[DOSSIER] Des comptes dans le rouge vif

Selon la CTC, la reconstruction du pont de Lekine à Ouvéa a donné lieu à un dépassement d’un an du délai et à un coût des travaux supérieur d’un milliard de francs à l’estimation initiale. (© Provinces des Îles Loyauté)

Des élus s’inquiétaient de la gestion de la province. Un rapport sonne l’alerte.

La comptabilité provinciale est prise en tenaille : beaucoup de dettes et pas de trésorerie. « Comment va-t-on s’en sortir sans l’État ? », s’interroge un Loyaltien. La Chambre territoriale des comptes, dans un rapport publié en novembre, a mis en lumière les lourdes difficultés financières de l’institution basée à Wé. « La province des Îles a accru son effort d’investissement depuis 2018, menant d’importants travaux d’infrastructure », observent les magistrats.

Pêle-mêle, reconstruction du pont de Lekine, aménagement de structures aéroportuaires et maritimes, bâtiments culturels et sportifs, etc. Mais ces programmes, « compte tenu de la faiblesse de l’épargne », ont été soutenus par de l’endettement « qui atteint aujourd’hui un niveau élevé ».

Le fonds de roulement a été absorbé. La dette provinciale représentait en 2022 l’équivalent de 13 années d’épargne brute, soit bien au-delà du seuil prudentiel de sept ans. La situation de trésorerie de la collectivité est très tendue, au regard « d’un important niveau de créances non recouvrées, ce qui la conduit à devoir différer le paiement de ses fournisseurs », mentionne la CTC. Le mécanisme n’est pas du tout vertueux.

UN QUASI-DOUBLEMENT

Un autre point retient l’attention. Les dépenses de personnel de la province évoluent « de manière particulièrement dynamique », passant de 4,9 milliards de francs en 2018 à 6 milliards en 2022, soit une augmentation totale de 21 %. Le montant des rémunérations de l’effectif fonctionnaire a augmenté de 23 %, et celui des contractuels connaît une évolution encore plus forte. Le nombre d’agents temporaires s’est envolé : 90 fin 2018 à 175 quatre ans plus tard. Soit un quasi-doublement.

Face aux recommandations souvent très appuyées de la Chambre, Jacques Lalié a affiché, en réponse, la volonté de concevoir « un plan d’action ». L’état financier de la province suscite toutefois, aujourd’hui, beaucoup d’inquiétudes. Au point où, selon des observateurs, plusieurs années de rigueur seront nécessaires avant un rétablissement des comptes.

Y.M.