Des ados en difficulté sur les traces de l’histoire

Les jeunes accueillis au foyer d’action éducative de Nouville (FAEN) vont réhabiliter les monuments et tombes de soldats de 18 communes sur le temps des vacances. L’occasion de se familiariser avec l’histoire de la Nouvelle-Calédonie, de faire des rencontres tout en agissant au profit de la collectivité.

Ces filles et garçons, âgés de 13 à 16 ans, sont placés sous la protection judiciaire de l’enfance et de la jeunesse (DPJEJ) pour des faits de délinquance ou des problématiques familiales graves. La mission du foyer est essentiellement axée sur la scolarité et l’histoire y tient une place importante dans le sens où elle permet de travailler sur la mémoire, la construction et l’identité, qui sont parfois source de questionnements ou de révolte.

Les moniteurs éducateurs du foyer sont à l’origine de ce projet intitulé « Mémoire des anciens » qui sera cofinancé par la DPJEJ, les communes, le haut-commissariat, l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONAC-VG) pour un montant de trois millions de francs.

Petits travaux

Les jeunes ont d’abord eu l’occasion de visiter le musée de la Seconde Guerre mondiale pour se familiariser avec ce pan de l’histoire calédonienne, et plus largement, sur l’implication du territoire dans les grands conflits, les deux guerres mondiales, l’Indochine, l’Algérie, etc.

Durant leurs vacances scolaires, jusqu’au mois de février, par groupes de six, les adolescents vont sillonner la Nouvelle-Calédonie pour entretenir les monuments aux morts, de souvenirs (marquant, par exemple, le départ des tirailleurs) et les tombes des soldats morts pour la France. Il s’agira de petits travaux de nettoyage, de désherbage, de peinture.

Leur parcours sur le terrain a débuté ce mercredi, 2 juin, à Dumbéa avec la réfection du monument de Dumbéa Nord. Suivront ensuite Koumac, Kaala-Gomen, Voh, Gatope et Koné au mois de juin, Touho, Ponérihouen, Houaïlou et Boulouparis au mois d’août et ainsi de suite jusqu’à l’île des Pins en février 2022. Sur l’ensemble du territoire, 18 des 33 communes sont concernées.

Rencontres et recherches

Au cours de leur périple, les adolescents vont apprendre à réaliser des travaux en respectant les délais tout en découvrant les communes, leur histoire et leurs habitants. Ils seront accueillis dans les villages dans les maisons communes ou en tribu et participeront à des échanges, notamment lors de soirées animées par des anciens combattants. Ils auront également l’opportunité de mener des recherches sur l’identification d’anciens combattants qui les intéressent via le service des archives, et réaliseront un recueil.

« C’est une occasion pour ces mineurs de découvrir la Nouvelle-Calédonie, sachant que la plupart n’ont pas dépassé La Tontouta ou Bourail. C’est un moyen de s’ouvrir, de découvrir les petites histoires dans la grande, de collecter des connaissances pour se construire et peu à peu, de trouver une place dans la société », explique la directrice du foyer, Karen Vernière.

Jena Bouteille, directrice de la DPJEJ, s’est dite « très fière des équipes » et juge que « cette réflexion sur l’identité et la citoyenneté est toujours positive à l’heure de nos grandes interrogations sur le devenir du pays ». Julien Pailhere, directeur de cabinet du haut-commissariat, a également parlé d’un « très beau projet ». Il a ajouté que le devoir de mémoire et l’entretien des monuments aux morts tenaient à cœur à l’ancien haut-commissaire, Laurent Prévost, et assurément au prochain, Patrice Faure, ancien militaire.

Le projet a reçu un accueil unanime de la part de toutes les instances. Reste maintenant aux jeunes à s’en saisir.
« L’histoire nous intéresse. Ce n’est pas forcément ce qu’on apprend à l’école. Et notre génération est un peu perdue, donc je pense que ça pourra nous apporter beaucoup », commente une jeune fille de 17 ans concernée par le projet. Son camarade, lui, compte surtout sur « les échanges et les rencontres » qu’il fera tout au long du chemin.

C.M.

©C.M./DNC