Création de l’Instance autochtone de discussions

Au Sénat coutumier cette instance entend défendre les acquis de l’Accord de Nouméa relatifs à l’identité kanak et les droits autochtones dans le cadre des discussions politiques sur l’avenir institutionnel.

C’était une orientation du Congrès du pays kanak d’août 2021. Vendredi 31 mars, le Sénat coutumier a instauré l’Instance autochtone de discussions (IAD) avec les présidents des huit conseils coutumiers et huit sénateurs. Cette installation intervient dans un contexte de crise au sein de l’institution autour de la présidence.

En septembre 2022, on se souvient par ailleurs de la création d’un conseil national des grands chefs, Inaatr Ne Kanaky, en vue là aussi des futures négociations. L’ambition est que l’IAD puisse rassembler tout le monde.

PAS DE « RETOUR EN ARRIÈRE »

Le Sénat coutumier a pris une parole poli- tique depuis l’organisation du troisième référendum contesté devant le Conseil d’État, l’instance permanente des Nations unies sur les droits des peuples autochtones et le comité pour l’élimination des discriminations raciales.

Pour Victor Gogny, président du Sénat coutumier, il s’agit maintenant de se mettre en ordre de marche. « On sait qu’on est vers la fin du processus, il faut un projet de société et notre volonté est de défendre les acquis des accords dans tout ce qui concerne l’identité kanak, la vision autochtone. »

La défense de ces acquis implique « une prolongation du processus » pour arriver, dans le respect du droit à l’autodétermination du peuple kanak, à la souveraineté. Selon l’IAD, « tout retour en arrière avec l’octroi d’un nouveau statut dans la République serait une remise en cause par l’État français de la parole donnée en 1988 et 1998 ».

Les autres acquis concernent la reconnaissance du foncier et du droit coutumier, la gestion autonome de la sphère coutumière ou encore la citoyenneté calédonienne. L’IAD demande l’impartialité de l’État et qu’il accompagne la « Kanaky-NC » à pouvoir réaliser ce droit à l’autodétermination.

Elle précise qu’elle a comme partenaire naturel le FLNKS, mais qu’elle portera sa parole auprès de toutes les forces politiques et de la société civile. Une tournée est prévue dans les trois provinces pour recueillir les volontés. Elle débutera le 8 avril par la région paicî.

Chloé Maingourd

« Nous espérons que nos recommandations puissent être suivies par l’État », indique Victor Gogny. / © C.M.