Dans les pas d’Enzo Corigliano

Le jeune squasheur calédonien Brice Nicolas a entamé sa saison en force le week-end dernier en montant sur la deuxième marche du podium du Shining National Open Zozo, à Nantes, après avoir battu le 18e et le 24e joueur national. Un tournoi organisé en l’honneur du regretté Enzo Corigliano.

Il ne pouvait pas lui faire un plus bel hommage. Tête de série numéro 7, Brice Nicolas s’est surpassé le week-end dernier dans la cité des ducs de Bretagne, lors de la première édition du Shining National Open Zozo. « Pour ceux qui ne maîtrisent pas la langue de Shakespeare, « shining » signifie lumineux et fait référence à la personnalité d’Enzo Corigliano, alors que Zozo était son surnom », explique sur son site la Ligue des Pays de la Loire, région dans laquelle le Calédonien – qui nous a quittés le 13 décembre 2020 – et sa famille ont passé quelques années.

Le Cagou de 17 ans a fait sensation en demi-finale en faisant chuter la tête de série numéro 2, au terme de cinq sets accrochés (11-4, 11-7, 6-11, 8-11, 11-5) et près de 70 minutes de jeu. Paul Gonzalez (18e national) avait notamment battu le Calédonien Yann Lancrenon – qui avait remporté les derniers Jeux du Pacifique en double aux côtés d’Enzo Corigliano – en quart de finale. « L’outsider a parfaitement utilisé ses qualités de vitesse tout en y ajoutant maîtrise et précision », poursuit la ligue sur sa page Facebook. Pour se hisser en finale, le pensionnaire du Pôle espoir d’Aix- en-Provence a ensuite éliminé son partenaire d’entraînement Baptiste Bouin (24e national) dans un match une nouvelle fois serré, en trois sets (12-10, 16-14, 11-6). Mais il s’est finalement incliné face à Edwin Clain (11e national), 11-4, 11-7, 11-5, terminant donc à la deuxième place.
« Je suis content de moi, débriefe le jeune Cagou. C’était quelqu’un d’important pour moi, Enzo, je voulais me surpasser pour lui. C’était mon exemple, c’est lui qui m’a poussé à faire ce que je fais, à partir en Métropole pour tenter ma chance. »

« Performance XXL »

« C’est clairement une performance XXL. C’est le plus gros tournoi de sa carrière, pense Yann Lancrenon, qui faisait son retour à la compétition après avoir délaissé les courts ces 18 derniers mois à cause de la crise sanitaire. J’ai aimé son niveau de jeu, mais aussi la combativité et l’esprit sur le terrain qui sont tout aussi importants. Il n’a jamais rien lâché. C’est de bon augure pour le reste de sa carrière. »

Brice Nicolas, actuellement classé 29e national et 293e mondial, entame sa quatrième année au sein du Pôle espoir d’Aix-en-Provence. Déjà champion national chez les moins de 15 ans, il vise cette fois le sacre chez les moins de 19 ans, du 29 au 31 octobre à Lille. « J’ai pris plus de confiance grâce à ce tournoi en battant des mecs plus forts que moi. Ça me donne envie de bosser », confie celui qui s’entraîne près de 18 heures par semaine.

Pour lui donner un coup de pouce dans sa carrière, une partie des dons récoltés lors du Shining National Open Zozo lui ont d’ailleurs été attribués. « Ils m’ont demandé ce que je voulais faire de ces fonds, explique Grégory Corigliano, le père d’Enzo, qui a notamment été conseiller technique de la Ligue des Pays de la Loire de 2016 à 2020. Une partie ira à une association ( Weenhub, qui épaule les sportifs de haut niveau, NDLR) et je voulais que l’autre soit reversée pour aider Brice Nicolas dans ses divers déplacements. J’espère qu’il fera mieux qu’Enzo. » Une souhait partagé par le squasheur du Caillou qui « voudrait arriver au classement où était Enzo (136e mondial mi-2018) afin de lui rendre hommage ». Un chemin, certes, semé d’embûches, mais qui semble déjà un peu moins long après cette belle prestation nantaise.

Titouan Moal

 


Gravé dans le marbre

Le tournoi qui a eu lieu le week-end dernier à Nantes (et qui devrait être organisé chaque année) n’est pas le premier hommage que le monde du squash rend à Enzo Corigliano. Le 1er septembre, la salle de squash d’Auteuil – où il avait appris à taper la balle sous la tutelle de son père, Grégory – a été baptisée à son nom. Une compétition intitulée « Tribute to Enzo » devait avoir lieu sur place la semaine suivante, mais a finalement été annulée en raison du confinement. À l’université de Saint Lawrence, dans la petite ville de Canton, aux États-Unis, où il étudiait, un court porte également son nom afin d’honorer sa mémoire.