De la Country dans les veines

Jean-Luc Leroux est à la fois chanteur, musicien, auteur-compositeur, arrangeur, mixeur, mais c’est surtout un véritable passionné de musique country et plus particulièrement de bluegrass. Ce Calédonien de coeur est tombé dedans tout petit pour en ressortir très grand. Découverte d’un passionné.

Beaucoup diraient qu’il ne lui manque plus que le stetson vissé sur la tête, mais Jean-Luc Leroux n’en a pas besoin. Le plus cow-boy des cow-boys calédoniens vit au son et au coeur du bluegrass (voir encadré) depuis qu’il a 20 ans, il transpire la musique country, le son américain coule dans ses veines et ses notes au bout des doigts. Ce « jeune homme » de 63 ans est né à Vincennes avant de rejoindre rapidement, avec ses parents, la Nouvelle-Calédonie. C’est dans les années soixante qu’il touche sa première guitare, une Yamaha. « Avec les potes, on écoutait les Beatles, c’était la vague yéyé. On s’échangeait les vinyles qui arrivaient de métropole et on se retrouvait à jouer de la gratte, à faire des reprises », explique-t-il. Son premier groupe, il le fonde au lycée, avec Françoise et Gérard, après 1968 en plein folk revival. Avec ses deux amis, il va jouer et chanter les standards de l’époque. Pendant quelques années, il va faire quelques scènes. Il apprend la musique au fil des ballades sur sa guitare folk, point de solfège, « sur la bête », comme il aime à dire. Il reprend des morceaux d’Hugues Aufrey et de Bob Dylan, écoute tous ces chanteurs américains qui inondent les radios dans les années soixante-dix. À 20 ans, étudiant en physique et maths, impliqué à fond dans le folk, il découvre un disque de bluegrass chez un disquaire. « Sur la pochette, il y avait un gars qui jouait du banjo, un autre de la mandoline, un gars avec une contrebasse et deux autres avec une guitare et un violon. J’ai écouté le premier morceau, et je me suis dit, stop ! C’est ça que je veux faire. C’était un disque des Country Gentlemen. »

Le premier déclic

À partir de là, avec ses copains, Jean-Luc Leroux passe au bluegrass. Un style différent, peu connu à l’époque. De la guitare, Jean-Luc Leroux se met à la mandoline. « Je faisais un peu le perroquet, je passais les 33 tours au ralenti pour apprendre l’instrument note à note », explique le musicien. Quelques mois plus tard, il achète d’ailleurs une superbe mandoline Gibson modèle F2 de 1911 à un Américain de passage. Après avoir fait beaucoup de reprises, la première scène de bluegrass arrive en 1974, en première partie avec un groupe américain, The Country Road. « On était les seuls en France à faire du bluegrass alors on avait été piloté pour faire cette première partie, un moment magique. On jouait avec les grands, un super moment. C’était la première fois que je me sentais vraiment porté. C’était le début du début ! » Entre-temps, Jean-Luc Leroux va composer et écrire comme en 1977 où, avec son ami Gérard, il sort une K7 country sur les camions. Il joue également dans d’autres albums en tant que musicien notamment comme mandoliniste.

Les scènes s’enchaînent

Ses études terminées, Jean-Luc Leroux rejoint le monde de la banque et du commerce. Mais la musique est sa raison de vivre. Il quitte ses copains pour rejoindre un nouveau groupe, Western Circus. Le registre est basé sur le show, il multiplie les scènes en métropole, en Italie et au Maroc. Fin 84, il quitte Western Circus pour créer un autre groupe, Bloody Mary, et repart sur la route avec des reprises. Dans la foulée, il organise le premier concert de country à Paris, il écrit dans des revues musicales, fait des émissions de radio et produit un chanteur. Son divorce en 1992 le fera revenir sur le territoire. « Là, je décide de tout arrêter, de tout plaquer, plus de musique, plus une seule note. Je décide de retourner en Calédonie, retrouver mes parents », explique le musicien.

Une nouvelle page de vie

Embauché par le groupe Ballande pour monter Mr Bricolage, il côtoie le chanteur Joseph Chuvan qui lui dit : « Tu vas reprendre tes instruments et tu vas jouer avec moi ». Jean-Luc accepte finalement après cinq ans passés sans avoir pris une seule fois sa guitare ou sa mandoline. Il vivote ainsi jusqu’en 2005, année durant laquelle il reprend l’émission de country sur RRB, Route66. « Là, ça m’a redonné le goût et je décide en 2007 de rejoindre mes potes d’enfance à Paris et je leur dis : Ecoutez les gosses, où sont les traces de ce que l’on a fait, de nos concerts ? » C’est le premier CD du groupe Interdep. De retour sur le Caillou, Jean-Luc ne s’est plus arrêté. Il compose, chante, joue, mixe, produit et sort son premier album en 2008 « De Nashville à Nouméa ». Sept albums plus tard, le« bluegrass man » en profite pour à chaque enregistrement se promener aux États-Unis et faire jouer les meilleurs musiciens de country, faire des scènes à Nasville, Charlotte, Santa Fe, dans le Texas. « Je suis dans un rêve », avoue le Calédonien.

Toujours sur le chemin

À la retraite depuis cette année, Jean-Luc Leroux voue aujourd’hui tout son temps libre et ses économies à sa passion. Au fil des morceaux, des albums, l’homme a multiplié les rencontres, pour au final concentrer et retracer les périodes de sa vie à travers ses notes et ses arrangements. Son quotidien, ce sont ses moments, son chemin. Et puis une chose est sûre, si le bluegrass est, comme il aime à dire, « un bon moyen de rester en vie », en tout cas pour lui, rien n’est fini. « Même si parfois j’ai pu rater le train, j’ai pris le suivant. Je suis toujours sur la route et je continue d’avancer. »

C.S

Le dernier album de Jean-Luc Leroux « Songs on the road » est disponible dans les bacs depuis quelques jours.

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Le Bluegrass

Style musical américain qui est une branche de la musique country. Très rythmé, souvent chanté, le bluegrass favorise les harmonies vocales à plusieurs voix. Si certains morceaux s’inspirent de la ballade, la plupart ont plutôt un tempo enlevé qui pousse les musiciens à développer une grande virtuosité technique. Contrairement à la country, le bluegrass privilégie l’instrumentation acoustique à cordes comme le banjo, le violon, la guitare, la contrebasse ou la mandoline.