Les Calédoniens ont été touchés de plein fouet par l’inflation l’an dernier. L’énergie et les produits alimentaires ont flambé, en témoignent les chiffres de l’Isee du mois de décembre, qui a vu les prix des légumes bondir de près de 14 %. Et, visiblement, le phénomène perdurera cette année. Mais, des solutions existeraient pour tenter de réduire la facture – contrôle des marges, libéralisation des quotas d’importation – et redonner un peu de pouvoir d’achat.
« On avait annoncé une augmentation de 10 % en début d’année, on est à plus de 14 %« , lâche Gilles Vernier, président d’UFC-Que Choisir, sur un panier d’une trentaine de produits suivis par la DAE, direction des Affaires économiques.
L’association de défense des consommateurs alerte les pouvoirs publics et demande l’application de certaines mesures depuis des mois, en commençant par le blocage des marges. « C’est le seul moyen de stabiliser un peu les prix et d’éviter la spéculation sur les marges. » Mais aussi d’arrêter de « multiplier les surfaces de vente ce qui, contrairement à ce que l’on pense, ne fait pas baisser les tarifs ».
AUGMENTER LES SALAIRES
Concernant les fruits et légumes, Gilles Vernier plaide pour « libéraliser les quotas d’importation afin de pouvoir négocier les coûts. Si l’importateur prend 100 tonnes au lieu de 20, c’est plus facile. »
Une ouverture qui ne va pas sans un accompagnement de la production locale. « On commence par faire un état des lieux, voir ce qui marche ou pas, il faut adapter les productions au terrain et au climat, et on incite les agriculteurs à se rassembler en coopératives. » L’UFC voudrait également la tenue d’Assises de la consommation afin de tout mettre à plat.
Très impliquée dans le dossier, l’UT CFE-CGC porte trois revendications principales, la première étant une revalorisation de 3,5 % des salaires des secteurs privé et public. Les discussions se poursuivent, après la tenue de la conférence sociale sur le sujet, les 29 et 30 décembre, qui ne s’est pas soldée par un accord.
Un rendez-vous est prévu prochainement avec le gouvernement. « On ne lâchera pas », prévient Christophe Dabin, secrétaire général de l’organisation syndicale, qui milite aussi pour le contrôle des prix et des marges. Troisième point, mais pas des moindres, « que les élus décident de préserver le système de santé. Au vu des déficits prévus, on se pose la question : y a-t-il un risque pour la santé des Calédoniens, et s’il n’y a plus d’argent, qui pourra se faire soigner ? ».
URGENCE À AGIR
Du côté de la Chambre de commerce et d’in- dustrie (CCI), son président, David Guyenne, réfléchit plutôt en termes de pouvoir d’achat, « ce sur quoi on a la main», que de vie moins chère, « on ne maîtrise pas les prix ». Il s’agirait d’abord de « baisser les cotisations patronales et salariales et de les reporter sur les salaires ».
Puis, pour les personnes les plus vulnérables, mettre en place « des chèques ciblés ». Avec précaution, David Guyenne évoque « la négociation d’augmentations salariales mesurées ». Le tout, « un dosage délicat qui doit préserver les entreprises et le tissu économique, très fragile en ce moment ».
Ce qui est sûr, pour la Fédération des fonctionnaires, opposée à la baisse des cotisations patronales qui se ferait « au bénéfice des employeurs », c’est qu’il y a urgence à agir et à parvenir à une entente car, estimait-elle dans un communiqué début janvier, « l’inflation qui frappe le pays va appauvrir les salariés d’une manière jamais vue si des mesures conséquentes ne sont pas prises rapidement ».
Anne-Claire Pophillat
Photo : © Archives DNC
« La politique monétaire accommodante menée par la Banque centrale européenne pendant la crise du Covid, taux d’intérêt bas et apport de liquidités aux banques pour les aider à soutenir l’économie,
a été ajustée dans cette phase de forte inflation.
Les volumes de liquidités ont été réduits et les taux d’intérêt remontés. Il faut accepter un peu moins de croissance pendant un temps court pour revenir à une inflation normale d’environ + 2 %.
Sur la zone monétaire du franc Pacifique, l’Institut d’émission d’Outre-mer veille à maintenir une cohérence de taux avec la zone euro afin d’assurer la stabilité financière.
Et au vu du contexte économique, la Nouvelle-Calédonie n’ayant pas connu une reprise vigoureuse, l’IEOM maintient un niveau de liquidités élevé pour soutenir les banques et l’économie. »