Croix du Sud prend une ampleur inédite

Les militaires arrivent du Pacifique Sud, du Japon, d’Asie du Sud-Est, d’Amérique latine et d’Europe, pour la première fois. Dix-neuf pays sont représentés contre 12 il y a cinq ans, un record / © C.M.

L’exercice Croix du Sud, le plus important jamais organisé par les Forces armées de Nouvelle-Calédonie (Fanc), a commencé cette semaine. Il rassemble, jusqu’au 6 mai, 3 000 militaires et civils en provenance de 19 pays, pour une mission humanitaire fictive.

Un tsunami de grande ampleur va s’abattre le 30 avril sur un pays imaginaire. Pour faire face aux conséquences de cette catastrophe naturelle, Croix du Sud va réunir durant deux semaines, sous l’autorité du commandant supérieur des Fanc et dans les trois provinces, 3 000 hommes et femmes, dont 2 200 Français et 800 étrangers.

Sur place, pas moins de sept compagnies terrestres commandées par le Rimap-NC, 10 bâtiments maritimes menés par un état-major multinational, embarqué à bord du porte-hélicoptères amphibie Dixmude, et 15 aéronefs dirigés par la base aérienne. Des bénévoles d’ONG (La Croix-Rouge, Australian Aid, United States Aid, etc.) sont également impliqués. Comme dans la réalité.

Le scénario de cet exercice géant est inspiré des nombreuses opérations humanitaires menées ces dernières années dans la région. Il implique un
« haut degré de réalisme ». En situation de chaos, les autorités civiles se tournent vers les armées et une coalition de forces multinationales.

LE CLIMAT ET L’INDO-PACIFIQUE

« Nous sommes heureux, nous sommes fiers de vous accueillir si nombreux. Je suis sûr que notre expérience collective va encore grandir après cet exercice. » C’est par ces mots d’introduction que le général Valéry Putz s’est adressé aux chefs des armées, lundi 24 avril. « Gabriel, Judy, Honga Tonga, Kevin… Tous ces désastres se sont produits durant ces 14 à 15 derniers mois, et ils doivent être présents dans nos esprits lors de cet exercice », a-t-il poursuivi, expliquant qu’il s’en produirait davantage dans les prochaines années en raison du changement climatique.

Jamais l’exercice Croix du Sud n’avait réuni autant de monde, et jamais non plus de militaires venus de nations européennes (Royaume-Uni, Allemagne) autres que la France. Signe que les temps changent et probablement aussi de la concrétisation de la stratégie Indo-Pacifique.

« La région fait face à des défis qui croissent, celui du changement climatique étant le principal, et il y a un besoin de se renforcer collectivement pour la résilience et la stabilité régionale, développe Valéry Putz. En organisant cet exercice, les armées françaises contribuent à cet effort et également à la stratégie de la France dans l’Indo-Pacifique, qui repose sur le multilatéralisme et la coopération régionale. L’exercice Croix du Sud est au cœur de cette stratégie. »

L’exercice concernant directement le climat et ses conséquences, jamais les inquiétudes sécuritaires ne seront mentionnées en public. Mais désormais, la guerre d’influence concerne même les interventions humanitaires.

Chloé Maingourd

Lieutenant de marine, Brenton Fairall
(Australie)

© C.M.

« Nous sommes dans une région très touchée par les catastrophes naturelles, il est donc essentiel de nous entraîner. Les règles que nous suivons sont très similaires, donc ça ne pose pas de difficultés particulières. Nous sommes à peu près 200 Australiens avec un nouveau bateau, l’ADV Reliant (un navire de soutien pour les missions dans le Pacifique acheté en 2022, NDLR).

Cela fait plus de 100 ans que nous travaillons avec les Français, nous étions en France pendant la Première Guerre mondiale, et nous sommes ravis que la coopération se poursuive. »

Major Benjamin Waibadi, pilote de la « Defence Force »
(Papouasie-Nouvelle-Guinée)

© C.M.

« Nous assistons à cet exercice pour nous tenir prêts dans le cas d’une catastrophe naturelle de ce type.

En Papouasie-Nouvelle- Guinée, nous avons aussi des petites îles qui pâtissent déjà du changement climatique. Des populations ont dû être déplacées jusqu’à l’île principale. Donc ces inquiétudes, nous les partageons. »

Captain Carroll, US Army
(Hawaii)

© C.M.

« C’est ma première fois à Croix du Sud : je suis enchanté de l’expérience et de ce que nous allons apprendre. Nous partageons une grande histoire commune depuis la Seconde Guerre mondiale.

Cet exercice montre bien que nous continuons à travailler pour garder nos relations bien vivantes. Je suis d’une brigade militaire d’affaires civiles, nous avons également l’infanterie qui vient d’Hawaii ou encore une division aérienne d’Alaska.

Notre mission est de supporter les Français, les autres nations dans la gestion de cette crise et de soutenir la population locale et ses autorités. »