Inflation grandissante en Nouvelle-Calédonie à la suite de l’insurrection commencée au mois de mai. L’Institut de la statistique et des études économiques fait état, au mois de juin, d’une « augmentation record » de 3,7 % des prix de l’alimentation.
« Il faut remonter à 1983 pour trouver une hausse mensuelle équivalente », confirme Paul Tumahai, responsable du département statistique de prix et transactions immobilières à l’Isee, service notamment chargé de produire l’indice des prix tous les mois.
La progression est observée sur toutes les classes de produits : les fruits (5,9 %), les pains et céréales (5,2 %), les œufs et produits laitiers (4,2 %), la viande (3,8 %, essentiellement tirée par le poulet), les huiles et les graisses (3,7 %), les poissons (3 %), ou encore les légumes (2,8 %) et les boissons non alcoolisées (4 %). La principale difficulté, répercutée sur les prix, serait l’acheminement.
La même tendance est constatée pour les produits manufacturés, sur les produits de soin et d’hygiène (5,3 %) et d’entretien ménager (5 %). À l’inverse, l’Isee note une baisse des prix des produits liés aux animaux, des vêtements, textiles, de l’outillage, des équipements de téléphonie, « ce qui peut correspondre à des actions de promotion ou de déstockage », explique Paul Tumahai.
Les prix des services sont épargnés par ce bond en avant (0,4 %) sauf au niveau des tarifs du transport aérien international (4 %), du transport maritime (7,9 %) et de l’hébergement (1,3 %). Le tabac, contrôlé, reste stable, comme les prix de l’énergie (1 %) dont la variation est essentiellement liée à la progression des prix des carburants (2,4 % pour l’essence, 1,3 % pour le gazole).
Le phénomène inflationniste n’est pas nouveau avec une hausse des prix à la consommation de 1,4 % sur un an (3,2 % pour l’alimentaire), mais il inquiète d’autant plus dans un contexte de chômage grandissant (7 000 pertes d’emploi, 24 000 anticipées), de caisses vides pour la puissance publique en raison des milliards de pertes liées aux destructions. De fait, explique l’Isee, « 20 % des ménages les plus modestes subissent une inflation plus élevée que celle de l’ensemble des ménages », 1,4 % sur le mois de juin (contre 1,3 au global) mais surtout 2,2 % à l’année (contre 1,4 %).
Consommer devient de plus en plus difficile, pourtant c’est un des leviers pour éviter l’effondrement. D’ici 15 jours, le prochain indice des prix devrait donner une tendance chiffrée sur la persistance de ce phénomène.
C.M.
Dossier par Anne-Claire Pophillat, Yann Mainguet et Chloé Maingourd