-Caledonie pour líenvoi de 10 tonnes de fret humanitaire a destination de líarchipel frappe le 15 janvier par une puissante eruption volcanique, suivie díun tsunami. Le navire devrait arriver jeudi dans la capitale tongienne, avec a son bord des kits díhygiene, des tentes, du materiel de reconstruction, des lampes solaires, des masques et 2,5 tonnes díeau potable. Nouvelle-Caledonie, Noumea, 24 janvier 2022. Photographie par Delphine Mayeur / Hans Lucas. (Photo by Delphine Mayeur / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP)

Depuis avril 1987, le patrouilleur des Fanc veille sur le Pacifique. Ses équipages successifs ont mené des opérations de police et sauvé des vies.

Son nom est inscrit dans le paysage local. Depuis 35 ans, La Glorieuse vogue au large de la Nouvelle- Calédonie, de Wallis-et-Futuna et au-delà. « Notre mission est de surveiller les eaux territoriales et la zone économique exclusive (ZEE) », développe le capitaine de corvette Matthias Weingart, commandant du dernier P400 de la Marine nationale.

Dans le jargon, le bâtiment réalise des missions de souveraineté et de protection des intérêts français dans la zone maritime calédonienne. Le navire porte assistance aux bateaux en détresse, surveille les espaces maritimes protégés ou lutte contre les activités illicites. « On contrôle physiquement les bateaux et on interroge leur équipage. Tant qu’un navire de pêche se situe dans une zone gérée par un organisme de régulation de la pêche, il est tenu de se laisser contrôler. »

La Glorieuse peut contrôler des bateaux de pêche dans les eaux internationales et dans les zones maritimes des États insulaires du Pacifique. / © FANC

Les miliaires vérifient les documents, la cargaison et le matériel, pour s’assurer par exemple que les quantités d’ailerons de requins prélevés ne sont pas dépassées. En mai 2007, un palangrier taïwanais avait été intercepté en flagrant délit de pêche illégale dans la ZEE, au niveau des Chesterfield. Plusieurs tonnes de requins dépecés avaient été retrouvées. En avril 2012, c’était un voilier de plaisance que La Glorieuse avait arrêté non loin des côtes calédoniennes avec à son bord 198 kg de cocaïne.

MISSIONS HUMANITAIRES

Parfois, le devoir pousse cette sentinelle des mers plus loin que nos rivages. En mars 2022, le patrouilleur des Fanc a pris part à une mission de surveillance et de contrôle dans l’espace maritime de la Papouasie- Nouvelle-Guinée. « On participe aussi à la police des pêches dans les ZEE des pays limitrophes à la Nouvelle-Calédonie », explique le commandant.

En janvier et février derniers, son équipage a porté secours aux populations des îles Tonga frappées par l’éruption du volcan Hunga Tonga et par un tsunami dans la foulée. « Le bateau a fait la traversée en trois jours, parce qu’il fallait arriver vite pour apporter de l’aide humanitaire », poursuit-il. Près de 10 tonnes de tentes, de jerrycans, de cordes, de masques, de kits d’hygiène, de bouteilles d’eau et de rations ont été acheminées dans les cales de La Glorieuse depuis Nouméa, en coopération avec la Croix-Rouge française.

Sur place, les marins ont dû collaborer avec des militaires néo-zélandais et australiens. Sans mettre un pied à terre et dans le respect des mesures imposées par les autorités tongiennes pour éviter la propagation du Covid-19 dans ce royaume de 105 000 habitants encore épargné par le virus. « La France venait en aide aux Tonga. On a dû s’adapter très vite pour apporter du fret et des vivres rapidement », commente le maître Thibaut, présent lors de la mission.

L’engagement de l’équipage de lors de cette mission humanitaire avait été félicitée par le général Valéry Putz. / © Delphine Mayeur, Hans Lucas via AFP

Le général Valéry Putz, commandant supérieur des Fanc, a adressé à tout l’équipage une lettre de félicitations louant les « qualités professionnelles » et « l’engagement » des marins de La Glorieuse. « L’équipage s’est tout d’abord dépassé pour se préparer à l’appareillage dès le lundi 24 janvier, réussissant en moins de 12 heures à parer son bâtiment qui était en gardiennage, écrit le général. Cette remarquable mise en disposition opérationnelle lui a permis d’appareiller le jour même. »

L’éloge se poursuit par la « détermination » et l’« efficacité » de la trentaine de militaires. Le patrouilleur « a fait honneur aux forces armées de la Nouvelle-Calédonie et à la Marine nationale », conclut le patron des Fanc. Une mission similaire avait été menée en 2015 au Vanuatu, après le passage du cyclone Pam. « Les P400 sont de 1985, mais remplissent parfaitement leurs missions », assure le capitaine de corvette Matthias Weingart.

La Glorieuse continuera de les mener à bien quelques mois encore. Ses deux dernières virées la conduiront de nouveau au large de la Papouasie-Nouvelle-Guinée et du Vanuatu en mars. Avant de se retirer définitivement, le navire participera à l’exercice interarmées Croix du Sud, organisé en avril au nord de la Grande Terre. Ce grand raout militaire rassemblera 2 000 soldats originaires de quinze pays différents pour simuler une opération de sauvetage à l’échelle du territoire. Un baroud d’honneur pour le bâtiment presque quarantenaire

Brice Bacquet

Photo : En janvier 2022, La Glorieuse, parti de Nouméa, et l’Arago, en provenance de Papeete, ont transporté 40 tonnes d’aides humanitaires jusqu’aux Tonga. / © Delphine Mayeur, Hans Lucas via AFP