À l’arrêt, les acteurs du secteur attendent le retour des paquebots avec impatience, « prêts à relancer la machine » et à accueillir les croisiéristes.
La venue annoncée à Nouméa le 2 novembre du Scenic Eclipse II pour une escale inaugurale, le premier bateau depuis le mois de mai, représente une bouffée d’oxygène nécessaire après cinq mois sans activité. Les prestataires sont « prêts à relancer la machine », affirme Fabrice Lecomte, gérant de Lyvaï, avec enthousiasme.
C’est « vital », témoigne Frédéric, de Dal’Océan. « Il n’y a pas de touristes, pas de croisières et très peu de demandes en local. » Heureusement, la structure de huit employées, créée il y a 17 ans, participe aux navettes d’urgence, une alternative. « Sans cela, les trois quarts des compagnies de taxi-boat auraient fermé, estime Frédéric. C’est ce qui nous a permis de tenir, parce que la partie catamaran ne marche pas. »
Le système actuel de rotations mises en place par la province Sud devrait bientôt stopper pour laisser place à un opérateur unique. L’entrepreneur envisage de répondre à l’appel d’offres, étant toujours dans l’incertitude concernant les croisières. « Si nous ne sommes pas retenus, nous n’aurons plus rien à partir du 14 octobre », s’inquiète Frédéric, qui ne désespère pas de voir quelques paquebots accoster après les annulations des derniers mois. « Cela nous donnerait du boulot jusqu’en février. Si on reprend en novembre, on sauve notre saison. »
LES MÊMES SERVICES À LA GARE MARITIME
Fabrice Lecomte, confiant, a hâte de reprendre ses circuits touristiques. « L’anse Vata, le centre Tjibaou, le parc forestier, l’aquarium, les baies, etc. Et puis, cela va faire fonctionner les bars, les restaurants… », s’enthousiasme le président du GIE New Caledonia Cruise Ship Tours.
La gare maritime, point d’arrivée à Nouméa, sera « opérationnelle », assure Frédéric Prentout, chargé de projet à la Chambre de commerce et d’industrie (CCI), gestionnaire de l’équipement. Le site proposera les mêmes services : marché, point d’information, comptoir de change, etc. Comme avant. Sauf pour Nouméa Discovery, particulièrement affectée par la crise. La société du Mary-D a perdu toute sa flotte de petits trains, de bus et de véhicules utilitaires lors de l’incendie de son dock, du bureau logistique et de l’atelier mécanique il y a deux mois. Mais, l’entreprise collabore avec des sous-traitants pour gérer les trajets des passagers.
LA SÉCURITÉ, LA PRIORITÉ
Afin de se préparer au mieux, un travail a été effectué sur le terrain en amont. « Les autorités et les populations sont consultées pour une reprise sereine : visite des tribus à Lifou par Wetr Tour, échange avec les coutumiers de l’île des Pins, etc. », développe Julie Laronde, directrice de NCT. Les différents acteurs ont conscience que la moindre erreur pourrait gravement nuire à la filière.
L’impératif est de ne faire courir aucun « risque pour ne pas durablement entacher l’image de la destination ». Rien ne sert de se précipiter, insiste Élodie Jaunay, directrice de l’agence Kenua. « Tout le monde en a besoin, mais il ne faut pas se presser. » Les visites seront adaptées. Comme celles dans le Grand Sud, qui reste difficilement accessible. « Dans un premier temps, il y aura un peu moins de choix pour les excursions. Le parc de la Rivière bleue ne sera par exemple pas proposé, indique Fabrice Lecomte, car la sécurité est le plus important. L’enjeu est que tout se passe bien. »
Et puis, les offres habituelles sont résolument axées sur la mer, ajoute Frédéric Prentout. « La plupart des tours organisés vont vers les îlots et les plages, des endroits préservés. » Avec, pour objectif, de satisfaire la clientèle. « Les prestataires ont conscience qu’ils doivent donner le meilleur d’eux-mêmes pour que les bateaux aient envie de revenir. » D’autant que les compagnies risquent d’être particulièrement attentives à la façon dont se déroulent les escales pour leurs passagers.
Anne-Claire Pophillat
Un voyage toujours déconseillé
Sur le site www.smartraveller.gov.au, il est recommandé de reconsidérer son déplacement en Nouvelle- Calédonie en raison de la crise.
Réunion du SPTO à Nouméa
Le 26 septembre, le gouvernement a reçu une délégation de l’Organisation du tourisme du Pacifique Sud (SPTO), qui regroupe 21 membres, dont la Nouvelle-Calédonie depuis 2015 et, entre autres, la Polynésie française, Wallis-et-Futuna, les îles Cook, Fidji, Kiribati, les Salomon, la Papouasie Nouvelle-Guinée, etc. Cette visite visait à préparer la tenue, prévue du 12 au 14 novembre à Nouméa, du Conseil des ministres du tourisme de ces pays. Un soutien également pour le territoire, souligne Julie Laronde. « De par son poids et son réseau, le SPTO peut relayer et crédibiliser la reprise de l’activité de croisière dans le pays auprès des compagnies du monde entier. »
Une taxe croisière
Le texte instaurant une taxe sur les croisiéristes des navires transportant au moins 50 passagers a été adopté le 2 mai par les élus du Congrès. Il prévoit que les recettes engendrées soient affectées à un fonds de développement et de promotion du tourisme de croisière (qui sera reversé en majorité aux provinces puis aux communes), au port autonome et à NCT.
Son rendement est évalué à entre 700 millions et 1 milliard de francs sur la base d’un tarif de 1 500 francs par client. La délibération d’application, qui doit en fixer le montant, n’a toujours pas été prise par le Congrès.
L’enquête bientôt réactivée
NCT pilote, en lien avec les instituts statistiques, une étude d’impact économique globale de la croisière en Nouvelle-Calédonie. Mise en stand-by au début de la crise, « nous attendons une reprise effective du trafic et une confirmation des financements pour la réactiver, indique la directrice de la structure. L’ensemble du dispositif de collecte de données à bord des paquebots est prêt ».