[DOSSIER] Ces Calédoniens engagés dans la Libération

Le Bataillon du Pacifique est né le 3 mai 1941. « Cette contribution océanienne aux combats pour la libération de la France revêtait une haute signification », a indiqué le général de Gaulle. (© Ouvrage Histoire du gaullisme en Nouvelle-Calédonie)

Les vétérans et témoins ont raconté les faits. L’année 2024 marque le 80e anniversaire de la Libération de la France. Si, dans l’Hexagone, l’anniversaire est salué tant sur d’anciens terrains d’opérations militaires que dans les mairies et les classes d’école, les Outre-Mer ont aussi leur part dans la victoire contre l’horreur nazie.

Comme les historiens locaux le rappellent souvent, la société calédonienne fut bouleversée et même, par endroits, transformée par une arrivée massive de GI sortis d’un autre monde, les États-Unis. « De 1942 à 1945, la Nouvelle-Calédonie constitua une des bases arrière essentielles et une pièce maîtresse des troupes américaines et alliées lors de la guerre du Pacifique, contribuant notamment au déploiement stratégique et au soutien logistique de la guerre de reconquête menée par les forces américaines contre le Japon », souligne le ministère des Armées sur un site intitulé Chemins de mémoire.

Mais la participation des Calédoniens ne s’arrête pas à un accueil de forces militaires. Entre juin et septembre 1940, la population européenne s’organise pour placer le territoire dans la Résistance, et réussit par un coup d’État le 19 septembre avec l’aide de l’Australie et du général de Gaulle. Ce jour-là, le pouvoir est remis au gouverneur Sautot désigné par le général au nom de son mouvement de Résistance : la France Libre.

Le Bataillon du Pacifique est créé début mai 1941. Un mois plus tard, 605 volontaires dont 287 Calédoniens y sont inscrits. « Les engagés volontaires du Bataillon du Pacifique vont s’illustrer successivement en Afrique du Nord, à Bir-Hakeim, puis dans les campagnes d’Italie et de la Libération de la France », ajoute le service ministériel. Des rues de Nouméa, des exercices militaires ou encore un patrouilleur portent le nom de certains de ces soldats.

DANS LE FILM LE BATAILLON DU CIEL

Les Calédoniens les plus nombreux ont intégré le Bataillon d’infanterie de marine du Pacifique, ou BIMP, réputé pour avoir participé au débarquement de Provence. Deux autres ont rejoint le fameux Bureau central de renseignements et d’action, BCRA, créé à Londres, en Angleterre.

Sept hommes originaires du Caillou, parachutistes du Special Air Service, ont sauté sur la Bretagne, derrière les lignes allemandes, en juin 1944. Leur mission : former et aider les résistants dans leurs opérations de sabotage des moyens de communication et des ponts.

Parmi eux, Henri Brown, surnommé « le Canaque », né sur l’îlot Mwack en face du village de Poum. Son histoire, honorée de la croix de guerre, a inspiré un personnage, interprété par le célèbre chanteur Mouloudji, dans le film d’Alexandre Esway, Le Bataillon du ciel, tiré du livre de Joseph Kessel.

Fait que vous révèle cette semaine DNC en exclusivité, deux Calédoniens figuraient dans les rangs des 177 Français engagés dans la célèbre opération anglo-saxonne du 6 juin 1944, le débarquement de Normandie. L’événement, l’une des phases capitales de la Seconde Guerre mondiale, a rassemblé 156 000 militaires. Jean Pinelli et Déménic Palane de Lifou ont leur nom associé au D-Day. À jamais.

Y.M.