[DOSSIER] « Desserrer l’étau »

Semaine de flottement en Nouvelle-Calédonie. Le président de la République est arrivé jeudi 23 mai après 11 jours de violences inédites dans l’agglomération.

Emmanuel Macron s’est fixé comme objectif de rétablir l’ordre dans les jours suivants. Il a rencontré le porte-parole de la CCAT et a demandé que les barrages puissent être levés. Condition nécessaire à l’ouverture de négociations « concrètes et sérieuses ». La CCAT et le FLNKS ont appelé à « desserrer l’étau ». Mais le calme n’est pas vraiment revenu. De graves exactions ont encore été commises, les barrages n’ont pas été levés d’eux-mêmes. Seuls les renforts exceptionnels déployés sur le territoire ont permis une amélioration. Par endroits.

Dimanche 26 mai, l’Élysée a annoncé que le président avait décidé de ne pas reconduire l’état d’urgence. Objectif énoncé : « permettre les réunions des différentes composantes du FLNKS et les déplacements sur les barrages des élus ou responsables en mesure d’appeler à leur levée ». Comprenez qu’un certain nombre était assigné à résidence. Depuis, ils s’expriment en faveur d’un assouplissement des blocages (retrait de l’alcool aussi), mais pas de leur levée. Le mouvement doit même continuer sur sa lancée, entend-on, comme s’il était une réussite. « On va chercher Kanaky », désormais plus que le retrait de loi sur le dégel.

Au même moment cependant, les hommes fatiguent. Et la justice travaille d’arrache-pied pour poursuivre les émeutiers et les donneurs d’ordre, ce qui désorganise le mouvement.

Les discussions politiques sont aussi engagées avec la mission du dialogue, même si le président a totalement raté l’effet symbolique. Un accord global est-il d’ailleurs toujours possible ? Tout cela laisse un goût plus qu’amer. Les événements de ce mois de mai ont marqué le début d’une crise profonde. Une crise politique accentuant encore les divisions au sein des différentes mouvances, une crise économique dont on visualise à peine les contours, une crise sociale et une crise de l’éducation également.

Chloé Maingourd