Contre les agressions sexuelles, « les mots ne suffisent plus »

Valentine Holle, ici en 2021, lors de la manifestation du collectif Femmes en colère, quelques jours après la révélation par Mediapart de la condamnation pour violences conjugales du colonel Steiger, alors numéro 1 de la gendarmerie en Nouvelle-Calédonie. (© Archives G.C.)

Les Femmes en colère manifesteront vendredi 22 septembre à 10 heures devant le Congrès, en réaction à l’agression sexuelle dénoncée par une hôtesse d’Aircalin, qui désigne l’élu Jean Creugnet. Pour le collectif, le pays a besoin de toute urgence d’une politique « volontariste ».

Une semaine après l’annonce de l’agression d’une hôtesse d’Aircalin, Valentine Holle ne décolère pas. « Ça suffit de prendre les femmes pour des objets ! Nous ne sommes pas des choses à disposition juste pour le plaisir des hommes. Il faut que ça s’arrête ! » Pour la représentante du collectif Femmes en colère, au-delà du comportement dénoncé par la victime, les faits soulèvent de nombreuses questions. « On a l’impression que certains sont au-dessus des lois. Un élu qui rentre complètement saoul dans l’avion, on l’accepte. Quelqu’un d’autre, on le refuse. Comment est-ce possible ? »

Puisque le devoir implicite d’exemplarité ne suffit pas toujours, Valentine Holle propose de l’explicite. « Chaque élu devrait signer une convention qui l’engage à ne pas s’alcooliser de cette façon. »

UNE LOI POUR FAIRE RECULER LES AGRESSEURS

Plusieurs responsables politiques ont pris la parole ces derniers jours pour s’insurger contre l’agression (lire par ailleurs). Mais les Femmes en colère ont toujours la désagréable sensation de « crier dans le désert ». Dans une lettre ouverte, elles interpellent l’État et les élus de Nouvelle-Calédonie. « Ne vous cachez plus derrière vos discours, les mots ne suffisent plus pour calmer notre colère devant les énièmes agressions physiques et morales que subissent les femmes dans la plus grande indifférence », dit le texte cosigné par Valentine Holle et Françoise Caillard, qui ont été reçues au haut-commissariat de la République lundi matin.

Les deux figures du collectif réclament un « débat pays » sur la question des violences faites aux femmes, qui doit aboutir à « une loi-cadre visant à réduire de façon multisectorielle les inégalités hommes-femmes, sources de domination et donc de violence », la loi sur l’égalité professionnelle réelle, votée le 4 mai au Congrès, étant jugée insuffisante. En attendant, le collectif manifestera devant le Congrès vendredi 22 septembre à 10 heures, et a bon espoir d’y être reçu.

 

♦ L’hôtesse a déposé plainte, Aircalin aussi
La compagnie aérienne indique avoir déposé une plainte pour agression sexuelle à l’encontre de Jean Creugnet, tout comme son hôtesse de l’air. « Nous avons pris nos responsabilités pour défendre notre salariée. Nous lui avons par ailleurs proposé un accompagnement psychologique », précise Marcel Üne, président du conseil d’administration d’Aircalin.
♦ L’UPM démet Jean Creugnet de ses fonctions
Victor Tutugoro l’a annoncé au micro de NC La 1ère samedi 16 septembre. Jean Creugnet n’est plus secrétaire général de l’UPM. Il a été retiré de son poste à « titre conservatoire, en attendant que les choses soient beaucoup plus claires ». Le premier secrétaire adjoint, Jean Gohé, assure l’intérim.
Le secrétariat général du Congrès a également enregistré, mercredi 20 septembre, la démission de Jean Creugnet de son mandat de troisième vice-président. Il est remplacé par le suivant de liste, Sylvain Pabouty.
♦ Sonia Backes et Générations NC condamnent les faits

« Ces faits gravissimes, s’ils sont avérés, doivent être poursuivis et sanctionnés avec la plus grande fermeté », a déclaré la présidente de la province Sud, Sonia Backes, qui « demande à Jean Creugnet, dans l’attente que toute la lumière soit faite sur cette regrettable affaire, de se mettre en retrait de toutes ses responsabilités politiques et institutionnelles ».

« Les femmes ne sont pas des objets et les élus ne sauraient être au-dessus des lois », a écrit Générations NC. Le parti mené par Nicolas Metzdorf et Nina Julié estime que l’agression « met une fois de plus en lumière la réalité alarmante des violences faites aux femmes en Nouvelle-Calédonie ».

♦ L’UC réagit

Dans un communiqué, l’UC indique que « sa commission exécutive élargie ne tolère aucun comportement public déviant des élus et personnalités en responsabilité et prendre en conséquence les mesures nécessaires ».

Gilles Caprais