Clément Leroux : « La pierre angulaire de notre sport, c’est l’arbitrage. »

Alors que la compétition reprend ce week-end, à Auteuil, avec la Fight Shop Cup, le président de la Ligue calédonienne de karaté, élu en début d’année, a dû faire face à la crise sanitaire avant de pouvoir se lancer pleinement dans sa mandature.

DNC : Pourquoi cette reprise si tardive des compétitions, alors que toutes les disciplines ou presque ont retrouvé un rythme normal ?

Clément Leroux : Je me suis dit qu’il fallait d’abord qu’on se restructure avant de reprendre. Même la compétition qui arrive a surtout pour objectif d’être dans la continuité du travail qu’on a effectué durant cette pose forcée.

Quel était l’enjeu de cette période de repos ?

La pierre angulaire de tout, c’est l’arbitrage. Sans officiel, il n’y a pas de compétition, et le karaté demande beaucoup de monde (lire par ailleurs). Si on n’arrive pas à avoir un bon vivier d’arbitres, on aura des difficultés. Donc la première chose, c’était de donner envie aux licenciés de devenir arbitres. Cela passe notamment par la revalorisation du rôle. Par exemple, on reproche souvent une défaite à l’arbitre, on l’a tous fait. Il faut supprimer cette idée et cela passe par la pédagogie. J’aimerais, par exemple, rapidement mettre en place un trophée du meilleur jeune arbitre à chaque compétition.

Et pour les plus âgés ?

On va proposer le « pacte des seniors ». On sait que la fin d’une carrière pour un combattant peut être brutale, alors il s’agit de maintenir sa motivation intacte. On proposera aux meilleurs des déplacements pour des événements comme l’Open de Dubaï. Cela veut dire que même si seuls quelques-uns profitent vraiment du déplacement, il faudra les entraîner, il faudra des partenaires d’entraînement, des coachs. Il faudra donc faire en sorte qu’une médaille devienne une récompense collective. Dans le cadre de ce pacte, on a mis en place des formations d’instructeur durant cette période où les voyages étaient impossibles pour une trentaine de lauréats.

Mais pas pour former des arbitres ?

Beaucoup veulent, en effet, devenir coachs. C’est plus sexy pour un senior en fin de carrière que d’être arbitre. Mais ma volonté, qui fait grincer des dents, c’est que désormais pour être coach, en plus d’être majeur et premier dan, il faudra être juge départemental et en plus, pour coacher un club, il faudra que la structure en fournisse quelques-uns dans le corps arbitral.

Vous annoncez aussi la création d’un Open international…

Au début, je voulais modifier la formule de la Pacific Cup (compétition qui regroupe les meilleurs jeunes de la région, NDLR) pour y intégrer les seniors. Mais cela aurait été une erreur, car la formule fonctionne très bien avec un training camp, rémunérateur pour la ligue. Cela fait partie de l’héritage de la mandature précédente, au même titre que le pôle espoirs, qu’il ne faut pas toucher. D’où l’idée d’un Open international de Nouméa pour les seniors. Cela créera une échéance de plus et une motivation supplémentaire pour nos karatékas. Mon but, c’est clairement de m’inspirer des Internationaux de tennis, avec une compétition qui servirait de préparation pour une grosse compétition internationale, comme l’Open du Japon. Pour l’instant, nous n’avons pas de date fixe de la première édition, mais j’aimerais qu’elle se déroule avant la fin de la mandature en 2024.

L’un des grands chantiers, c’est la tentative de qualification de Minh Dack aux JO. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Avant le report des Jeux olympiques, la Fédération française de karaté ne l’avait pas retenu pour le tournoi de qualification olympique en kata. Mais on a une double chance pour lui à nouveau. D’une part, parce que la Covid est passée par là, et qu’il a donc un an de plus pour se préparer, mais aussi parce que le karaté ne sera finalement pas aux JO de Paris en 2024. Donc la philosophie de la FFK, qui était de préparer un jeune karatéka pour 2024, tombe à l’eau. À Tokyo, il n’y a plus de question à se poser, il faut envoyer le meilleur, et le meilleur aujourd’hui, c’est Minh. À nous de le prouver désormais.


Un président tout neuf

À 46 ans, Clément Leroux est un novice dans les instances sportives de sa discipline. Élu en février dernier pour succéder à Nicolas Vignoles, l’ancien instructeur du club de Ouémo reste, en revanche, un combattant confirmé, puisqu’il a commencé le karaté à l’âge de 11 ans. Parti ensuite en Métropole pour y suivre des études de pharmacie, il met le karaté de côté quelque temps pour d’autres arts martiaux, mais il retrouve ses premières amours dès son retour en Nouvelle- Calédonie. Clément Leroux se considère comme « plus que fédéral », puisqu’il a connu un club hors des clous de la ligue en étant plus jeune. « Ma première ceinture noire, par exemple, n’était pas valide à cause de timbres de licence manquants. Pour la FFK, je n’étais pas ceinture noire 2e dan, mais seulement ceinture marron. En fait, ce sont les jeunes combattants qui payent dans ces cas de session avec la FFK. »


Arbitres, juge et officiels

Autour des deux karatékas durant un combat, il y a du monde. Dans le meilleur des cas, on compte huit officiels. Un juge aux quatre coins du tatami pour les pénalités et un arbitre au centre pour gérer le match. À eux s’ajoute un deuxième arbitre qui aide son homologue au centre, qui ne peut pas forcément voir dans les angles morts. Puis, deux personnes sont à la table des scores pour enregistrer officiellement les résultats. On peut aussi compter les deux coachs qui s’occupent des deux combattants. Autant de volontaires sans qui un tournoi ne pourrait pas avoir lieu. On comprend ainsi l’enjeu de trouver et de fidéliser des bénévoles pour le karaté, mais également dans le sport en général.

A.B.