Déconfinement : nouvelle étape lundi

Les autorités ont décidé d’assouplir encore, pour les six prochaines semaines, les règles liées à la situation sanitaire. Selon le président du gouvernement, il y a 99,3 % de chance que le virus ne circule pas en Nouvelle-Calédonie.

Thierry Santa s’est une nouvelle fois adressé aux Calédoniens, mercredi. La première étape du déconfinement vient à échéance, dimanche soir, et il convenait de présenter quel serait le nouveau cadre à suivre.
Le président a tenu à rappeler le contexte : une absence de nouveau cas depuis 25 jours, des mesures drastiques de quarantaine, allongée à 21 jours, et désormais « une probabilité de 99,3 % que le virus ne circule pas localement », de l’avis des autorités sanitaires.

Cet état de fait permet « d’aller encore plus loin », de prendre des mesures plus souples, nous le verrons. Mais il est important de considérer que cette période de six semaines ne doit pas constituer un relâchement de notre préparation, dans l’hypothèse où le virus ressurgirait. « Je n’oublie pas que nous vivons dans un monde infesté par le Covid-19 », a ainsi déclaré le président. Il s’agira donc de développer, d’ici le 15 juin, les outils nécessaires à l’amélioration de notre capacité de détection et de réaction si un cas local était décelé et d’éviter ainsi le retour à un confinement strict. Il s’agira aussi de constituer nos stocks stratégiques de masques, la réserve sanitaire, etc.

Une ouverture quasi-totale

À partir de lundi, les manifestations et activités sportives, culturelles, de loisirs, religieuses, coutumières, etc. seront autorisées dès lors que les gestes barrières, y compris la distanciation sociale (un mètre), seront strictement respectés. Dans les établissements de loisirs (cinémas, salles de spectacle, de jeux, etc.) et les transports en commun aériens, terrestres et maritimes, où la distanciation sociale n’est pas possible et où des remplissages à 50 % seraient « insupportables », le port du masque sera obligatoire. Les transporteurs privés, notamment scolaires, ne sont pas à soumis à l’obligation de port du masque dans la mesure où ils peuvent identifier leurs passagers.

Les rassemblements de plus de 50 personnes seront autorisés (avec distanciation sociale, identification des participants ou port du masque).

Les bars pourront rouvrir s’ils justifient d’un service à table pour leurs clients comme les restaurants.
Les salles de sport peuvent reprendre pour la pratique individuelle. Les activités sportives individuelles en extérieur dans des structures (golf, équitation, etc.) ont une dérogation pour recommencer dès ce week-end.

Demeureront interdites les activités qui ne pourront pas faire respecter la distanciation sociale, où les participants ne pourront pas être identifiés et où le port du masque ne pourra pas être respecté. Cela concerne les discothèques et les nakamals ainsi que les compétitions sportives et les grandes manifestations culturelles et communales comme les foires.

L’école reprend son cours ordinaire

Tous les établissements scolaires rouvriront lundi dans une situation normale. Fini les effectifs réduits en province Sud. Et retour à l’école dans le Nord. Entre les vacances, le cyclone, le confinement… « cela fait presque sept semaines que les enfants sont sortis du circuit ordinaire et il est important qu’ils retrouvent l’école », a expliqué Isabelle Champmoreau, membre du gouvernement en charge de l’enseignement. La représentante a remercié les parents ayant déjà fait confiance aux équipes éducatives et demandé aux autres de faire de même.

Toutes les mesures sanitaires imposées ces deux dernières semaines dans le Sud et les Îles vont rester en place et deviendront la norme. Elles comprennent le lavage des mains, les adaptations de circulation, de temps de récréation, d’emploi du temps, etc. Le masque est autorisé, mais pas obligatoire. Les infrastructures sportives pourront être utilisées, mais la pratique de certains sports pourra éventuellement faire l’objet d’adaptations.

Une évaluation des élèves (non notée) va être effectuée pour observer les besoins de chacun, ainsi qu’un bilan de la continuité pédagogique. Isabelle Champmoreau a salué les personnels qui ont tous répondu présent durant le confinement adapté et qui ont mis en place les dispositifs demandés. Les taux de présence des élèves sur cette période ont été affinés : ils étaient, selon les autorités, de 60 % dans le primaire, 80 % dans le secondaire avec, cependant, de fortes disparités géographiques. Cette fois, tous les enfants sont attendus, lundi, dans le cadre de l’école obligatoire.


« L’autarcie impossible »

Alors que l’unité politique prévalait, globalement, depuis le début de la crise, elle s’est peu à peu fêlée, d’abord au sujet de la rentrée scolaire, nous en avons parlé, puis plus récemment sur les rapatriements et l’arrivée des forces de l’ordre sur le territoire. Après que Daniel Goa (UC) avait menacé de « rapatriement » le haut-commissaire si la durée des quatorzaines n’était pas prolongée, les membres indépendantistes du gouvernement et le Sénat coutumier se sont ensuite insurgés contre l’arrivée des militaires sur le territoire, prévue dans le processus habituel de renouvellement de ces fonctionnaires.

Le haut-commissaire a assuré qu’« aucun vol militaire n’a été confirmé comme devant arriver ces jours-ci sur le territoire ». Il semble néanmoins que les arrivées étaient bien engagées, en préparation depuis plusieurs semaines. Le représentant de l’État a, quoi qu’il en soit, assuré que ces arrivées se feraient « dans le strict respect des mesures arrêtées pour l’ensemble des nouveaux arrivants » avec le service de santé des Armées, sans peser sur les capacités de la Dass. Les coutumiers de Païta ont demandé à être associés à la gestion de cette opération qui, proposent-ils, ne pourrait débuter qu’à partir du 11 mai. Plusieurs représentants non indépendantistes ont demandé à chacun de rester à sa place, dans son rôle fixé par l’Accord de Nouméa, en cette crise sanitaire.

Interrogé par un journaliste, Thierry Santa est revenu mercredi sur cette polémique de l’arrivée des militaires. Il a insisté : « Je ne peux pas imaginer que la Nouvelle-Calédonie puisse vivre en autarcie totale. Nous devrons maintenir des liens notamment avec la Métropole. Nous avons besoin d’enseignants, de personnel de santé, des forces de l’ordre, des entreprises ont parfois besoin de faire venir des experts ! » En revanche, le président a lui aussi assuré que le protocole serait équivalent à ce qui se fait pour toutes les personnes entrantes, y compris la quarantaine de trois semaines. Un second arrêté doit venir encadrer ces mesures « externes », comme c’est le cas pour les mesures de déconfinement progressif en « interne ».

C.M.


Rapatriements

On sait désormais que le nombre de personnes admises en quarantaine dans les hôtels est limité à 600. Mercredi, 423 personnes y demeuraient. À mesure que ce chiffre baisse, les rapatriements vont pouvoir reprendre. Les vols depuis Sydney et Auckland sont prévus durant la première quinzaine de mai et depuis Paris, le 15 mai. Mais ils doivent être officialisés. Un recensement des étudiants est en train d’être effectué.