Daniel Goa, réélu et déterminé

Daniel Goa a été reconduit à la présidence de l’Union calédonienne, le week-end dernier, lors du 51e congrès annuel du parti à Touho. Il en a profité pour faire le point avec ses sympathisants sur les dossiers d’actualité et réaffirmer qu’il demandera la tenue du troisième référendum le plus tôt possible.

Laissant tomber les manières de circonstance, comme c’est souvent le cas après une visite ministérielle chez nos politiques, Daniel Goa s’en est d’abord pris au ministre des Outre-mer dans son discours d’ouverture. Pour le président de l’UC, il s’agit d’« un jeune ministre qui méconnaît les dossiers au niveau local (…) et participe à un gouvernement qui, à la différence de ses prédécesseurs, de droite comme de gauche, n’a pas de culture politique calédonienne ». Pour lui, Sébastien Lecornu « n’a pas compris que le temps de la colonisation de peuplement est terminé une bonne fois pour toutes ». Par ailleurs, il veut sans doute « croire ou faire croire que la question calédonienne est uniquement un différend entre communautés et non un impératif de décolonisation auquel l’État français ne cesse de se dérober encore et encore ».

Troisième référendum

Daniel Goa, droit dans ses bottes, continue de demander, dès que possible, la tenue du troisième référendum. Et le parti entend « non pas se taire à la table des discussions », mais « discuter, échanger avec l’État et le camp loyaliste » sur le projet d’indépendance. Conscient, malgré tout, des difficultés économiques que traverse le pays, il a aussi insisté sur le fait que « la crise de la Covid-19 est venue aggraver une situation déjà difficile pour de nombreuses entreprises (…). Il faut donc s’attendre à des moments douloureux, à des faillites, à des fermetures d’entreprise, à une montée du chômage avec toutes les conséquences qu’une telle conjoncture ne manquera pas d’entraîner sur le plan social ».

Le président de l’UC appelle ainsi les indépendantistes à faire « œuvre d’intelligence collective ». Pour lui, il faut « ouvrir le débat avec tous ceux qui, dans notre pays, ont un pouvoir de décision économique, coutumier, culturel, religieux, associatif avec la société civile, et ce, pour inventer des solutions originales, compréhensibles et acceptables par tous ». Daniel Goa précise, par ailleurs, que pour avancer sur la présentation d’un projet unique d’indépendance comprenant les solutions de relance, il est nécessaire que toutes les « différentes composantes du FLNKS » se montrent « plus explicites sur les principes qui nous unissent pour rendre le projet de Kanaky plus lisible (…), pour que nous puissions l’emporter lors de la future consultation référendaire et pour convaincre un nombre grandissant de nos concitoyens de rejoindre le camp du oui ».

Les positions sur l’actualité

En dehors du troisième référendum et la manière dont il va falloir aborder la préparation et la présentation d’un projet unique indépendantiste clarifié, les cadres de l’UC ont débattu sur d’autres sujets comme la différenciation provinciale, l’usine du Sud ou encore la chute ou non du gouvernement. Sur la différenciation provinciale, Daniel Goa a été très clair. Pour lui, il n’est pas envisageable de laisser « dépecer » le pays, « au nom d’une quelconque différenciation provinciale bananière. Nous ne paierons pas le prix de anciens rêves coloniaux que l’État français et les prétendus loyalistes continuent sans vergogne de vendre à leurs ressortissants ». Comme il l’a maintes fois affirmé, il n’y a qu’à travers l’exercice de la pleine souveraineté que pourra être réglé le problème des personnes « qui entendent vivre et travailler dans ce pays, alors qu’elles n’en sont pas actuellement des citoyens ».

Concernant l’usine pays, là encore, le président de l’UC n’a pas changé de cap. « Si l’Ican (l’instance coutumière autochtone de négociation) appelle à un préalable minier à toute nouvelle discussion politique, nous devons répondre présent. » Et c’est ainsi qu’il appelle tous les militants à soutenir le combat pour que « l’usine du Sud devienne une usine pays ». Enfin, sur la question du gouvernement, là encore, comme déjà dit ces dernières semaines, il faut que tous les partis indépendantistes le veuillent. L’UC ne prendra pas la responsabilité tout seule, d’autant que cette décision pourrait jouer en défaveur du camp indépendantiste. Comme l’explique Daniel Goa, un changement de gouvernement « ne doit pas gâcher les résultats du dernier référendum ». Si les indépendantistes prenaient le gouvernement, la démarche pourrait créer des remous dans un contexte déjà bien compliqué et il faudrait aussi démontrer toute une capacité de gestion afin que la situation ne leur porte pas préjudice.

D.P.

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