Contraception : encore du chemin à faire

Alors que l’on vient de célébrer, mardi, la Journée mondiale de la contraception, que les débats autour de la pilule font rage, un quart des Calédoniens n’utilisent toujours pas de moyens contraceptifs et 30 % ne savent même pas pourquoi.

S elon le dernier Baromètre santé, l’âge médian du premier rapport sexuel estde16anset10moisetceluidela première grossesse est de 20 ans et 2 mois. Près d’un tiers des femmes ayant déjà eu des relations sexuelles a eu recours à une IVG (interruption volontaire de grossesse) et un quart de la population ayant des relations sexuelles et pouvant avoir un enfant n’utilise pas de moyen de contraception, dont 30 % qui ne savent pas pourquoi. Le Baromètre précise qu’en province des îles Loyauté, les personnes sont moins nombreuses à utiliser un moyen contraceptif que dans les deux autres provinces. Voilà en résumé les principaux chiffres de la santé sexuelle en Calédonie et qui précisent aussi que les moyens contraceptifs sont moins employés que dans les grands pays industrialisés. Le Centre de conseil familial explique : « Les contraceptifs ne sont pas autant utilisés qu’il le faudrait, c’est certain, les personnes préférant privilégier la méthode naturelle du retrait. Chez beaucoup de jeunes Mélanésiens et Océaniens, il faut cacher la pilule ou le préservatif. On ne parle pas contraception à la maison, en famille. » Et d’ajouter : « Beaucoup de parents interdisent d’avoir un rapport sexuel à leurs enfants tant qu’ils vivent sous leur toit, plutôt que de les informer sur les moyens de contraception et les risques qu’ils encourent s’il ne se protègent pas, IVG ou IST. »

La situation a pourtant évolué

Les enquêtes santé de l’Agence sanitaire et sociale ont relevé ces nombreuses années que les Calédoniens qui utilisent la contraception privilégient la pilule et le préservatif (27 % chacun), puis le stérilet (26 %) et l’implant (17 %). Le dernier Baromètre santé, de 2016, va plus loin en indiquant : « Chez les femmes, l’utilisation de la pilule comme moyen de contraception a reculé entre 2010 et 2015 au profit du préservatif et de l’implant. » Une tendance qui suit ce que l’on remarque ailleurs dans le monde, peut-être en raison des nombreuses affaires qui concernent la pilule.

Au-delà des moyens contraceptifs, la question de la contraception dans son ensemble a bien évolué ces dix dernières années, d’après les professionnels de santé, et plus particulièrement le port du préservatif et l’usage de la pilule, depuis que les campagnes de sensibilisation ont été mises en place par les institutions (VIH Sida, grossesse, IVG, IST…). Anthony Dumont, du Comité de promotion de la santé sexuelle, indiquait déjà dans nos colonnes : « Si pour les jeunes femmes le sujet de la contraception peut parfois être encore tabou, dorénavant les garçons se renseignent pour leurs copines, avant tout pour le risque de grossesse. »

Reste la question de la protection contre les IST, d’autant plus importante quand on sait qu’un jeune Calédonien sur quatre est porteur d’une infection sexuellement transmissible et que seulement 13 % des 18-60 ans ont fait un test du VIH au cours des douze derniers mois. Un comportement qui semble pourtant universel en observant les chiffres de la santé publique en Métropole indiquant que 73 % des jeunes ne se font pas systématiquement dépister en cas de changement de partenaire, que 15 % d’entre eux pensent qu’il est aujourd’hui possible de guérir du sida ou, enfin, que de plus en plus ont recours à la pilule du lendemain…


L’ENQUÊTE SUR LA PILULE AVORTEE

Après quatre ans d’enquête, le parquet de Paris a classé, mardi dernier, le dossier des pilules de 3e génération. Soupçonnant ces pilules de générer des troubles artériels et veineux, une enquête avait été ouverte il y a plus de quatre ans.
Le parquet concède, certes, l’existence de risques connus, mais l’enquête n’a pas permis « d’établir avec certitude l’existence d’un lien de causalité entre la prise du contraceptif et les pathologies présentées par les plaignantes ». Ces dernières mettent notamment en exergue des cas d’embolies pulmonaires, de phlébites voire, pour certaines d’entre elles, d’AVC.


MANQUE DE CONTRACEPTION, DES GROSSESSES NON DÉSIRÉES

L’IVG (interruption volontaire de grossesse) a été légalisé en 2000 en Calédonie et il y a 1 500 avortements par an connus. Le taux d’IVG est de 22 pour 1 000 femmes alors qu’il est de 14 pour 1 000 en Métropole. Sur 100 couples qui viennent au Centre de conseil familial pour une interruption de grossesse, 78 % n’utilisent aucun moyen de contraception. Par manque de contraception, au final, 53 % des grossesses en Calédonie ne sont pas voulues.


RAPPORTS SEXUELS

En Calédonie, la proportion d’adultes ayant déjà eu un rapport sexuel au cours de leur vie est restée stable entre 2010 (96 % des femmes et 97 % des hommes des 18-67 ans) et 2015 (95 % des 18- 60 ans). De même, l’âge moyen du premier rapport sexuel est, en 2015, de 17 ans et 2 mois pour les garçons et de 18 ans et 1 mois pour les filles et il était, en 2010, de 17 ans et 3 mois pour les garçons et 18 ans et 4 mois pour les filles.

C.SCH