Congrès du Parti travailliste : L’indépendance et rien d’autre

Une semaine après l’Union calédonienne et le Palika, c’était au tour du Parti travailliste de réunir son Congrès pour évoquer le Comité des signataires auquel il a refusé de participer et les grandes échéances à venir, à commencer par le référendum de sortie de l’Accord de Nouméa. Réélu à la présidence du mouvement, Louis Kotra Uregei n’a pas manqué l’occasion de faire entendre sa voix, tout autant en direction des partis loyalistes que des responsables du FLNKS.

Le message a le mérite d’être clair, il ne souffre d’aucune ambiguïté, le Parti travailliste, qui s’était effondré lors des dernières élections provinciales, entend bien peser sur les prochaines grandes échéances. À l’instar de l’Union calédonienne, son combat désormais, c’est celui du référendum, qualifié par Louis Kotra Uregei de « rendez-vous avec l’histoire ».

Faut-il comprendre alors que, comme d’autres, le Parti travailliste refuse d’envisager d’autre option que la victoire des indépendantistes en 2018 ? À cette question la réponse est, oui. L’outil de cette victoire annoncée, la clé qui doit permettre d’atteindre cet objectif, c’est, croit- on du côté de la Vallée-du-Tir, l’inscription automatique de tous les Kanak, quel que soit leur statut, sur la liste électorale référendaire. Le président Uregei fait de cette question un préalable et annonce d’ores et déjà que s’il n’obtient pas satisfaction sur ce point, il prônera non seulement le boycott du scrutin de 2018, mais qu’il sera fondé à en contester le résultat au motif que l’État, qualifié de colonial, s’est livré à une fraude électorale de grande ampleur pour priver le peuple colonisé de son droit légitime à l’autodétermination.
Le message ne vaut pas seulement pour l’État et les partis non indépendantistes, il vise aussi le FLNKS et plus particulièrement le Palika.

Le leader du Parti travailliste reproche en premier lieu au FLNKS de vouloir cadenasser la représentativité de la famille indépendantiste en refusant d’admettre en son sein d’autres mouvements que les quatre partis qui le composent aujourd’hui (UC-Palika-UPM-RDO). Or il faut reconnaitre que Louis Kotra Uregei possède une réelle légitimité pour tenir ce discours puisqu’il a été l’un des fondateurs historiques du FLNKS. Mais ces attaques sont plus particulièrement destinées, et ce n’est pas nouveau, à Paul Néaoutyine et à son entourage, à qui il est reproché de confisquer le pouvoir pour des motifs de convenance personnelle et d’intérêts et de ne plus représenter les aspirations profondes du peuple kanak.

C’est fort de ces déclarations qu’il faut considérer la montée en puissance du Rassemblement des indépendantistes et nationalistes (RIN) et envisager ce mouvement qui regroupe, outre le Parti travailliste, des militants venus de l’Union calédonienne ou de la Dynamique autochtone Sud, comme une réelle alternative au FLNKS. Cette radicalisation, si elle ne constitue pas une surprise à deux ans du terme de l’Accord de Nouméa, n’est toutefois pas faite pour venir apaiser les tensions qui agitent depuis quelques mois la société calédonienne.

Bien au contraire, elle entraîne un durcissement du rapport de force entre indépendantistes et non-indépendantistes mais aussi directement dans les rangs des partisans de l’indépendance avec pour corolaire la montée d’une violence déjà sous-jacente mais surtout l’enfermement d’une partie non négligeable de la population calédonienne dans une impasse dangereuse. Donner à croire que la seule sortie envisageable de l’Accord de Nouméa c’est l’accession du pays à la pleine souveraineté, c’est non seulement trahir l’esprit de l’Accord, c’est aussi recréer les conditions qui ont conduit au déclenchement des « évènements » des années 80.

C.V.