Le site de Vavouto entrera dans un silence troublant ce samedi 31 août au soir. Faute d’un repreneur des parts de l’actionnaire Glencore à ce stade, 1 000 sala- riés de Koniambo Nickel sont licenciés au terme de ce mois, puis 200 autres fin octobre. Soit la très large majorité des effectifs. Pilier historique du rééqui- librage entre les provinces Nord et Sud, le complexe métallurgique de Koniambo Nickel passera d’une veille chaude à froide. « Les fours seront arrêtés de manière progressive dans les deux à trois premières semaines de septembre », explique Karl Therby, PDG de la SMSP, le partenaire calédonien de KNS à 51 %. « L’arrêt de toutes les installations va s’étendre jusqu’à fin octobre. »
Pressenti, le coup est néanmoins dur pour les employés, architectes d’une véritable culture d’entreprise construite au fil des années, mais aussi pour les sous-traitants engagés dans l’aventure. Comme Maire et Alice, qui avaient fusionné leurs prénoms pour créer la société de nettoyage Mailice. « Nous avons de tout petits contrats en dehors, mais on peut dire que l’on est presque 100 % KNS », note l’une des fondatrices, Maire Teriino. « On perd tout. On n’a pas de visibilité pour l’instant. » Au-delà de l’outil politique essentiel, fruit de négociations, l’usine de classe mondiale est un poumon économique, moteur de développement. Selon les comptes de l’industriel, 250 millions d’euros, soit 30 milliards de francs, ont été injectés dans l’économie en 2023. Depuis le lancement du projet, les retombées cumulées, exploitation et construction, sont estimées à 626 milliards de francs. Le complexe de Vavouto génère de l’activité à 600 salariés de la sous-traitance.
PAS D’AMORTISSEUR DE CHOC
L’arrêt de KNS va de fait bouleverser tout un pan de l’économie de la région. L’engrenage de mauvaises nouvelles va peser et pèse même déjà sur la vitalité de VKPP : l’annonce du retrait de Glencore en février, le départ d’expats, la mise en veille « à chaud » de l’usine, le blocage de mines, puis les exactions dans le Sud qui ont privé la zone de passages et d’approvisionnement.
Pourtant, depuis 2018, les projets de développement s’enchaînaient. Le centre de détention de Koné est sorti de terre. Le lycée agricole Michel-Rocard à Pouembout a vu ses capacités augmenter. « Tous ces chantiers ont amené du monde et ont créé de la richesse », observe Cyrille Berhault, gérant des agences Ellipse Immo, Consulting et Box. L’actualité de Koniambo Nickel est ressentie comme un « coup de massue. Et là, nous n’avons pas d’amortisseur de choc ».
La recherche d’un repreneur, elle, se poursuit. Tout le monde croise les doigts. « Ma conviction personnelle, c’est qu’il y aura une reprise d’activité, mais je ne sais pas dans quel délai et quelle part de la culture d’entreprise ou industrielle sera à reconstruire », indique Alexandre Rousseau, vice-président Responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE) à KNS. Trois groupes potentielle- ment intéressés par une reprise mènent des analyses complémentaires. Selon Karl Therby de la SMSP, « cette période d’études va durer de trois à six mois avec pour objectif de transformer ou non leur intérêt en une offre ferme et définitive ».
Yann Mainguet