[DOSSIER] Les partenaires essentiels de l’audiovisuel

Silhouette of a TV cameraman against a cloudy sky. Post processed to look as during sunset.

Pour que les films soient produits et vus par le public, que le secteur progresse, se structure et rayonne, les diffuseurs sont des partenaires essentiels. Ce sont les chaînes de télévision, les cinémas, mais aussi les festivals qui tentent de faire connaître et apprécier les productions locales. Tour d’horizon avec des acteurs clefs du secteur.

DELPHINE OLLIER VIDIN

Déléguée générale du festival de La Foa

Les prix du festival peuvent donner un élan »

© Archives DNC

« Le festival du cinéma de La Foa rythme, quelque part, le calendrier des productions. Les prods savent que l’on va réclamer les films à telle période de l’année. C’est une fenêtre de diffusion et une source de visibilité pour les films primés.

Il peut y avoir des rediffusions en salle, comme avec Cinéma D’ici et d’ailleurs, ou sur La Nuit de la réalisation calédonienne sur NC La 1ère. Et les prix peuvent aussi donner un élan, l’envie de participer à d’autres festivals.Sur la première décennie du festival, les uns et les autres ont appris à faire connaissance, constitué des équipes et progressé ensemble. Ensuite, on a vraiment vu une progression technique sur la deuxième. Maintenant, il y a une vraie difficulté pour les producteurs de fiction, en particulier sur les formats courts.

C’est difficile d’être produit. Mais malgré toutes ces difficultés, le fonds audiovisuel existe et je suis très admirative de ces producteurs- réalisateurs et de leur parcours. En ce qui nous concerne, comme tout le secteur culturel, nous faisons aussi avec moins, mais nous avons la chance de continuer à exister. »

 

NATHALIE DALY

en charge de l’antenne et des programmes TV – NC La 1ère

Nous aidons, par des commandes, les producteurs et réalisateurs »

© Delphine Mayeur

« Nous faisons beaucoup appel aux producteurs pour la fabrication de documentaires qui représentent un travail long et pour lequel nous n’avons pas les moyens humains. Cela permet également de faire « vivre » la création.

Notre rôle n’est pas seulement de diffuser des programmes, mais nous aidons aussi, par des commandes, les producteurs et réalisateurs du pays.

Il nous arrive souvent d’apporter ce que l’on appelle dans notre jargon « de l’industrie », à savoir des moyens de montage, mixage ou prises de vues qui sont alors effectués par du personnel de NC La 1ère. La majorité des programmes quotidiens, hebdomadaires ou mensuels sont faits en interne (Casse pas la tête, Plein cadre, Des racines et des plantes, Dakata, etc.).

Quelques programmes réguliers sont en revanche fabriqués entièrement par des producteurs extérieurs (Inhim, Les petits cailloux, Caledinno, les courses hippiques, Les feintes de Kingtaz). Enfin plus de 95 % des documentaires, qui alimentent Itinéraires, sont fabriqués par des producteurs extérieurs (France ou NC, éventuellement Australie ou autre pays de la région lorsqu’il s’agit du FIFO) avec un apport de moyens humains de NC La 1ère. »

 

RENÉ BOUTIN

Directeur artistique du festival Ânûû-rû Âboro

Une école du documentaire »

© FIFO

« Le festival Ânûû-rû Âboro existe depuis 2007. Il a été annulé en 2020-2021 en raison de la crise du Covid. On va le tenir cette année (NDLR du 14 au 22 octobre) avec des bénévoles, sans invités car on est dans une situation très précaire.

L’ambition était de développer l’audiovisuel et le documentaire en particulier. On a choisi de montrer des films internationaux pour leur qualité avec aussi une compétition du Pacifique où figurent les productions locales. Ça leur donne une visibilité, car c’est un festival reconnu. On reçoit quand même 3 000 films internationaux, 150 de la région dont quelques-uns de Nouvelle- Calédonie. Dès le début, on a aussi proposé des formations pour les réalisateurs, organisé des rencontres de coproduction avec les réalisateurs de l’extérieur.

Et à l’issue, une centaine de films ont été produits ! Mais on a été obligé d’arrêter la production. Les associations n’ont pas accès au fonds de soutien. Ce festival est avant tout une école du documentaire, et les films ont gagné en qualité. Sur les quinze dernières années, je remarque une vraie exigence du public. À Poindimié, le public sait faire la différence entre un bon et un mauvais documentaire ! »

 

Ashley Vindin

Directeur de Caledonia
La production locale et régionale représente 70 % de notre grille »

© Marc Le Chelard

« Caledonia soutient la production locale par le biais de dotations au fonds dédié à l’audiovisuel. On finance directement en coproduisant et on achète aussi des produits. On a acheté Nourri’tour par exemple, un programme du web fait par des youtubeurs locaux. Sur notre budget annuel de 500 millions, 6,5 environ sont consacrés à la production locale.Le reste correspond aux programmes internationaux, aux coûts de production et à notre masse salariale. Caledonia est d’abord une chaîne d’information. La production locale et régionale représente 70 % de notre grille entre les rediffusions, les inédits et les émissions.

Ce pourcentage prend en compte nos productions en interne et nos magazines cofinancés comme Histoire d’histoire. Cette année, nous avons débloqué une enveloppe de 3 millions pour financer deux documentaires. Ils devraient être diffusés en 2023. Nous avons fait un appel à projets avec des thèmes imposés. »

 

FRANCK CARPENTIER

Directeur général de Canal+ Nouvelle-Calédonie

Nous suivons les attentes de nos abonnés »

© Ethnotracks

« Nous finançons la production locale dans les 100 millions de francs par an à travers les coproductions, les fonds de soutien ou le festival de La Foa. Nous soutenons entre 10 et 15 projets chaque année. Ce sont des courts métrages, des films d’animation et des documentaires qui sont diffuséssur Canal+ Calédonie, Canal+ Outremer et Pacifique+. Des créations rejoignent aussi notre catalogue premium, Canal+ France. Par exemple, les documentaires Porté par la houle ou L’autre femme. Nous choisissons les sujets en suivant les attentes de nos abonnés, l’actualité, notre ligne éditoriale et le plan de financement des projets.

On veut toucher tous les spectateurs et répondre à toutes les attentes. Chaque année, nous essayons également de donner une chance à de nouveaux réalisateurs et à de nouveaux producteurs. »

 

MK2 DE DUMBÉA

Des idées valent la peine d’être produites »

Les projets ne manquent pas du côté du Mk2 Dumbéa. Depuis son ouverture en décembre, le multiplexe a déjà été sollicité à de nombreuses reprises et certaines propositions ont déjà retenu son attention. « On réfléchit à un projet de long métrage et à une série d’animation. On essaye de voir comment faire bénéficier de notre expérience de producteur et de distributeur », annonce Séverine Lathuillière, directrice générale du Mk2 Dumbéa. Le multiplexe souhaite faire un focus sur des sujets sociétaux et environnementaux.

L’objectif ? Propulser la création locale sur le devant de la scène. « C’est important d’essayer d’amener un long métrage dans des festivals internationaux et dans les festivals comme Berlin ou Cannes, pour promouvoir la Calédonie et ses talents », ajoute-t-elle.

Mais pour réussir, une politique culturelle s’impose selon le Mk2. « On a aujourd’hui un gouvernement, l’État, qui doivent absolument repenser leur soutien à la culture. On manque de formation ici », indique Séverine Lathuillière. « C’est difficile de développer ce secteur s’il n’y a pas une politique culturelle qui l’accompagne. C’est ce qu’il se passe partout. Il y a le besoin d’un cadre réglementaire, d’aide et de soutien. Il faut une réflexion qui soit menée sur ces sujets sinon ça restera très embryonnaire », annonce Philippe Aigle, président du Mk2 Dumbéa.

La direction du cinéma reste cependant très confiante. « C’est un pays chargé d’histoires extrêmement intéressantes. De tous ces mouvements naissent des idées qui valent la peine d’être produites ».

CINÉCITY NOUMÉA

Le « Cinéma d’ici et d’ailleurs » met en lumière les productions calédoniennes

Le soutien du CinéCity à la production locale ne se limite pas au prix qu’il décerne au festival de La Foa. Le cinéma propose la programmation « Cinéma d’ici et d’ailleurs ».

L’association, derrière cette sélection, organise depuis 2015 deux séances quotidiennes de films internationaux en version originale sous-titrée.  En première partie, un clip ou un court métrage local est projeté. Ces créations ont, la plupart du temps, été présentées au festival de La Foa.

Le CinéCity a aussi diffusé pendant plusieurs semaines The Rob Mission, la fiction spatiale de Terence Chevrin.

C.M., B.B. et E.B.

Photo : Shutterstock

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