[DOSSIER] Intelligence artificielle, des promesses et des défis

A glowing digital lock surrounded by streams of binary code and data points, symbolizing cybersecurity.

Deuxième volet, cette semaine, de notre dossier sur l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le monde du travail. Après l’éducation, l’industrie, l’agriculture, nous nous sommes intéressés à des secteurs plus sensibles dans la conscience collective, qui plus est dans le cadre de cette technologie : la santé, l’information et la justice, qui tous trois touchent aux droits fondamentaux.

L’avènement de l’IA est, là encore, plein d’espoirs pour optimiser les pratiques, renforcer l’efficacité dans des secteurs qui fonctionnent à flux tendu, mais il suscite aussi des inquiétudes, avec des enjeux éthiques, la crainte de la déshumanisation, de la désinformation, d’erreurs graves. La préparation des deux parties de ce dossier ‒ qui visait à donner une idée des pratiques et des questionnements actuels sans prétendre être exhaustif ‒ ont aussi fait émerger une question centrale : l’hébergement des données. Les données d’IA sont lourdes, exigent beaucoup de stockage, de calcul, d’énergie et les data centers sont rares dans les petits territoires comme le nôtre, avec donc une dépendance aux infrastructures situées à l’extérieur sachant que se pose un impératif de souveraineté des données.

Pour faire de la Nouvelle-Calédonie un « pôle technologique dans le Pacifique« , le gouvernement juge essentiel de structurer « un véritable écosystème autour des data centers et de l’intelligence artificielle », renseigne Christopher Gygès, membre en charge du numérique. Dans le détail, un « green data center », alimenté principalement par les énergies renouvelables, est imaginé avec le concours de la province Sud sur la presqu’île de Nouville, dans une zone franche dédiée à l’IA.

Elle accueillerait des entreprises spécialisées, locales ou internationales, le monde de la cybersécurité « en leur offrant un environnement fiscal et énergétique, attractif, sécurisé et interconnecté ». Le data center serait conçu pour stocker, traiter les données sensibles, offrir une capacité de calcul compatible avec les besoins. Imaginé également, un « passeport emploi numérique » pour faciliter l’arrivée de talents spécialisés dans l’IA, le cloud, le traitement des données, la cybersécurité.

Consciente de ses limites, la Nouvelle- Calédonie a déjà engagé une politique d’amélioration de la gestion des données, en particulier dans des secteurs sensibles comme la santé. « Nous travaillons à structurer et moderniser l’écosystème local pour garantir une meilleure qualité (…) et sécurisation des informations », confirme Christopher Gygès. Dans la santé, plusieurs infrastructures sont opérationnelles : des data centers privés, un centre de données hospitalier installé au Médipôle, spécifiquement conçu pour répondre aux exigences du secteur. « Il permet le traitement sécurisé des données, leur hébergement local et une meilleure fluidité dans la coordination des soins ». Une approche qui s’inscrit dans une volonté plus large de « transition numérique du système de santé calédonien ».

Nous l’avons appris : s’intéresser à l’IA, c’est entrevoir un certain futur. Il y a visiblement une volonté locale d’avancer avec son temps, mais le développement de l’IA nécessitera surtout des moyens, plutôt difficiles à trouver en ces temps compliqués.

C.M.