Covid-19 : quelles projections pour la fin d’année ?

Un rebond de l’épidémie de Covid était évoqué pour le mois de novembre. Finalement, les indicateurs sont plutôt encourageants. Et il se pourrait que la Nouvelle-Calédonie soit épargnée par une deuxième vague importante si les mesures continuent à être respectées.

 

Alors qu’il était à 177 le 31 octobre, le taux d’incidence cumulé sur sept jours est passé à 112 pour 100 000 habitants mercredi après être descendu en-dessous de la barre des 100 lundi, à 95. Pour l’instant, le territoire est préservé d’une deuxième vague. Une situation qui fait partie des trois scénarios qui étaient privilégiés. « L’un d’entre eux était médian, avec une sorte de plateau ou une descente douce, basé sur une augmentation relativement faible du taux de contamination, introduit Morgan Mangeas, directeur de recherche en mathématiques appliquées à l’Institut de recherche pour le développement et membre du comité d’experts Covid-19. Et visiblement, c’est ce qu’il se passe. »

Pourquoi ? Cela dépend de plusieurs paramètres, notamment le fait que, en Nouvelle-Calédonie, le mode de vie soit relativement protecteur, tourné sur l’extérieur, avec les gestes barrière et les mesures telles que la septaine qui permet de contrôler les arrivées. « Le taux de reproduction n’augmente pas suffisamment pour qu’on se retrouve avec un fort rebond du taux d’incidence. Cela signifie que les gens ne se contaminent pas beaucoup entre eux », indique Morgan Mangeas.

Confinement, vaccination, Pfizer et troisième dose

La poursuite du confinement et l’augmentation de la vaccination – plus de 61 % de la population totale et 71% de la population vaccinable ont un schéma vaccinal complet – ne sont pas étrangères à ces résultats. « En plus, à l’inverse d’autres pays comme Israël, l’Islande et la Métropole qui ont de bons taux de vaccination mais qui connaissent des rebonds, ici, on est tous vaccinés Pfizer, qui est le meilleur vaccin, et la troisième dose a rapidement été mise en place. » Et puis, la transmission du virus baisse en été, affaiblie par la chaleur et l’humidité.

Ce rebond est-il à craindre plus tard ou est-il possible d’y échapper ? Les perspectives sont bonnes, même si la prudence reste de mise, précise Morgan Mangeas. « Tous les pays qui ont à un moment cru qu’ils allaient contrôler l’épidémie ont connu un rebond une fois que les personnes ont recommencé à vivre normalement. »

Les deux aspects à surveiller particulièrement sont, d’une part, les conséquences sur l’hôpital et, d’autre part, le risque de voir l’incidence remonter. « C’est très possible que cela arrive, mais si elle a un impact limité sur le système hospitalier, cela est raisonnable. » Car l’hôpital, s’il n’est plus confronté à l’afflux de cas Covid, reste sous tension. « Il y a beaucoup d’autres malades qui s’y accumulent parce qu’ils ont été peu ou mal soignés pendant le confinement. » Une deuxième vague pourrait alors représenter un vrai problème pour le système de santé calédonien.

Le virus circule toujours

À quoi peut-on s’attendre ? Si un relâchement peut être envisagé, cela ne pourra se faire qu’à condition que les Calédoniens continuent de respecter les gestes barrière. « S’il y a un laisser-aller total, on sait que, progressivement, le virus va aller chercher les personnes non vaccinées et qu’il y aura une deuxième vague. »

D’autant que le taux d’incidence, à 112, reste significatif. « On est sur une circulation qui oscille entre active et à bas bruit, mais qui est vraiment présente. » Quel taux serait satisfaisant ? Il manque une étude sur la question, estime le mathématicien. « En Métropole, ils ont choisi 50. Je ne sais pas si c’est le seuil idéal pour nous, il faudrait essayer de comprendre à quoi cela correspond, ce qu’on met derrière ce seuil et ce qu’il signifie. » Pour Morgan Mangeas, les scientifiques pourraient se pencher dessus afin d’essayer de l’établir.

 

Anne-Claire Pophillat (©Archives DNC/C.M.)