[DOSSIER] 2025, une année d’inconnues

Ludovic MARIN / AFP

La politique est souvent cruelle. Alors que les Calédoniens préparaient les festivités de Noël, Louis Mapou a adressé le 24 décembre, en début d’après-midi, une lettre de vœux à ses concitoyens. Une pensée couronnait le texte : « Dessinons une trajectoire collective pour une nouvelle Nouvelle-Calédonie« .

Le leader de l’UNI, le regard fixé sur 2025, assurait de sa volonté de « remettre la Nouvelle-Calédonie sur le chemin de la stabilité et du renouveau. Ce n’est pas une tâche facile, mais elle est nécessaire« .

Quelques heures plus tard, juste avant de passer à table, ce 17e gouvernement tombait. Pour de bonnes ou de mauvaises raisons, là n’est pas le propos. Les difficultés, elles, demeurent. Leur poids est écrasant. Jamais le territoire n’a eu à gérer autant d’urgences en si peu de temps. L’économie est à terre et une reprise est essentielle. Deux usines de nickel sur trois cherchent un repreneur. À défaut, la fermeture des sites sera actée. Tandis que le dernier complexe métallurgique à Doniambo est à bout de souffle.

Les finances publiques sont exsangues et leur redressement incertain. Sur une place politique décomposée, élus et responsables de parti doivent s’entendre sur des points sensibles, tels que le corps électoral provincial et l’autodétermination, et écrire un accord sur l’avenir institutionnel. Le tout, dans un calendrier hypercontraint et face à des attentes fortes. Est-ce possible ? D’autant que, si les troubles sont passés, un climat de tension persiste.

« PIRES CONDITIONS »

Bientôt, le nouveau président du gouvernement, Alcide Ponga, donnera des indications et peut-être quelques clés, dans sa déclaration de politique générale. Encore une fois, il faut faire vite. « En raison de l’attente du versement des taxes affectées par la Nouvelle-Calédonie« , les aides à l’agriculture et à la pêche de l’Agence rurale sont suspendues depuis le 1er janvier pour toutes les productions à venir. Une « situation inédite« . Voici un exemple, il y en a d’autres. Les soutiens financiers de la République sont conditionnés. « La Nouvelle-Calédonie n’a jamais voulu réformer son économie et l’État en a marre, observe un économiste. Ces réformes se feront dans les pires conditions : sous l’effet de la crise. »

Autre bémol de taille, 2025 est une année électorale, avec en théorie un scrutin provincial dans le second semestre. La fougue des dirigeants politiques en campagne, voire souvent la radicalité de leurs propos en de telles circonstances, se heurteront de plein fouet à la discipline et à la sérénité nécessaires pour surmonter les épreuves. Et le périmètre ne sera pas que local. L’éventuelle chute du gouvernement Bayrou aura bien entendu des conséquences dans l’archipel, tant sur les plans financiers que politiques. De plus, « tout ce qui va aller vers Mayotte, c’est ce qui sera en moins pour la Nouvelle-Calédonie », estime un analyste un brin pessimiste.

Le territoire fait-il désormais peur ? La question doit être posée, après le départ de 10 000 habitants en 2024, selon certaines sources ‒ mais le chiffre est discuté. L’hémorragie démographique signifie une érosion de la consommation et une perte de compétences. Le recensement de la population, prévu dans quelques mois, clarifiera la situation. Déjà sur ce point-là. Y.M.