Des soutiens venus d’ailleurs

Malgré une baisse d’intérêt générale observée pour le deuxième scrutin calédonien à l’extérieur du Caillou, des représentants métropolitains, ultramarins, mélanésiens ou européens ont apporté leur soutien en faveur du non et du oui. Tour d’horizon.

Le moins que l’on puisse dire est que les paroles se sont faites plutôt discrètes durant la campagne pour ce second référendum, bien plus qu’en 2018. La faute à la situation sanitaire et sa deuxième vague angoissante, à la perte du caractère historique qu’avait présenté le premier scrutin ou à la baisse d’intérêt pour un deuxième vote en seulement deux ans, c’est selon. Dans le contexte que l’on connaît, force est de constater que la question calédonienne a perdu, pour cette fois, sa place dans les médias nationaux et n’est clairement pas une priorité des élus. Néanmoins, on a retrouvé, dans le giron politique, les soutiens habituels des partisans de la Calédonie dans la France et de l’indépendance.

Pour le non

Le président des Républicains, Christian Jacob, a été le premier à avoir exprimé sa position dans une lettre adressée aux Calédoniens. Il a rappelé l’attachement profond de sa famille politique pour la Calédonie française qui a su défendre la nation dans ses heures les plus sombres et qui, aujourd’hui encore, « vibre aux couleurs de notre grande patrie commune ». Christian Jacob formule le vœu qu’à l’instar du référendum de 2018, une majorité de Calédoniens choisissent à nouveau de ne pas dissocier notre destin commun. « Séparer le destin de la Calédonie et celui de la France serait un échec pour l’ensemble du peuple français, un retour en arrière, destructeur du rêve qui a été bâti les trente dernières années. » Il conclut en souhaitant, au-delà de cette consultation, qu’un avenir apaisé soit offert aux enfants du Caillou.

Les représentants de l’UDI (centre), Jean- Christophe Lagarde et Hervé Marseille, ont aussi exprimé leur soutien au non le 4 octobre « parce qu’à travers vous, c’est une part du cœur de notre nation qui bat dans le Pacifique ». « Nous partageons une identité nourrie par une langue, une école, et des valeurs communes », ont-ils poursuivi, et « nous partagerons demain un avenir ». Pour les centristes, « dès le 5 octobre, c’est par le dialogue et la recherche de consensus entre indépendantistes et non- indépendantistes que ce destin commun pourra continuer à s’écrire […] un dialogue que nous appelons de nos vœux et auquel l’État devra prendre toute sa part ».

Dans une vidéo diffusée sur Twitter, la présidente du Rassemblement national a également rappelé sa position. « Que le non l’emporte de nouveau et vous conforterez une fois de plus, et comme vous l’avez fait dans tous les scrutins depuis 1958, l’appartenance de la Nouvelle-Calédonie dans la France. Que le oui l’emporte et votre territoire quittera à brève échéance notre patrie pour accéder à une indépendance pleine d’incertitudes et lourde de dangers et de déchirements ». Marine Le Pen conjure les Calédoniens « de ne pas céder à l’idée d’une indépendance déraisonnable ». « Qui peut sérieusement croire qu’un État de 300 000 habitants pourrait résister bien longtemps à l’appétit de ses très puissants voisins, qui ne manqueront pas, une fois la France partie, d’user de tous leurs moyens pour mettre la main sur vos richesses géologiques et maritimes », a-t-elle ajouté dans une allusion, on l’imagine, à la Chine.

Et pour le oui

Les partisans du oui ont également leurs soutiens. Carles Puigdemont, président indépendantiste de la Catalogne lors de la tentative de sécession de 2017, député européen désormais en exil, a exprimé dans une vidéo tournée à Bruxelles, en français, son soutien et celui de nombreux Catalans à ses « chers amis de Kanaky ». « Le peuple kanak a le droit de devenir un État libre, indépendant qui appartienne à la famille des nations libres du monde », a-t-il déclaré, confiant que le oui, cette fois, pourrait l’emporter.

Le député indépendantiste polynésien, Moetai Brotherson, venu en 2018 pour participer à la campagne du oui, regrette de ne pas être présent, en raison de la situation sanitaire. Il a redit toute sa confiance dans l’avenir de Kanaky et appelé les Calédoniens à prendre conscience de leur responsabilité pour les générations futures à prendre les rênes de leur destin. « Nos luttes indépendantistes sont parallèles depuis la nuit des temps depuis que vos rebelles, vos résistants ont été envoyés chez nous, aux Marquises à l’exil et à l’inverse, les nôtres, chez vous », a-t-il tenu à rappeler. Le député affirme que les « frères de lutte polynésiens » regardent de très près ce qu’il se passe en Calédonie. Il évoque notamment la politique de peuplement qui a « rendu les Kanak en nombre inférieur », une situation qui serait, selon lui, en train de se produire en Polynésie française. Moetai Brotherson espère, quoi qu’il en soit, qu’au lendemain du référendum, dans un camp comme dans l’autre, la frustration n’entraînera pas d’actes regrettables, ajoutant au passage avoir toute confiance dans notre « sagesse » et notre capacité à nous projeter dans la construction d’un avenir partagé qui n’exclut pas. « Vos responsables politiques sont capables de mener ce processus. »

Le président du parti indépendantiste polynésien, Oscar Temaru a aussi regretté de ne pas être présent. Il a exprimé dans une vidéo son soutien et sa solidarité aux indépendantistes kanak et appelé les Calédoniens à voter oui. Dans un message à la jeunesse, il a indiqué qu’il s’agissait de la seule voie possible « si on veut que la Nouvelle-Calédonie soit prospère, un pays où il fait bon vivre, avec toutes les communautés ». Il a rappelé que la France continuerait à travailler avec ce nouvel État et que la Nouvelle-Calédonie pourrait aussi se tourner vers toutes les organisations internationales pour recevoir du soutien. « C’est cela, l’avenir. À nous d’être assez intelligents pour tirer profit de la mondialisation de l’économie. » Pour Oscar Temaru, tous les indépendantistes gagneraient en cas d’une victoire du oui en Nouvelle-Calédonie.

Enfin on peut ajouter le soutien du groupe mélanésien du Fer de lance. L’organisation appelle à voter oui, apporte toute sa solidarité aux Kanak et au FLNKS et affirme être prête à apporter son aide au nouvel État en cas d’indépendance.

C.M. ©afp