Dix beaux projets pour le handicap

Dix associations et établissements scolaires vont pouvoir réaliser leurs projets en faveur du handicap retenus dans le cadre d’un appel à projets du centre communal d’action sociale de Nouméa.

La salle était comble mardi soir, à la mairie de Nouméa, pour la cérémonie annuelle de remise des récompenses de cet appel à projets inscrit dans le cadre du programme municipal « Bien vivre son corps et son handicap ». Celui-ci permet aux structures de développer leurs projets qui visent à améliorer les conditions de vie et le quotidien des personnes en situation de handicap.

Sonia Lagarde, maire de Nouméa, était accompagnée de nombreux élus, désireux de féliciter en personne les porteurs de projet. Au total, 18 dossiers ont été soumis cette année au CCAS, centre communal d’action sociale, et 10 ont été retenus. Parmi les critères de sélection : le caractère innovant, le nombre de personnes impactées, les perspectives de lien social ou encore leur durée. Les associations et classes spécialisées recevront un peu plus 2,5 millions de francs de subventions, une enveloppe en augmentation par rapport à 2020.

Se frotter aux autres en athlétisme

Le premier prix a été décerné à l’association sportive du collège de Normandie et au comité provincial Sud d’athlétisme. Leur projet va permettre l’inclusion d’une vingtaine d’élèves en classes Ulis à toute la saison sportive, de l’entraînement aux compétitions en passant par l’organisation de rencontres avec des membres du pôle France de Nouméa. « Notre objectif est d’inclure ces jeunes aux autres et d’ajouter de plus en plus de handisport à la compétition, un peu plus sur le modèle anglo-saxon, explique Florian Geffrouais, président du comité provincial Sud et professeur d’éducation physique et sportive au collège, qui a observé que des jeunes atteints de surdité avaient, par exemple, de meilleurs résultats que les valides. Le sportif de haut niveau pense déjà à une préparation des Jeux olympiques des sourds et muets en 2025. En attendant, les subventions vont permettre de financer les licences et les déplacements sur les compétitions.

Se faire prendre en photo pour la confiance

Autre projet intéressant, celui porté par l’association des parents et amis de personnes handicapées intellectuelles et son établissement spécialisé d’activités dirigées (Ésad-Apei) intitulé « Mon œil ou comment photographier avec la différence ». Le projet, présenté l’année dernière, mais non réalisé, prévoit l’organisation d’une séance de portraits pour 35 adultes atteints de déficience intellectuelle. Un travail qui sera réalisé par Dominique Roberjo. « Chacun posera individuellement avec un objet, une tenue, quelque chose qui le représente, détaille Mathilde Nourry, chef de service de l’Ésad- Apei. L’idée est de renforcer leur image et la confiance en eux, qu’ils ne soient pas vus que par leur handicap… Nous travaillons d’ailleurs beaucoup sur la façon de se présenter, de se tenir, sur l’hygiène. » Une exposition sera présentée aux familles et l’Ésad aimerait, pourquoi pas l’année prochaine, monter une campagne d’affichage dans la ville pour faire bouger justement les regards.

Jardiner et rencontrer ses voisins

L’association pour le soutien des enfants et adolescents déficients (Asead) a misé, de son côté, sur la terre et le grand air avec son projet « J’peux pas, j’ai jardin ! » qui bénéficiera à une quinzaine de jeunes. Ils vont pouvoir, avec leur subvention, mettre en valeur la parcelle dont ils bénéficient au jardin familial de Magenta, selon les principes de la permaculture. Les fonds vont servir à l’achat d’une serre, de jardinières et de matériel de jardinage ainsi qu’à l’encadrement. Le projet est aussi « partagé avec les personnes du quartier », il vise à développer les liens avec les autres bénéficiaires des parcelles nous raconte Delphine, une jeune suivie par l’Asead. Elle explique également qu’un panneau a été réalisé à l’entrée de la parcelle en hommage à Déborah, jeune fille du groupe, décédée l’année dernière.

Monter un groupe de musique pour profiter de la vie

On retiendra également le projet porté par l’association Hippocampe, qui soutient des personnes psychotiques et leurs familles. Quelques jeunes, Sharif, Axel, Johen, Cyril et Arno, ont eux-mêmes monté et présenté leur projet : lancer un groupe de musique ! L’idée est de rompre l’isolement de chacun et de mettre en valeur leurs aptitudes musicales. « On va acheter des instruments et répéter ensemble. On a déjà des morceaux qui sont composés. Ce sera du jazz-rock », nous dit l’un des membres de ce futur groupe, avant de slamer quelques mots « La vie est courte, le temps s’écoule, le temps d’une vie et tout s’écroule » et d’imaginer, pourquoi pas, la sortie d’un disque.

C.M.