Des Calédoniens étaient engagés sur d’autres terrains d’opération à la fin de la guerre. Le débarquement de Provence par exemple, un événement auquel la Maison du combattant consacre une exposition.
♦ LES SOLDATS DU BIMP
Après les campagnes de Bir Hakeim et d’Italie, le Bataillon d’infanterie de marine et du Pacifique embarque en Italie le 13 août 1944, sur le SS Empire Pride, pour la libération de la France. Direction la Provence. Ils débarquent le 17 août sur la plage de Cavalaire. Raoul Michel-Villaz, Henri Meyer, Maurice Meunier, Jean Tran-Ap (ou Tranape), Louis Kasni Warti et bien d’autres officient sous les ordres du commandant Edmond Magendie.
Ces volontaires vont affronter de durs combats à Hyères, La Mauranne… Ils doivent rejoindre Toulon, puis remonter le Rhône. Chemises et pantalons mouillés, mêlés de sueur et du sang des camarades, « de toute la guerre la Compagnie n’a jamais été aussi sale », rapportent les témoignages présentés à la Maison du combattant. Onze décèdent dont trois tirailleurs kanak. Joseph Bealo, Pierre Boae, Maurice Creugnet, Adrien Dieoula, Georges Le Carrour, Édouard Paulin, Raymond Perraud, Charles Porcheron, Alexis Réveillon, Aimé Soenne et Édouard Wahoo.
Le Bataillon rejoint La Garde, Arles, Nîmes et Lyon. Puis, dans le cadre du blanchiment de l’armée française, les troupes dites indigènes sont retirées du front. Ces hommes sont dirigés vers Paris en novembre, défilent sur les Champs-Élysées avant d’embarquer le 14 mars 1946 à bord du Sagittaire à Marseille pour la Nouvelle-Calédonie.
♦ LES SAS (« SPECIAL AIR SERVICE »)
Sept Calédoniens ont intégré le prestigieux corps des parachutistes SAS de la France libre : Henri Brown, Joseph Santino, Francis Cornaille, Robert Harbulot, Jean-Louis Marie, Paul Robineau et René Pascal (rejoints par Jacques Naturel). Embarqués avec le 2e contingent du Bataillon du Pacifique le 3 mars 1943 à Nouméa, ils sont incorporés le 25 avril en Angleterre dans le 4e Bataillon d’infanterie de l’Air.
Quatre d’entre eux font partie des 116 SAS français parachutés en Bretagne dans la nuit du 10 au 11 juin 1944 (opération Samwest) face aux Allemands. D’autres sont affectés à l’opération Spencer, dans le sud de la Loire, ou encore à l’opération Dingson dans le Morbihan. Paul Robineau effectue des opérations de sabotage, Henri Brown est chargé de former des maquisards.
♦ LES DEUX RAYMONDE
En novembre 1940, le général de Gaulle crée le Corps féminin des volontaires françaises. Parmi les engagées, deux Calédoniennes de 23 ans : Raymonde Jore, cadre secrétaire, et son amie Raymonde Rolly dite « Mona », secrétaire et convoyeuse de personnes dans l’entreprise paternelle. « Jeune, confiante, enthousiaste, j’ai rêvé qu’à moi seule, je gagnais la guerre », décrit la première.
Leur arrivée en Angleterre fera l’objet d’une importante campagne de presse. Elles suivent un entraînement et sont placées au service automobile du quartier général de la France libre à Carlton Gardens. En 1942, Raymonde Jore obtient une affectation aux renseignements, puis est mutée à l’état-major du général comme sténodactylographe où elle retrouve Mona.
Toutes deux figurent dans la liste des Calédoniens condamnés à des travaux forcés par Vichy pour complicité de livraison de territoire à une puissance étrangère. Elles passeront ensuite plusieurs mois en Afrique. Les lieutenantes regagnent la Nouvelle-Calédonie le 21 mai 1946 à bord du Sagittaire.
♦ LE MAQUISARD
Le 14 août 1944 en Isère, à la veille du débarquement de Provence, René Boucher, 33 ans, est fusillé pour acte de résistance. Ce militaire de carrière est sergent à la 14e Compagnie indochinoise. Le 4 juillet 1944, son unité rejoint le maquis avec un effectif de 137 militaires.
Il participe aux combats de la Gorge de Séchilienne avant d’être abattu par des militaires allemands à Livet-et-Gavet. Il est « mort pour la France », homologué résistant, membre des Forces françaises de l’intérieur. Son nom figure sur le monument de Farino, sa commune d’origine, et de Livet-et-Gavet.
♦ LES AGENTS SECRETS
Deux Calédoniens présentent une affectation au BCRA : le Bureau central de renseignements et d’action, le service secret de la France libre du général de Gaulle à Londres.
Jacques Naturel, 19 ans, est étudiant lorsqu’il s’engage au sein des Forces françaises libres en novembre 1942. Formé à l’École militaire des Cadets de la France libre (Saint-Cyr) en 1943-1944 – promotion 18 juin – il sort au grade d’aspirant sous-lieutenant. Affecté au BCRA en juin 1944, il est breveté parachutiste en Écosse et suit un stage de sabotage, avant d’être parachuté en mission en France comme officier d’encadrement du maquis le 8 septembre. Il participe aux maquis de la Creuse et des Vosges avec la brigade SAS et prend part à d’autres opérations jusqu’à la capitulation allemande. De retour, devenu capitaine de réserve, l’ancien cadet des FFL déclare que la guerre lui a apporté des valeurs « de tolérance, solidarité, rigueur », et lui a « permis de croire en ses propres convictions ».
Louis Tolmé, né à Nouméa en 1918, est engagé dans la marine avec les FNFL. Son dossier présente également une affectation au BCRA. Il atteint le grade de quartier-maître mécanicien. Il décède à 84 ans à Cavaillon.
Chloé Maingourd