L’activité a subi de plein fouet l’impact des émeutes. « La situation économique calédonienne demeure mauvaise et les perspectives à court ou moyen terme sont très incertaines », écrivait, fin décembre, Fabrice Dufresne, directeur de l’Institut d’émission d’outre-mer à Nouméa. Apparaît « un fort attentisme des agents économiques », et ce en raison d’un défaut d’avancées significatives « tant sur le traitement assurantiel des sinistres » que « sur le plan politique ».
Après avoir enregistré une chute historique, l’indicateur du climat des affaires est remonté légèrement au troisième trimestre 2024, mais demeure à un niveau particulièrement bas. Des experts le pensent : tant que les acteurs privés n’évoluent pas dans un environnement stabilisé, le véritable regain d’activité restera un vœu.
Pour le Medef-NC, au moins deux enjeux doivent être traités afin d’apporter de l’oxygène. Tout d’abord, « la poursuite du soutien aux entreprises » sous la forme notamment du financement de l’indemnisation au chômage, pointe le délégué général, Cédric Faivre. La volonté étant de maintenir les compétences et d’éviter un drame social. Un autre axe est de « donner de la perspective aux entreprises » à travers un programme de réformes, qui intègre, selon le Medef, « une réduction drastique de la dépense publique ». Et là, il y aura débat.
SIGNE POSITIF
Le risque d’effondrement de l’économie existe-t-il ? Les différentes aides de l’État ainsi que du territoire permettent de ne pas accroître le nombre de défaillances de sociétés. Signe positif dans le climat ambiant, sur le plan bancaire, le conseil de surveillance de l’IEOM a décidé de baisser ses taux d’intérêt directeurs à compter du 26 décembre. Cette mesure « permet de soutenir la confiance des ménages et des entreprises et d’assouplir les conditions financières dans la zone franc Pacifique ».
Les analystes ont néanmoins bien du mal à qualifier l’année 2025 sur le terrain économique, tant le volume d’incertitudes est lourd face aux multiples enjeux : accord politique à écrire, élections provinciales, niveau du soutien financier de l’État, vitesse de déconstruction d’entreprises et de reconstruction… « Nous sommes descendus tellement bas que nous ne pourrions que remonter », juge un économiste. « Mais toujours progressivement. »
Yann Mainguet