Des chiffres violents pour une réalité brutale

Le bilan annuel de la délinquance en Nouvelle-Calédonie n’est jamais mirobolant, malgré l’action grandissante des services de l’État. En 2022, si les atteintes aux biens ont légèrement diminué, les taux de cambriolage et de vol de voiture restent deux fois supérieurs à ceux de la Métropole.

Les accidents mortels sur la route ont atteint un record avec 70 morts. Les atteintes aux personnes explosent : +30,5 % pour les violences physiques non crapuleuses, +46 % pour les violences sexuelles, +59 % pour les violences intrafamiliales, +63 % pour les violences conjugales, +59 % pour les violences sur mineur dans le cadre de la famille.

La Nouvelle-Calédonie est le territoire le plus touché par ces violences familiales dans l’ensemble national. Les agressions au sein du couple représentent 6,8 faits pour 1 000 habitants. Environ 30 % du total des gardes à vue. Environ un motif sur cinq chez les détenus du Camp-Est. Un cadre familial qui favorise, qui plus est, des actes en cascade avec quelque 60 à 67 % de personnes qui subissent des faits répétés.

Alors oui, la parole se libère et c’est très bien, mais cela ne peut être la seule explication. Que nous disent ces chiffres ? Que les familles pour beaucoup ne sont pas sûres. C’est en leur sein que se produisent 43 % des violences physiques ou sexuelles. Trois femmes ont carrément perdu la vie. L’alcool est prépondérant, encore plus que dans toutes les autres formes de violence (80 % des placements en garde à vue en l’occurrence).

Cela nous dit aussi qu’une partie de notre jeunesse se construit dans ce contexte. Alors que l’on trouve près de 19 % de mineurs dans les faits de délinquance générale, et jusqu’à 49 % dans les cambriolages à Nouméa, la plupart vivent dans un contexte familial défavorable. Livrés à eux-mêmes, ils piquent pour s’occuper ou s’amuser, présentent déjà une addiction à l’alcool et au cannabis.

La seule réponse des forces de l’ordre, de la justice et des services sociaux ne suffira jamais. D’où l’appel, mardi, du haut-commissaire, du procureur de la République aux autorités locales, aux parents, à la société. Occupons-nous de l’alcool, de nos enfants, de nos femmes, de nos maux profonds et peut-être, les faits de délinquance diminueront.