Des pistes pour stopper la fatalité routière

En 2023, la ceinture de sécurité n’est pas portée dans 73,7 % des accidents mortels. / © Thomas Samson / AFP

Une cinquantaine de Calédoniens meurent chaque année sur les routes. C’est avec ces chiffres en tête que le gouvernement et le haut-commissariat ont organisé un Forum de la sécurité routière à Boulouparis, fin octobre.  Institutions, associations, forces de l’ordre et entreprises ont été réunies pour esquisser des solutions.

  • LIMITER

Réduire la vitesse limitera-t-il le nombre de morts sur les routes calédoniennes ? Le débat a eu lieu, sans forcément obtenir l’unanimité des participants réunis au Forum de la sécurité routière à Boulouparis. « Si la vitesse était limitée d’une manière générale, cela diminuerait les vitesses excessives. Cela ne peut être que positif pour la sécurité routière », reconnaît Mireille Münkel, présidente de l’association Prévention routière. La limitation à 90 km/h est déjà en place sur les routes provinciales du Sud. Elle pourrait être étendue au Nord. « Ce serait bien qu’il n’y ait plus aucune transversale limitée à plus de 90 km/h », poursuit Mireille Münkel.

La question sur la route territoriale 1 (RT1) se pose. La chaussée à double sens est, le plus souvent, seulement séparée par un marquage au sol. La présidente de Prévention routière craint que cela pénalise tous les conducteurs, sans inquiéter les grands délinquants. « D’ores et déjà, certaines portions sont à 90 », rappelle Gilbert Tyuienon, membre du gouvernement en charge de la problématique. L’élu préfère plutôt un changement de comportement des automobilistes à une nouvelle régulation. « Il nous faut s’adapter à la route. Quand il y a un virage, il faut baisser sa vitesse. La limitation ne doit pas camoufler les vraies raisons de la mortalité routière : les comportements », insiste-t-il.

  • VERBALISER

Inutile de débattre sur ce point-là, annonce Gilbert Tyuienon. Des radars automatiques seront bientôt sur le territoire. « Ce seront des radars de chantier qui peuvent être déployés à volonté, où l’on veut et rapidement », précise- t-il. Ils ne seront pas installés à un endroit précis à l’image des dispositifs des autoroutes hexagonales, mais seront déplacés pour contrôler les vitesses des véhicules un peu partout. « L’idée n’est pas d’embêter les Calédoniens, mais d’aller chercher ceux qui ne font pas attention sur nos routes. »

Des panneaux pourraient indiquer les zones fréquemment contrôlées pour sensibiliser les automobilistes. Les contraventions financeront la politique de sécurité routière. « Cela a porté ses fruits partout où ça a été déployé : il n’y a pas de raison que cela ne marche pas ici », assure Gilbert Tyuienon L’association Prévention routière se pose seulement la question de la pérennité de telles installations. « Compte tenu des difficultés à maintenir ne serait-ce que la signalisation verticale sur les routes, je suis sceptique sur la capacité qu’on va avoir à les maintenir », souligne Mireille Münkel.

  • CONTRÔLER

Le contrôle technique deviendrait obligatoire au même titre que le permis de conduire, l’assurance et la carte grise. Tous les véhicules en circulation seraient concernés. Le sésame annuel serait accompagné d’une taxe. Celle-ci reprendrait le principe de la vignette automobile qui était basée sur la puissance fiscale et a été abandonnée en 2008. « Nous voulons rénover cette redevance routière pour financer la politique de sécurité et réglementer les véhicules autorisés à circuler, explique le membre du gouvernement. Cela permettrait de contrôler les véhicules hors d’usage qui roulent un peu partout sans autorisation, sans assurance. Beaucoup d’accidents viennent aussi de l’état du matériel et des défauts de permis de conduire. »

  • SENSIBILISER

« Ce qui manque c’est le changement de comportement ! C’est d’une simplicité affligeante. Nous devons rouler moins vite, passer le permis, arrêter de boire au volant et respecter les règles », appuie Gilbert Tyuienon. Une nouvelle campagne de sensibilisation devrait être lancée en décembre pour prévenir les comportements à risque et insister sur l’importance de la ceinture de sécurité.

Les autorités misent aussi sur la formation précoce des futurs conducteurs. L’enseignement du Code de la route dans les collèges et les lycées à la rentrée 2024 va dans ce sens. Plus d’écoles devraient aussi être dotées de pistes d’éducation routière, comme l’équipement de Boulouparis rénové dans le cadre du budget participatif de la province Sud. De nouvelles aides seront aussi débloquées pour l’association Prévention routière qui sensibilise le public scolaire. « On a atteint une limite par rapport à nos capacités. Aller plus loin, c’est compliqué », prévient Mireille Münkel favorable à la formation d’ambassadeurs au sein des associations sportives ou des tribus pour reprendre le flambeau.

En attendant, une prochaine édition du Forum de sécurité est déjà prévue en 2024 à Bourail. Chaque année, une nouvelle commune accueillera cet événement pour marteler le plus possible le message.

Brice Bacquet

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personnes ont perdu la vie sur les routes calédoniennes, selon les derniers chiffres de la Direction des infrastructures, de la topographie et des transports terrestres (DITTT) mis à jours le 6 novembre.