Des mesures pour mieux encadrer la vente d’alcool

Lever la vente à emporter d’alcool le mercredi et le week-end, instaurer des bottle shops… Ces mesures de la province Sud devraient être mises en place au premier trimestre 2020. La province a aussi des idées nouvelles concernant la délinquance des mineurs et des primo-délinquants.

S i l’action provinciale et les nouvelles mesures en matière de sécurité engagées depuis le vote du budget supplémentaire 2019 se poursuivent, avec la sécurisation des commerces, les aides aux communes ou la sécurisation des établissements scolaires, de nouveaux projets, en lien direct avec l’État, sont à l’étude et devraient voir le jour très prochainement. Ils portent sur l’abus d’alcool, la délinquance des mineurs et des primo-délinquants.

Bottle shops et levée d’interdiction

À l’issue du Conseil provincial de la prévention de la délinquance, ce mercredi, Sonia Backes, la présidente de la province Sud, a tenu à présenter les projets de mesures nouvelles, à commencer par celles portant sur la « lutte efficace contre l’abus d’alcool (…) et c’est en ce sens que le nouvel exécutif de la province Sud a la volonté de revoir son Code des débits de boissons ».

Concrètement, la province Sud a décidé de travailler à la mise en place prochaine de bottle shops, des espaces et des caisses dédiés à la vente d’alcool (séparation physique et visuelle dans les commerces). Pour ce faire, des aménagements seront nécessaires dans les commerces dans un délai raisonnable et un soutien financier de la province pour la réalisation des travaux de mise aux normes pour les petits commerces (inférieurs à 350 m2) pourra être envisagé.

Ce projet, pour être efficient, sera accompagné d’une mesure qui va sans nul doute faire réagir les administrés tant le sujet fait polémique depuis des années et qui consiste à supprimer l’interdiction de vente à emporter d’alcool le mercredi et le week-end. Si beaucoup de citoyens pensaient que cette mesure était de la compétence État, en fait, elle revient aux provinces. Et c’est en ce sens que cette mesure sera arrêtée.

Toujours sur le même thème, la province Sud souhaite que la présentation d’une pièce d’identité pour pouvoir acheter de l’alcool soit généralisée et qu’un programme de formation auprès des professionnels, en particulier les gestionnaires et salariés des débits de boissons, soit instauré. Ces différentes mesures devraient être mises en place au cours du premier trimestre 2020.

Gestion concertée

L’objectif du nouvel exécutif est clair, il faut mettre en place des mesures de nature à enrayer efficacement et fortement la problématique locale « alcool ». Pour l’atteindre, il a aussi décidé de mener une gestion concertée sur le risque alcool, « toujours très présent dans la délinquance, l’accidentologie ou les violences intrafamiliales, explique Sonia Backes. Des réflexions, des échanges et un travail en commun sera mené entre les différentes autorités compétentes en la matière et au regard de leurs attributions respectives, mais aussi avec les professionnels et les associations. L’alcool ne doit plus être considéré comme un produit commercial classique, en particulier en Nouvelle- Calédonie ».

Dans ce même ordre d’idées, la province Sud souhaite déployer dès janvier 2020 la méthode Milkman (lutte contre les addictions des jeunes) dans l’ensemble de ses 14 communes au profit des 11 à 16 ans en mettant en place un questionnaire auprès des classes de 6e, 4e et 2nde (11 250 jeunes). Pour finir, une concertation avec le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie est en cours pour limiter les achats d’alcool en volume.

Délinquance des mineurs

En dehors de la problématique « alcool », le nouvel exécutif a décidé de se lancer dans l’étude de trois mesures portant sur la délinquance des mineurs et des primo- délinquants. Des mesures pour endiguer le phénomène à l’origine de nombreux délits sur le territoire et qui devront prendre forme rapidement comme la mise en place des contrats parents/province, l’idée étant, explique Sonia Backes, « de suspendre les aides en numéraire quand un mineur sera en dysfonctionnement ou que des parents n’assurent pas leur responsabilité ».

Cette mesure pourra s’accompagner, en lien avec les maires et le parquet, d’une prise en charge de la province Sud de mineurs faisant l’objet de mesures d’alternative citoyenne pour les faits commis sur des bâtiments provinciaux. Ou encore de l’optimisation du dispositif « prévention à la déscolarisation » en créant des postes d’éducateurs chargés de répondre en quelques jours aux alertes liées à l’absence d’un élève.

Les autres mesures

Au-delà de toutes ces mesures souhaitées par le nouvel exécutif, la province Sud a également indiqué sa volonté de créer de nouvelles structures d’accueil pour les femmes victimes de violences. Sur le sujet de la violence, la province en lien avec l’État, participe au financement, à parts égales, d’un intervenant social en gendarmerie. Le déploiement de ce dispositif sur le territoire est une priorité du ministère de l’Intérieur et s’inscrit dans une perspective globale d’amélioration de la prise en charge des victimes de violences intrafamiliales.

L’intervenante sociale, qui a pris ses fonctions au mois de septembre, évalue les besoins qui se révèlent à l’occasion de l’activité de la gendarmerie (interventions, dépôt de plainte) et réalise des actions de médiation sociale et d’orientation vers les dispositifs d’accompagnement de droit commun.

L’État, qui, accompagne également la province Sud dans la sécurisation des transports en commun avec des opérations renforcées sur les lignes Tanéo, anticipant la signature de la convention de coopération opérationnelle, prévue le 10 décembre. Enfin, dans le domaine de la lutte contre les addictions, la

Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) a donné son accord pour qu’une mission d’expertise soit diligentée en Nouvelle- Calédonie en 2020, pour accompagner le territoire et ses collectivités dans la définition d’un diagnostic et d’un plan d’actions qu’elle pourrait contribuer à financer.


Les chiffres

Coûts globaux des dispositifs de sécurité déjà mis en place en 2019 par la province Sud : 683,5 MF en fonctionnement et 432 MF en investissement.

D.P.