Déploiement des experts de l’ONU

À l’invitation des autorités françaises, et comme lors des deux précédentes consultations, l’ONU a approuvé le déploiement d’un groupe d’experts du 19 novembre au 15 décembre dans le cadre du référendum sur l’accession de la Nouvelle-Calédonie à la pleine souveraineté. L’objectif de cette mission a été rappelé dans une note du chef de ce groupe, Tadjoudine Ali-Diabacté. Il s’agit de « suivre le déroulement du processus » et de faire un rapport au secrétaire général des Nations unies « sur le contexte et les aspects techniques de la consultation ». Aucune déclaration publique n’est attendue.

La mission est composée de 15 experts électoraux qui sont déployés dans les trois provinces du début de la campagne électorale jusqu’à l’annonce des résultats. Les experts vont tenir des ren- contres avec les principaux acteurs de ce processus, les autorités politiques, administratives et coutumières, les responsables des forces politiques, les membres des organisations de la société civile, du comité des Sages et ceux de la commission de contrôle des opérations. Ils ont été reçus mardi au haut-commissariat.

 


Début de la campagne officielle

La campagne référendaire a débuté officiellement lundi pour deux semaines. Rappelons que huit groupes sont habilités à faire campagne par le biais de propagande envoyée aux Calédoniens et de spots audiovisuels. Mais seuls quatre y participent : les trois groupements des Voix du Non et Calédonie ensemble. L’UNI, le Parti travailliste et l’UC-FLNKS et Nationalistes ont décidé de ne pas participer au référendum et à sa campagne. L’Éveil océanien s’est prononcé pour un « Non, pas maintenant », mais n’a pas donné de consignes de vote et laisse libre choix à ses électeurs de participer ou non à la consultation qu’ils jugent comme étant un « non-sens politique » dans la mesure où les indépendantistes n’y participent pas. Le mouvement n’est pas non plus engagé dans la campagne en raison de la situation sanitaire.

Les délégués de la commission de contrôle venant de Métropole sont arrivés mercredi soir à Tontouta. Ils seront au total 260 avec les délégués recrutés localement. Notons également que l’État ainsi que les diplomaties étrangères sont entrés en période de réserve.

 


Le FLNKS dénonce le caractère « calomnieux » de la campagne

Tout en disant assumer sa non-participation à la campagne référendaire, le FLNKS n’est pas pour autant insensible à ce qui est produit par les non-indépendantistes, notamment dans les modules audiovisuels en prime time.

S’ils concèdent que la campagne ne peut être que partisane « puisqu’un seul son de cloche nous est donné », ils s’inquiètent de leur teneur. Ils les jugent « pas plus originaux que lors des précédentes campagnes (…) faisant toujours croire à nos concitoyens que voter Non nous assurera un avenir meilleur et que c’est la seule solution viable ».

Le FLNKS va plus loin en dénonçant le caractère « calomnieux, infantilisant et dégradant » des spots animés diffusés sur les réseaux sociaux. « La teneur des propos des personnages animés tourne en dérision les conséquences du Oui et stigmatise les populations kanak et océaniennes avec des accents de langage sur des thèmes fondamentaux du vivre ensemble dont nous sommes tous conscients qu’il est suffisamment fragile. » Le FLNKS interpelle le CSA, la commission de contrôle du référendum et le comité des Sages pour rétablir une situation plus saine. Il demande que ces spots animés soient retirés. « Faire campagne seuls, ne vous octroie pas tous les droits », dit-il.

 


Les indépendantistes dénoncent la militarisation du pays

Dans un communiqué, le comité stratégique indépendantiste de non-participation (CSINP) s’est insurgé contre l’ampleur des moyens déployés par l’État à l’approche du référendum. « Sommes-nous en guerre ?, interrogent-ils. Nous nous posons la question de la vraie raison de cette présence militaire accrue et du message que souhaite transmettre l’État français. Lors des deux consultations précédentes, nous n’avions pas eu une telle démonstration de force. »

Les indépendantistes s’inquiètent également de ces arrivées massives alors que le sas sanitaire est jugé obsolète et que le variant Omicron circule en Europe et dans la région. Ils confirment ainsi leur appel à la non-participation, estimant que « les conditions humaines et politiques ne sont pas réunies ». Ils appellent néanmoins au calme à l’approche de la consultation qui, disent-ils, « ne changera en rien l’équation humaine et politique que la Nouvelle-Calédonie tente de résoudre depuis des décennies ».

 

Chloé Maingourd (© Haut-commissariat et C.M.)