[DOSSIER] Julie Laronde : « On veut convertir les croisiéristes en touristes de plus longue durée »

Nouvelle-Calédonie Tourisme (NCT) veut inciter les croisiéristes à revenir sur le territoire par avion. Ces touristes peuvent ainsi rester plus longtemps et les retombées économiques deviennent plus intéressantes.

DNC : Le retour des croisières était-il attendu avec impatience ?

Julie Laronde : Oui, ça a mis du temps mais il y avait un besoin de consultation. En Nouvelle-Calédonie, il y a besoin de prendre le temps. Il fallait discuter, consulter les gens, les différentes escales. À la fois la population, les autorités coutumières mais aussi les acteurs touristiques pour voir s’ils étaient en capacité de reprendre.

Ils étaient en standby depuis deux ans et demi. On ne réenclenche pas tout du jour au lendemain : il faut prendre des assurances, remettre en état les bus, etc. On n’a pas eu deux ans pour le faire car tout le monde a eu du mal à se projeter. On ne savait pas combien de temps allait durer la crise. Du côté de la population, il y avait aussi une peur de rouvrir.

Est-ce que la croisière d’avant Covid est définitivement révolue ?

À l’île des Pins, le retour des croisières comme avant, je n’y crois pas. Il faut trouver un équilibre entre les enjeux économiques et un modèle plus raisonné, qui garantit la préservation de l’environnement et des cultures.

Le Covid a permis de remettre les choses à plat. La crise sanitaire a été l’occasion de se poser de bonnes questions.

La crise sanitaire a été l’occasion de se poser de bonnes questions »

Qu’apporte ce tourisme au territoire ?

Notre objectif est de les convertir en touriste de plus longue durée pour qu’ils dépensent davantage. On avait commencé à le proposer avant le Covid. La première chose qu’ils font à la gare maritime, c’est de se connecter au wifi. On avait développé un portail avec des informations sur la destination et on leur demandait de nous laisser leur adresse e-mail. S’ils acceptaient, on leur envoyait une newsletter dédiée avec un code promo Aircalin pour qu’ils reviennent par avion en touriste de séjour.

Source ISEE

Ce premier paquebot acte-t-il officiellement la reprise du tourisme international ?

La relance touristique a repris bien avant, heureusement. Elle a été rythmée par les différentes réouvertures de nos marchés, en fonction des conditions d’entrée de la Nouvelle-Calédonie et des conditions de retour dans les pays.

Il y a eu la Métropole le 1er décembre dernier, sachant qu’on avait toujours la septaine. On a vu dans les statistiques que c’était la famille ou les amis qui étaient prêts à venir même sept jours. Le mois de juillet 2022 a été meilleur que juin 2019 en termes de fréquentation.

Après, c’est l’Australie qui a rouvert mi-février avec une septaine, les vaccins, etc. Il y a eu la Nouvelle-Zélande au mois de mai. Les tours opérateurs japonais ont été autorisés mi-juillet seulement à reprendre la commercialisation à l’international.

Le 7 septembre dernier, ils ont levé les derniers tests PCR au retour pour les Japonais. Ça va commencer à reprendre, mais ce n’est pas encore reparti. On se donne jusqu’à deux-trois ans pour retrouver les flux d’avant Covid.

On se donne jusqu’à deux-trois ans pour retrouver les flux d’avant Covid. »

Quelles sont vos stratégies pour rendre  la destination attractive ?

Depuis le début de l’année, la stratégie s’est articulée autour de trois axes. D’abord, il fallait remobiliser les acteurs locaux après deux ans d’arrêt, remobiliser les vendeurs à l’international et faire un état des lieux de l’offre. On devait reconstruire l’attractivité de la destination. Même si on n’avait pas coupé toutes les communications à l’international, il faut se remettre dans les radars au moment où toutes les destinations rouvrent.

On a développé un concept « Are you ready? ». On présente un carrousel de 13 expériences pour créer un petit peu l’urgence de voyager en Nouvelle-Calédonie. On fait des campagnes de vente avec Air France, et on va le faire bientôt avec Singapour Airlines. On l’a fait aussi avec un tour opérateur japonais qui est numéro 1 en termes de trafic pour la Nouvelle-Calédonie. Elle va être affichée comme destination préférée dans leur agence de voyages.

Propos recueillis par Edwige Blanchon

Photo : Pour Julie Laronde, la venue des croisiéristes est une très bonne nouvelle. / E.B.