Chaque dernier samedi du mois, les membres de l’association Kolizé effectuent une visite en pédiatrie pour offrir une parenthèse enchantée aux jeunes patients hospitalisés.
De drôles de personnages déambulent dans les couloirs du centre hospitalier. Les professionnels de santé croisent un Jedi, une reine des glaces, un pirate et une super-héroïne prenant la direction du service pédiatrie.
« Mais de quelle planète êtes-vous ?! », s’interrogent deux femmes en s’approchant de ces spécimens rares. Facile. Ce chapeau emblématique, ces longues dreadlocks, ces bagues et ces yeux si bien maquillés… Il s’agit de Jack Sparrow de la saga culte Pirates des Caraïbes. « Capitaine Jack Sparrow ! », reprend le détenteur du costume, Mathieu Soekirno. Il ne tolère aucune approximation lorsqu’il s’agit de son statut.
À ses côtés, se tient Elsa de la Reine des neiges, connue ici sous le nom de Gabrielle Ladrech. La robe, la chevelure, la voix restent cependant les mêmes. On trouve aussi Anakin Skywalker (Star Wars) et Thor Girl de l’univers Marvel (alias Caroline Saimin). Le marteau qu’elle empoigne permet de l’identifier. « Il s’allume grâce à un interrupteur. » Un petit détail qui fait toute la différence. Tout comme son bouclier constitué de boîtes de pâtée pour chat et de tapis de yoga.
Ces héros de fiction mythiques ont été envoyés sur terre pour remplir une mission dans le monde réel : vendre du rêve aux enfants hospitalisés. Ils travaillent (bénévolement) pour le compte de l’association Kolizé avec, à sa tête, Lucy Girard. Une organisation pas du tout secrète qui s’est formée il y a tout juste un an. « Nous proposons des spectacles de danse, d’arts martiaux, de combats chorégraphiés, bien souvent costumés et des prestations de chant. Ceux qui sont dans les arts martiaux sont issus de clubs et ont de l’expérience. Ils utilisent des bâtons, des épées », dévoile la présidente qui a troqué son costume d’Esmeralda pour des oreilles de lapin, cette fois-ci.
LE RÉCONFORT, CE SUPER-POUVOIR
D’un pas assuré, l’équipe de choc arrive à destination. Ils marchent au coude-à-coude. Les infirmières du pôle pédiatrie observent leur passage au ralenti. La scène est digne d’un grand film d’action.
Toc, toc. La porte s’ouvre à peine, les yeux des enfants, allongés sur leur lit d’hôpital, se remplissent d’étoiles. « On fait une petite photo ? » Noelline, 10 ans, se prête au jeu. Tout comme ses parents. La magie opère. Elle se prolonge lorsque Ludovic Samadi fait son entrée. Le magicien réalise quelques tours avec ses cartes. « C’est un vrai plaisir de partager avec les gens », confie-t-il avant de changer de chambre avec le reste de la troupe. Lucy Girard offre un petit origami à la famille en guise d’au revoir.
Chaque dernier samedi du mois, leur entrée surprend. Chaque dernier samedi du mois, ils remplissent leur devoir : dessiner des sourires sur les visages. Il faut dire que ces célèbres personnages sont adulés, adorés par toutes les générations. Ils leur ressemblent tellement qu’ils transportent tous ceux qui croisent leur chemin. Loin, très loin de l’hôpital et de ses tracas.
Sans leur costume, ces héros ordinaires possèdent de vrais super-pouvoirs : ils apportent leur folie, leur générosité et leur joie de vivre. Un moment d’évasion qui profite autant aux enfants malades qu’à leur famille et au personnel hospitalier. Tout le monde a besoin d’un peu de bonne humeur… ou d’un Jack Sparrow pour réchauffer son cœur.
Depuis sa création, l’association Kolizé propose ses services dans de nombreux événements du Grand Nouméa : Nuit de l’horreur au Cinécity, initiation au sabre laser à Dumbéa, Festival Go Manga, animation pirates au musée maritime, gala des Mamans roses… « En l’espace d’un an, on a eu à peu près 30 animations. Pour terminer l’année, entre août et décembre, on en a 18 », informe Lucy Girard, la présidente.
Victime de son succès et ne pouvant pas être partout à la fois, l’association va lancer une campagne de recrutement pour agrandir son équipe. « On est en préparation d’un spectacle qui va être orienté médiéval fantastique », précise Lucy Girard. L’association a également prévu de promouvoir, à la médiathèque de Dumbéa, le nouveau tome d’Astérix attendu en octobre.
Edwige Blanchon