Plusieurs de ses centres d’hémodialyse ayant été vandalisés à Kaméré, Païta et Dumbéa-sur-Mer, l’association pour la prévention et le traitement de l’insuffisance rénale met tout en œuvre pour assurer malgré des soins aux malades.
« Deux patients sont morts. » Odette Carceles, médecin néphrologue à l’association pour la prévention et le traitement de l’insuffisance rénale (Atir), vit un cauchemar éveillé depuis une semaine. « Certains ne peuvent survivre sans dialyse pendant plus de trois ou quatre jours. » Or, la semaine dernière, plusieurs centres ont été saccagés à Kaméré et à Dumbéa-sur-Mer, en face du Médipôle, le plus important de l’association, où se rendent plus de 200 malades trois fois par semaine.
Face à l’urgence, l’Atir a constitué une cellule de 20 personnes chargées de les appeler tous les jours pour leur demander de ne plus boire ni de manger salé afin d’éviter au maximum d’avoir envie d’uriner, sinon « ils peuvent mourir noyés ». « La dialyse sert à enlever l’eau et les déchets du corps qui sont habituellement traités par les reins. » Quand l’état s’aggrave, « nous les envoyons au Médipôle ou à la clinique quand ça passe. La clinique a pris le partir de travailler jour et nuit pour s’occuper de nos patients ».
« SOIGNER À MOITIÉ »
Les cas sont traités par ordre de priorité. Et les dialyses, qui se déroulent là où c’est encore possible, notamment à Robinson, au Mont-Dore, depuis vendredi, sont écourtées. « De quatre heures normalement, les séances passent à deux heures pour permettre au plus grand nombre d’en bénéficier. Mais c’est un demi traitement, ce n’est pas pérenne, se désole Odette Carceles, épuisée. C’est très dur de se dire qu’on en arrive à soigner les gens à moitié. C’est contre le serment d’Hypocrate. » Sans compter les 54 patients dialysés à domicile et qui n’ont pas été livrés.
L’organisation est également très compliquée, les moyens humains manquent. « On a des difficultés à se déplacer, alors on s’entraide avec le Médipôle et la clinique, on se prête des médecins et des infirmiers en fonction de la zone géographique de résidence de chacun. » L’autre problématique concerne l’aspect logistique et le besoin en matériel, les stocks étant entreposés à Panda. « On fait avec ce qu’il reste. »
Depuis sept jours, Odette Carceles ne s’arrête pas. La néphrologue fait partie de la cellule de crise. « On communique toutes les trois heures avec la clinique et le Médipôle pour faire le point, on est une vingtaine de personnes à travailler en permanence de 6 à 22 heures. »
La lueur d’espoir, lundi après-midi, est venue de Dumbéa-sur-Mer, avec la réouverture du centre d’hémodialyse, même si sur la soixantaine de postes, seuls une quinzaine « sont utilisables ». Des moyens supplémentaires vitaux pour les 700 Calédoniens dialysés.
Anne-Claire Pophillat