Covid-19 : des précisions attendues ce jeudi

Alors que la Nouvelle-Calédonie reste exempte de cas locaux de coronavirus, mais recense quelques nouveaux cas importés, le président du gouvernement, Thierry Santa, doit s’exprimer sur la levée des dernières mesures de restriction internes au territoire. Les interrogations demeurent sur la stratégie à l’international…

Thierry Santa s’exprimera ce jeudi pour faire le point sur la situation alors que prendra fin, lundi 15 juin, l’arrêté relatif aux mesures prises pour lutter contre la propagation du virus en Nouvelle- Calédonie. Celui-ci, rappelons-le, imposait pour la reprise des activités économiques, sociales et de loisirs des règles de distanciation sociale et gestes barrières, l’identification des personnes ou le port du masque. Il imposait plus précisément un service avec des tables espacées pour les débits de boissons, les bars et nakamals, l’organisation de soirées festives avec une liste de participants et une limitation à 500 personnes, et enfin, l’interdiction des compétitions sportives.

La situation ayant peu évolué localement, il y a fort à parier que ces mesures internes (qui ne sont d’ailleurs pas toutes appliquées) seront totalement levées. Le plus compliqué restant notre stratégie aux frontières.

Quarantaines

La Nouvelle-Calédonie est restée 52 jours sans nouveau cas de Covid-19. Elle en compte désormais trois de plus, toujours des cas importés, ce qui porte à 21 le nombre total de personnes contaminées. Ils ont été détectés ces dernières semaines : le 28 mai, une personne rapatriée de Métropole en quatorzaine dans un hôtel, le 1er juin un gendarme confiné dans l’enceinte militaire de La Tontouta et finalement, le 9 juin, un autre gendarme qui figurait parmi les cas « contact » du premier.

L’arrivée de ces nouveaux cas illustre l’importance de continuer à tester les voyageurs et de maintenir une forme de quarantaine. Mercredi, selon les chiffres diffusés par le gouvernement, 7 477 tests avaient été effectués depuis le 18 mars et 496 personnes demeuraient confinées dans un hôtel. Un seul des derniers cas de Covid-19 était maintenu dans l’unité dédiée de l’hôpital que l’on peut quitter après deux tests négatifs à 48 heures d’intervalle.

2 302 personnes ont été rapatriées depuis le début de la crise et les rapatriements se poursuivent. Deux vols seront opérés vendredi et dimanche en provenance de Paris via Tokyo. Le gouvernement prévoit, on le sait, à l’issue de ce plan de rapatriement, de facturer les quarantaines aux voyageurs et aux entreprises. Demeure la question de la durée du confinement, du tarif appliqué et de l’opportunité éventuellement de prévoir un « dispositif spécifique » pour les experts qui se déplacent sur le territoire pour quelques jours et qui ne peuvent se permettre cette quarantaine. Il est également question de privatiser la gestion de l’organisation des quarantaines dans les hôtels pour la professionnaliser. Thierry Santa apportera peut-être des précisions sur ces points ce jeudi.

Ouverture sur Wallis-et-Futuna

On sait que la Nouvelle-Calédonie a choisi de maintenir ses restrictions aux frontières jusqu’au 31 juillet. Mais certaines mesures de prévention ont déjà été assouplies. On a appris, par exemple, par la préfecture de Wallis-et-Futuna, la suppression des mesures de quarantaine obligatoire entre les deux collectivités. Localement, un arrêté a été pris le 5 juin. Par ailleurs, au départ de La Tontouta, les vols Aircalin ont été autorisés à retrouver leurs capacités standard, définies par le transporteur.

Les mesures de distanciation étant maintenues pour les vols entrants. Dans la région, l’assouplissement se profile. La Polynésie française a annoncé la reprise des liaisons internationales avec l’Europe, les États-Unis, Hawaï et la Nouvelle-Calédonie sans quatorzaine à compter du 15 juillet, à la condition que ces pays l’acceptent. Il faudra se soumettre à un test 72 heures avant l’embarquement et des tests aléatoires seront réalisés quatre jours après l’arrivée. Jusqu’au 15 juillet, il faudra néanmoins appliquer une « septaine » à l’arrivée en Polynésie française et se soumettre à deux tests de dépistage au départ et à l’issue de cette septaine. Ce dispositif a été également été privilégié dans plusieurs départements d’outre-mer (lire plus bas).

La « bulle » de voyage trans-Tasman est également en formation. Les acteurs économiques pressent les autorités pour qu’elle puisse démarrer en juillet entre la Nouvelle-Zélande et l’Australie, mais les autorités les plus prudentes évoquent plutôt le mois de septembre. Si le Victoria et l’État de Canberra sont ouverts à cette « bulle », l’État du Queensland est encore récalcitrant.

La Papouasie Nouvelle-Guinée, les îles Salomon, la Polynésie française et la Nouvelle- Calédonie se sont officiellement montrée intéressées. Une telle opportunité permettrait de soutenir nos économies, nos îles étant fortement touchées par la fermeture des frontières internationales notamment en matière touristique. Là encore, les précisions du président du gouvernement sont attendues.


« Entraves aux libertés », selon la Fédom

Afin de favoriser la reprise de l’activité économique et permettre aux familles de se réunir, tout en tenant compte des situations épidémiologiques de chaque territoire, le gouvernement a décidé d’alléger les dispositifs sanitaires à l’entrée en Guadeloupe, Martinique, à Saint- Martin, Saint-Barthélemy et La Réunion. Depuis mardi, dans ces territoires, la quarantaine est réduite à sept jours. Les passagers doivent réaliser un test PCR dans les 72 heures précédant le vol, puis au terme de leur quarantaine. La Polynésie française a choisi la même option jusqu’au 15 juillet avant une levée complète.

Le 5 juin, la Fédération des entreprises d’outre-mer, s’était insurgée contre « les entraves aux libertés de déplacement » et « la différence de traitement » entre la France hexagonale, la Corse et l’outre- mer. La Fedom avait condamné « le manque de courage », « de solidarité » vis- à-vis notamment du secteur touristique et « un manque de lucidité sur la dévastation économique qui s’annonce ».


Prolongation des mesures de chômage partiel pour les plus impactés

Le Congrès devra statuer prochainement sur un projet de délibération du gouvernement qui vient prolonger, pour les entreprises en grande difficulté, les mesures de chômage partiel (84 % du salaire net) pour une durée de trois mois, du 1er juin au 31 août, avec la possibilité d’un renouvellement de trois mois supplémentaires. Le texte comprend également le report au 30 octobre des cotisations sociales dues au deuxième trimestre et au 30 septembre les paiements des cotisations et contributions prévisionnelles des travailleurs indépendants et patentés.

Un arrêté du gouvernement viendra préciser, d’ici dix jours, la liste des secteurs concernés (ceux qui sont le plus impactés comme l’aérien, les boutiques duty-free, les transporteurs touristiques, cinémas, discothèques…) La délibération doit être adoptée d’ici trois semaines. Pour l’instant, 9 900 personnes ont bénéficié de ce dispositif pour un montant total situé entre 800 millions et un milliard de francs contre plus de 13 milliards estimés au départ…


Une cellule dédiée au fret

Le gouvernement a créé une cellule de régulation du fret maritime et aérien. Il s’agit de mieux coordonner l’acheminement des marchandises, de prioriser les produits et d’éviter certaines pénuries. La cellule réunit l’ensemble des acteurs concernés (DAE, douanes, DAC, Dass, Aircalin, État, CCI, distributeurs, importateurs, transitaires).

Le gouvernement a établi une liste de huit catégories de produits par priorité pour l’embarquement. On trouve, en tête, les médicaments et dispositifs médicaux, le matériel et outillage d’un établissement sanitaire ou d’un opérateur stratégique, le fret « express », les denrées alimentaires périssables à température dirigée….


Un référentiel pour les masques locaux

Les autorités ont rédigé, avec le concours d’un laboratoire de contrôle qualité, un référentiel pour la production locale de masques en tissu. Il s’appuie sur une spécification Afnor complétée par les recommandations de la Dass. Il définit les qualités et les caractéristiques spécifiques de la confection ainsi que la procédure de demande d’agrément du fabricant.

C.M.

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