Alors que la présidence de la province des Îles va être renouvelée prochainement, ses élus font le bilan des cinq années de mandature.
Une « mandature très difficile ». C’est ainsi qu’Isabelle Bearune, élue UC-FLNKS et présidente de la commission de la jeunesse, des sports et des loisirs à la province des Îles, qualifie le travail effectué au sein de la collectivité entre 2019 et 2024. « Nous avons eu à gérer des crises successives et des problèmes de trésorerie », tient-t-elle à souligner.
Pourtant, celle qui en est à sa troisième mandature au sein de l’institution en retire malgré tout un « bilan positif », citant tour à tour les infrastructures portuaires et aéroportuaires construites ou rénovées durant cette période. Pont de Mouli, aérodrome de Wanaham, aérogare d’Ouloup… « C’est un engagement que nous avons pris en début de mandat afin de répondre aux défis de la double, voire triple insularité de la province des Îles », rappelle-t-elle.
De son côté, Basile Citré ‒ élu Dynamique autochtone-LKS et président de la commission des droits et devoirs de la famille ‒ salue le respect de la « continuité » des projets initiés avant 2019. À l’exemple de la construction de l’hôtel Wadra Bay ou du pont de Lekine. Il soulève cependant une « disponibilité financière en baisse » due « à la crise Covid et à la crise économique », qui ont eu pour effet de « diminuer les finances des collectivités que sont les provinces et les communes, dépendantes du budget de répartition » géré par la Nouvelle-Calédonie.
DÉFAUT DE RECETTES
L’élu Palika Charles Washetine pointe, quant à lui, une « gestion calamiteuse » du budget sur cette mandature. Elle s’explique, selon lui, par plusieurs éléments. À commencer par la mise en place de plusieurs « projets d’envergure » sans les recettes nécessaires. Un point sur lequel il alertait déjà ses collègues élus lors de la déclaration de politique générale, le 16 juillet 2019.
« Le président nous a présenté le budget en faisant prévaloir deux milliards de recettes supplémentaires, pour mettre en place des projets comme Air Oceania, la construction du nouveau pont de Lekine, etc. Alors qu’on ne savait pas d’où allaient venir ces recettes. […] Résultat de la course, aujourd’hui, on a une collectivité endettée et qui est en incapacité de payer ses fournisseurs et ses prestataires de services. […] On s’est inscrit dans des projets pharaoniques, fantasques, en dehors de la réalité. » Autre élément relevé par le chef de groupe du Palika : la masse salariale, jugée « trop importante ». En quatre ans, elle aurait augmenté de « 1,2 milliard de francs ». « Ça plombe totalement les finances », commente- t-il.
BAISSER LA MASSE SALARIALE
Une analyse que rejoint également Isabelle Bearune, en partie. « Il faut que les gens consomment pour créer de l’économie. Le fait d’augmenter la masse salariale, cela encourage la consommation. Et la vie est très chère dans les îles, due à notre insularité. Mais je suis d’accord, il faut que l’on fasse des efforts pour diminuer les dépenses salariales au seuil recommandé par l’AFD, qui est de 36 % maximum. Aujourd’hui nous sommes à 42 % du budget. »
On s’est inscrit dans des projets pharaoniques, fantasques, en dehors de la réalité.
Pour ce faire, l’élue estime qu’il faudrait centraliser vers l’exécutif la décision d’augmenter (ou pas) la masse salariale globale. Autrement dit, « il ne faut plus que ce soit les directions qui décident seules, mais que ce soit le président qui analyse s’il y a un besoin de recrutement ou pas ». En parallèle, « il faut arrêter les CDD » et « encourager les départs à la retraite ». Autant de résolutions que la nouvelle présidence devra tenter d’instaurer. « En un an, je ne sais pas si ça va être possible, surtout avec le contexte dans lequel on est. […] Mais on n’a pas d’autre choix que de se soumettre au diktat de la réalité. Il faut arrêter l’hémorragie », insiste Charles Washetine.
Nikita Hoffmann