Depuis six mois, la sécheresse sévit sur la Nouvelle-Calédonie. Les températures battent des records, notamment au mois d’août, avec un pic à 33°C à la Ouenghi. Et la pluie se fait désirer.
Le semestre d’avril à septembre est le 6e le plus sec depuis 1957. Le déficit cumulé de précipitations atteint -40 %, avec un dernier mois particulièrement sec (-91 %). L’ensemble du territoire est concerné par le phénomène. La conséquence est inévitable. « Le risque feu est très élevé », note Météo-France. Les incendies se multiplient, notamment en province Nord. En une semaine, mi-septembre, « 800 hectares ont été dévastés à Koumac et Kaala-Gomen », indique le gouvernement dans un communiqué.
La plupart des sinistres étant d’origine humaine, l’exécutif invite la population à la « vigilance » et à adopter un « comportement responsable ». D’autant que ces brasiers « causent d’importants dommages, notamment sur le plan écologique, et menacent la biodiversité ». Surtout, ils sont gourmands en moyens humains, matériels et financiers, pas nécessairement bien répartis sur la Grande Terre. Poum, commune d’ordinaire particulièrement affectée ‒ c’est le cas encore cette année ‒ en manque, par exemple. Saison de feux de brousse et de feux urbains. Car, en plus de la sécheresse, les équipes sont confrontées, depuis plus de quatre mois, à une recrudescence importante des incendies dans l’agglomération.
FATIGUE GÉNÉRALE
Les exactions touchent les pompiers, fortement sollicités. Le nombre d’intervention a explosé, souligne Anthony Guépy, officier à la Direction des services d’incendie et de secours à la ville de Nouméa. « En deux semaines, le nombre de feux urbains a dépassé celui à l’année. » En temps normal, les sapeurs professionnels et volontaires mènent annuellement environ 5 000 opérations feux, dont 30 % en ville. « Là, en quelques mois, cela en a représenté plus de 3 000. » Soit une trentaine d’interventions par nuit.
Les conditions d’exercice sont éprouvantes. Le risque permanent. Sans compter les difficultés d’accès à certains sites en raison des barrages, les agressions et prises à partie, témoigne le capitaine Alexandre Rossignol de la Sécurité civile. « Le plus difficile à vivre. » Des pompiers sont menacés, d’autres se sentent en danger. Les hommes et les équipements sont fatigués. Certains évoquent des burn-out parmi le personnel.
Les installations ont également été victimes des flammes, qui ont ravagé le futur centre de première intervention de Tontouta. Celui de régulation et de traitement des appels 15/18 de la Nouvelle-Calédonie, détruit, n’aura même pas eu le temps d’être mis en service. Seul soulagement, les renforts venus de l’Hexagone.
Cette situation compliquée accentue d’autant plus les manques du statut des pompiers, dénoncés par les professionnels depuis dix ans : absence de retraite pour les volontaires, indemnités différentes selon les communes, la non prise en compte des acquis et de l’expérience.
Dans ce contexte, l’annonce de l’installation de La Niña ce trimestre, entre septembre et novembre, présage-t-il d’une accalmie des feux de brousse ? Pour les Calédoniens, qui l’ont subi trois années de suite de 2020 à 2023, c’est un mauvais souvenir. La bonne nouvelle, c’est que si elle reste jusqu’en mars, elle devrait être de faible intensité, selon Météo-France. Les températures devraient tout de même être plus chaudes et les pluies supérieures aux normales à partir de la fin de l’année.
Anne-Claire Pophillat