[DOSSIER] Aide de l’État : réactions

Philippe Michel estime qu'une aide massive de l'État est une urgence absolue pour éviter "l’effondrement total" du pays avant la fin de l’année. (© Archives A.-C.P.)

Philippe Michel, président du groupe Calédonie ensemble au Congrès

Sensibiliser Paris « maintenant »

Après la déclaration de politique générale prononcée par Michel Barnier, le projet de loi de finances 2025 sera déposé sur le bureau de l’Assemblée nationale avant le 15 octobre. « C’est donc maintenant qu’il faut sensibiliser le Premier ministre, le gouvernement et les groupes parlementaires de l’Assemblée nationale et du Sénat à l’urgence absolue d’une aide massive de l’État pour éviter l’effondrement total de notre pays avant la fin de l’année », note Philippe Michel, dont le parti a impulsé le déplacement d’une délégation à Paris pour défendre le plan quinquennal 2024-2029. « La constitution d’un comité interministériel pour la reconstruction de notre pays sous l’égide directe de Matignon » est notamment visée.

Ce plan, exposé en ce moment dans la capitale, exprime un besoin de 500 milliards de francs auprès de l’État : 250 milliards pour la reconstruction des entreprises et des infrastructures publiques détruites ou, encore, 50 milliards correspondant aux pertes de recettes fiscales et de cotisations sociales. Sauf que NC ÉCO, le Palika et Les Loyalistes ne se sont pas rendus à Paris. « Aucun groupe politique ne s’est opposé » au plan 2024-2029 au Congrès le 28 août, relève Philippe Michel. « L’unité indispensable » était « totale » jusqu’à la commission des forces vives le 16 septembre. « Je ne peux que déplorer les polémiques inutiles de dernière minute sur le calendrier de ce déplacement » ajoute l’élu, pour qui les initiatives plan quinquennal et S2R « sont complémentaires ». Le plan vise à « structurer » l’aide financière de l’État, tandis que le schéma S2R invite à « programmer les réformes indispensables ».

 

 

Yannick Slamet, membre du gouvernement

« Nous sommes en mode survie jusqu’en décembre »

Selon Yannick Slamet (au centre), le soutien de l’État devrait être le même pour finir 2024. (© Archives A.-C.P.)

La dernière aide de l’État couvre les besoins essentiels pour les mois de septembre et octobre. « Je formule les demandes et Paris y répond au franc près. Après avoir âprement discuté, j’ai pu obtenir 13 milliards de francs », indique Yannick Slamet. Et après ? Le soutien devrait être « le même pour finir 2024, selon des conditions similaires. Nous sommes en mode survie jusqu’en décembre ».

En 2025 viendra le temps de « la sauvegarde ». Et celui des réformes, auxquelles sont désormais conditionnés les versements. Le gouvernement y travaille avec son plan S2R (sauvegarde, refondation et reconstruction), en cours d’élaboration. L’exécutif souhaite que les partenaires ‒ collectivités, organisations patronales et syndicales, société civile ‒ parviennent à un accord sur la façon de modifier le système existant dans les domaines de la fiscalité, de la santé, du social, de l’institutionnel… En ligne de mire, l’examen du projet de loi de finances 2025 (PLF) à l’Assemblée nationale.

« Le calendrier de l’État est une complication », estime Yannick Slamet, car une conférence autour du plan S2R est programmée les 10 et 11 octobre, ce qui laisse peu de temps pour finaliser le document. L’idée serait « de fournir un cahier des charges en amont, une sorte de préprojet chiffré » qui puisse être intégré au PLF. Visiblement, l’exécutif central souscrit à la démarche. « J’ai exposé ce que je voulais faire à l’État et je n’ai pas eu d’opposition. » Mais, avant Paris, le plan doit passer par le Congrès. Une étape couperet ? « S’il n’est pas adopté, cela freinera l’octroi des aides. »

 

 

Georges Naturel, sénateur

« L’État ne peut se dérober à ses responsabilités »

Georges Naturel plaide pour une coordination des initiatives entre le Congrès et le gouvernement. C’est « crucial ». (© DR)

Le montant de 500 milliards de francs mentionné dans le plan quinquennal, même s’il reste à affiner, semble cohérent aux yeux de Georges Naturel. « Une injection massive de fonds est indispensable pour assurer la survie de nombreuses entreprises et la relance économique », relève le sénateur. Mais ce programme ne sera efficace que s’il est mis en œuvre de manière concertée : il est ainsi « crucial », selon le parlementaire, que les initiatives soient « coordonnées entre le Congrès et le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie en concertation avec d’autres acteurs institutionnels et économiques afin de garantir un résultat satisfaisant ».

Le Premier ministre Michel Barnier estime que la situation budgétaire de la France est « très grave ». Cependant, « l’État ne peut se dérober ici à ses responsabilités. La solidarité nationale doit être mise en œuvre pour sauver l’économie calédonienne », appuie l’ancien maire de Dumbéa, qui compte bien poursuivre son travail dans la capitale pour obtenir les crédits. Ces enveloppes doivent être votées. « Compte tenu de la crise profonde que traverse la Nouvelle-Calédonie, je suis convaincu que chaque parlementaire, tant au Sénat qu’à l’Assemblée nationale, est pleinement conscient de l’urgence économique et sociale. »
Le calendrier prévoit un vote du budget 2025 d’ici fin novembre. « Comme convenu avec mes trois collègues parlementaires, Nicolas, Robert et Emmanuel, nous allons associer nos efforts dans nos sphères d’influence respectives pour défendre à Paris au mieux l’intérêt de tous les Calédoniens », estime Georges Naturel. Après le chômage partiel et le fonds de solidarité, les autres soutiens financiers doivent être « débloqués au plus vite. C’est mon objectif ».

 

Propos recueillis par Y.M. et A.-C.P.